Qualité de l’air dans les logements : que met en évidence le dernier rapport ?
Vingt ans après la première campagne, l’Observatoire de la qualité des environnements intérieurs (OQEI), et l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail (Anses) publient les premiers résultats de la deuxième Campagne Nationale Logements (CNL2) réalisée entre 2020 et 2023. Revenons sur ces données plutôt rassurantes.

Protocole de l’étude
La CNL2 succède à la 1ère Campagne Nationale Logements (CNL1) réalisée entre 2003 et 2005. Elle associe mesures de qualité de l’air au domicile des participants et une enquête sur les caractéristiques des logements ainsi qu’un descriptif des activités domestiques (travaux, ménage, cuisine, tabagisme…) et aussi, la perception du confort par les occupants.
Menée dans 571 maisons individuelles et appartements répartis dans toute la France (84 départements), cette méthodologie permet d’extrapoler les résultats à l’échelle du parc de 30 millions de résidences principales dans l’Hexagone.
Plus de 170 polluants et paramètres ont été mesurés dont :
- Les COV (composés organiques volatils) et COSV ((composés organiques semi-volatils) ;
- Les particules fines PM 2,5 ;
- Le radon et les pesticides ;
- La CO2, la température et l’humidité.
Une qualité de l’air améliorée, des efforts à poursuivre
Ces premiers résultats montrent une ne amélioration globale de la qualité de l’air intérieur depuis ces vingt dernières années dans les logements. Avec notamment une baisse des concentrations en COV, aldéhydes et particules dans l’air.
Les résultats mettent en évidence une baisse de :
- Plus de 80 %, pour les COV chlorés souvent utilisés comme solvants ou désinfectants dans de nombreux produits de bricolage, industriels ou domestiques ;
- 30% à plus de 80% pour l’ensemble des autres COV ;
- 28 % pour le formaldéhyde (présent dans les émissions de produits de bois) ;
- 33 % pour les particules fines (PM2,5, associés au tabagisme, au trafic routier et aux autres activités de combustion) ;
- 47 % pour le benzène (trafic routier et activités de combustion).
Cependant les efforts doivent être poursuivis puisqu’une partie des logements affichent aussi des concentrations supérieures à des valeurs seuils pour la protection de la santé.
Ainsi, les particules fines, dépassant l’objectif cible de 10 μg/m3 dans plus de 70 % des logements, le radon, dépassant la valeur réglementaire de 300 Bq/m3 dans près de 8 % des logements et le CO2 dépassant la valeur guide journalière de 25 μg/m3 dans près de 3 % des logements. Aussi, le formaldéhyde et le benzène dépasser les valeurs guides journalières respectivement dans 6% et 1,4% des logements.
Comme le rappelle l’ANSES : « les concentrations mesurées dans l’air intérieur appellent à maintenir la vigilance, voire à renforcer les efforts pour limiter les émissions de polluants associés à des effets cancérogènes comme le benzène, le tétrachloroéthylène et le benzo(a)pyrène (issu du trafic routier et d’activités de combustion). Pour ces polluants, leur simple présence est source de préoccupation ».
Avant d’ajouter : « Faute de valeurs de référence pour de nombreuses substances, les mesures d’exposition ne peuvent pas encore être interprétées en matière de risque sanitaire. La largeur du spectre des substances mesurées par la CNL2 permet aussi de mieux connaître l’exposome chimique, combinaison des différentes expositions et de leurs effets sur la santé. Il faut approfondir la réflexion et réviser l’évaluation de l’impact sanitaire et socio-économique de la pollution de l’air intérieur. ».
Prochainement, des états des lieux sont prévus pour faire le point notamment sur la qualité de la ventilation des logements, l’identification des facteurs expliquant les niveaux de concentrations des polluants dans les logements et les problèmes d’humidité et de moisissures.
L’Anses a financé par ailleurs des mesures spécifiques aux pesticides dans l’air intérieur et dans les poussières, dont les résultats seront publiés au second semestre 2025.
Comment agir à son niveau pour augmenter la qualité de l’air de son logement ?
Les pathologies respiratoires et cutanées sont les principales affections en lien avec une mauvaise qualité d’air intérieur.
Afin de limiter ces impacts sanitaires liés à la pollution de l’air intérieur, des mesures et des « bonnes pratiques » sont recommandées.
Il s’agit par exemple à titre individuel de :
- Procéder à une aération quotidienne de l’habitat, au moins 10 minutes par jour, hiver comme été ;
- Aérer davantage quand vous bricolez, faite le ménage ou lorsque vous vous lavez ;
- Ne pas fumer à l’intérieur des locaux ;
- Etendre votre linge à l’extérieur si possible ou dans une pièce aérée ;
- Ne pas gêner le fonctionnement des systèmes d’aération et entretenez les régulièrement ;
- Faites vérifier les appareils de combustion avant le début de l’hiver ;
- Aérer la literie chaque jour afin de limiter la prolifération des acariens ;
- Bien ventiler la pièce après l’usage d’un désodorisant non combustible (sprays, diffuseurs) ;
- Vérifier les modalités d’utilisation des produits d’entretien, avant leur utilisation ;
- Utiliser les produits d’entretien de manière raisonnée et aérer la pièce après leur utilisation ;
- Identifier et supprimer les sources d’humidité pour éviter la prolifération des moisissures.
Cet article vous a-t-il été utile ?