Progression inquiétante de l’infarctus chez les jeunes femmes

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Rédigé par Hadrien V. et publié le 8 mars 2016

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Le dernier Bulletin Épidémiologique Hebdomadaire (BEH) lance l’alerte : les femmes sont de plus en plus affectées par l’infarctus du myocarde. Le rapport montre une hausse des hospitalisations de presque 5% par an depuis 2009 chez les femmes de 45 à 54 ans. 

30 ans de bouleversements sociétaux

Les maladies cardio-vasculaires sont aujourd’hui la première cause de mortalité chez les femmes. Même si la mortalité globale baisse depuis 10 ans, nous assistons à un regain brutal des hospitalisations pour pathologies cardio-vasculaires chez la femme. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2015, 25% des accidents cardiaques avaient lieu avant 65 ans, contre 15% en 2002. (1) Une hausse inquiétante principalement due aux habitudes de vie.

Les comportements à risque des femmes sont de plus en plus calqués sur ceux des hommes. Parmi eux on retrouve le tabagisme, la consommation d’alcool, les mauvais comportements alimentaires, la prise de poids, le manque d’exercice physique et la sédentarité. Le Bulletin souligne la persistance de fausses-idées selon lesquelles les hormones féminines protègent des maladies cardiaques.

Pour ce qui est du tabac, le constat est affligeant. 25% des femmes fument quotidiennement et 75% des jeunes femmes hospitalisées pour un infarctus du myocarde sont fumeuses. Pour une bonne partie de ces patientes, le tabac est le seul facteur de risque. Rappelons-le, la prise de contraceptifs contenant des œstrogènes de synthèse associée au tabagisme multiplie le risque d’infarctus du myocarde par 30.

Infarctus : des signes cliniques différents

L’infarctus du myocarde présente des particularités physiopathologiques différentes chez la femme. On parle classiquement d’une douleur dans la poitrine irradiante dans le bras gauche, mais moins des signes cliniques atypiques. Or, 40% des femmes victimes d’un infarctus du myocarde ont présenté des symptômes atypiques (douleurs au niveau de l’estomac, nausées, vomissements, fatigue brutale, sueurs).

Pour en savoir plus : Le cœur – anatomie, rythme, circulation sanguine

Pour preuve, le rapport signale que la prise en charge des femmes victimes d’un accident cardiaque est moins bonne que chez les hommes. Le délai d’appel aux urgences médicales serait plus long, les prescriptions de traitements médicamenteux moins courantes, et le recours à la réadaptation post-hospitalisation moins fréquent.

La prévention est absente

L’évolution des comportements à risque des femmes montre d’une part une absence des autorités sanitaires sur le terrain de la prévention, et d’autre part une méconnaissance du phénomène épidémiologique par le grand public.

Aux Etats-Unis, le même constat a conduit l’American Heart Association (AHA) à formuler en 2004 le programme « Go Red for Women », dont le but était de pousser les pouvoirs publics à engager des campagnes de prévention.

De la même manière, le Bulletin recommande aux autorités l’instauration de « larges campagnes répétées d’information et de prévention ». Un colloque organisé par l’InVS (Institut de Veille Sanitaire) aura lieu le jeudi 10 mars pour établir un état des lieux de la santé cardio-vasculaire des femmes ainsi que les stratégies préventives et thérapeutiques à instaurer. (2) Pour l’Institut, le message doit être communiqué à tous les acteurs de la santé pour les inciter à s’emparer de l’enjeu de santé publique. Aussi, ces actions devraient souligner l’importance de l’hygiène de vie dès les premières années de scolarisation.

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Hadrien V. Pharmacien


Sources
Claire Mounier-Vehier. « Santé cardiovasculaire des femmes : il faut œuvrer ensemble pour une prévention féminine individualisée ». BEH. 08/03/16
1. Anne Prigent. « L’infarctus en progression chez les jeunes femmes ». Le Figaro. 07/03/16
2. « Colloque « Les femmes au coeur du risque cardiovasculaire » ». InVS. 26/02/16