SuitX, une entreprise spécialisée en génie mécanique d’exosquelette, veut bouleverser le monde de l’assistance aux personnes handicapées. Après une décennie de recherche, le laboratoire a dévoilé le projet Phoenix qui a déjà permis de refaire marcher son premier testeur paraplégique.
L’exosquelette, de la défense au domaine médical
Homayoon Kazerooni, professeur et fondateur de SuitX, a entrepris en 2000 la création d’un exosquelette. Le projet, financé par le département de la Défense américaine, est destiné à la création d’exosquelettes à usage militaire. A terme, ces appareils devraient aider aux transports de charges lourdes. L’équipe de recherche californienne a rapidement réalisé l’utilité de ces dispositifs pour les personnes à mobilité réduite.
C’est en 2011 que le premier exosquelette médical a été présenté au public. Le premier prototype avait alors permis à Austin Whitney, paraplégique à la suite d’un accident de la route, de marcher à l’occasion de l’obtention de son diplôme. A la suite de cet évènement, le projet « Austin » était lancé pour la création d’un exosquelette approprié aux besoins médicaux.
Une marche à 1,8 km/h, un poids de 12 kg, une autonomie de 8 heures
L’objectif de Kazerooni est clair : créer un exosquelette fiable, adapté aux usages quotidiens, et à un prix abordable. Le squelette en fibre de carbone est ajustable pour supporter des tailles et poids variés. L’accoutrement contient des petits moteurs qui génèrent les mouvements au niveau des genoux et des hanches, contrôlés par le porteur grâce à des commandes intégrées aux béquilles. Les batteries sont simplement placées dans un sac à dos.
Le laboratoire a annoncé un premier prix à 36 000 €. Une somme inabordable, mais presque deux fois moins cher que la concurrence. On imagine aisément qu’à quelques milliers d’euros il constituera une alternative de choix aux fauteuils roulants motorisés.
Peut-être un basculement pour les paraplégiques
Avant de devenir un dispositif médical plausible, le prototype aura encore besoin d’améliorations. Pour l’instant, le Phoenix nécessite trop d’entretien, est trop cher, et a une facilité d’utilisation limitée. Volker Bartenbach, chercheur Zurichois, assure que « si vous avez besoin de 10 minutes de marche pour aller à la boulangerie du coin avec un exosquelette qui prend cinq minutes à enfiler, vous utiliserez probablement le fauteuil roulant ».
D’un point de vue médical, l’exosquelette Phoenix est une réelle avancée. Son principal testeur, Steven Sanchez, y voit un moyen de soulager son corps. Se porter debout est un exercice indispensable auquel doivent s’adonner les paraplégiques pour prévenir les ulcères, angiodermites ou encore l’ostéoporose. Aussi, l’utilisation répétée des béquilles peut entraîner des lésions palmaires et brachiales très douloureuses. Pour le jeune paraplégique, il était question de désensibiliser les nerfs de ses mains pour passer plus de temps à soutenir le poids de son corps.
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Hadrien V. Pharmacien
Sources
Signe Brewster. « This $40,000 Robotic Exoskeleton Lets the Paralyzed Walk ». MIT Technology Review. Consulté le 08/02/16
A new-generation exoskeleton helps the paralyzed to walk. ScienceDaily. Consulté le 08/02/16