Prix Nobel de médecine 2025 : le système immunitaire mis à l’honneur
Les chercheurs japonais Shimon Sakaguchi et américains Mary Brunkow et Fred Ramsdell ont reçu le prix Nobel de médecine pour leur découverte des lymphocytes T régulateurs (Treg), des cellules du système immunitaire qui protègent notamment l’organisme contre les maladies auto-immunes. Eclairage.

Le profil des lauréats
Ce 6 octobre, le Prix Nobel de physiologie et médecine 2025 a été décerné à Mary Brunkow, Fred Ramsdell et Shimon Sakaguchi, pour leur découverte du mécanisme de tolérance immunitaire périphérique.
Mary E. Brunkow est née en 1961, elle est affiliée actuellement à l’Institut de biologie des systèmes, Seattle, Washington, États-Unis.
Frederick J. Ramsdell est né en 1960 dans l’Illinois et il travaille actuellement en tant que conseiller scientifique pour Sonoma Biotherapeutics à San Francisco, en Californie.
Shimon Sakaguchi, âgé de 74 ans est professeur honoraire à l’université d’Osaka au Japon.
Découverte de la tolérance immunitaire périphérique
Le système immunitaire protège l’organisme contre les agents pathogènes (les virus et les bactéries par exemple) et cellules cancéreuses, mais il doit aussi éviter d’attaquer ses propres tissus.
Jusqu’aux années 1990, on pensait que la régulation du système de défense de l’organisme reposait uniquement sur un mécanisme appelé tolérance immunitaire centrale, situé dans le thymus. A ce niveau, lorsque les lymphocytes T mûrissent, ils subissent un test qui élimine ceux qui reconnaissent les protéines endogènes de l’organisme. Ainsi, dans cet organe, situé dans la partie supérieure du thorax, les lymphocytes T autoréactifs, autrement dit les lymphocytes T qui s’attaqueraient à l’organisme lui-même, sont éliminés.
Les trois chercheurs lauréats de cette édition 2025 des prix Nobel ont mis en évidence un second niveau de contrôle, opéré en dehors du thymus : la tolérance immunitaire périphérique.
Les lymphocytes T régulateurs ou T reg, découverts d’ailleurs en 1995 par Shimon Sakaguchi, inhibent partiellement les réponses immunitaires après une attaque microbienne et préviennent les maladies auto-immunes.
En 2001, Mary Brunkow et Fred Ramsdell, travaillant Celltech Chiroscience (entreprise de biotechnologie) sur la compréhension des maladies auto-immunes, ont découvert un gène, FOXP3 qui, une fois muté, est associé à un risque de maladie auto-immune chez la souris et chez l’homme (syndrome IPEX, maladie rare auto-immune). En 2003, Shimon Sakaguchi montrait que ce gène FOXP3 contrôle le développement des T reg.
La découverte de ce système immunitaire qui empêche d’endommager l’organisme a jeté les bases d’un nouveau domaine de recherche et stimulé le développement de nouveaux traitements évalués actuellement dans le cadre d’essais cliniques.
Les applications thérapeutiques de cette découverte des T reg
Les connaissances fondamentales acquises par les chercheurs grâce à la découverte des lymphocytes T reg et à leur importance pour la tolérance immunitaire périphérique ont stimulé le développement de nouveaux traitements médicaux potentiels.
En cancérologie, on sait que les tumeurs détournent parfois les T reg pour pouvoir poursuivre leur croissance. Les chercheurs tentent de trouver des moyens de démanteler cette barrière de T reg afin que le système immunitaire puisse accéder aux tumeurs et détruire les cellules cancéreuses.
Dans le domaine des maladies auto-immunes, les chercheurs tentent plutôt de favoriser la formation et l’activité des T reg pour diminuer l’attaque du système immunitaire contre les tissus sains de l’organisme. Des recherches sont donc menées dans le cadre du diabète de type 1 ou de la sclérose en plaques. Dans le cadre d’études pilotes, ils administrent aux patients des interleukine-2, une molécule qui stimule la prolifération des T reg.
Dans le cadre de la prévention de rejet après une transplantation, la tolérance immunitaire du receveur peut être améliorée. Les chercheurs étudient la possibilité d’utiliser l’interleukine-2 pour prévenir le rejet d’organes après une transplantation. Il est aussi possible d’isoler les T reg d’un patient transplanté, les multiplier en laboratoire puis les réinjecter au patient. Dans certains cas, les chercheurs modifient également les T Reg en les dotant « d’anticorps d’adressage » qui vont leur permettre de se diriger vers l’organe transplanté et le protéger ainsi du système immunitaire qui s’attaque à l’organe transplanté car identifié, comme étranger.
Grâce à leurs découvertes révolutionnaires, Mary Brunkow, Fred Ramsdell et Shimon Sakaguchi ont apporté des connaissances fondamentales sur la régulation et le contrôle du système immunitaire.
– They understood how the immune system is kept in check. Nobelprize.org. . www.nobelprize.org. Consulté le 14 octobre 2025.
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