Quelles sont les substances nocives cachées dans nos vêtements ?
Depuis quelques années, beaucoup d’entre nous s’interrogent sur les dangers sanitaires de toutes les substances chimiques nous entourant, y compris celles rentrant dans la composition de nos vêtements. Quelles sont ces molécules à risque retrouvées dans les textiles d’habillement ? Et, surtout, comment pouvons-nous diminuer notre niveau d’exposition ?

Les perturbateurs endocriniens
Des substances comme les phtalates et les PFAS sont des perturbateurs endocriniens potentiels. Ils peuvent altérer la fonction hormonale, la croissance et la fertilité.
Dans les vêtements, les phtalates sont le plus souvent retrouvés dans les dessins, les inscriptions collées sur le tissu. Ils sont aussi utilisés pour assouplir les plastiques comme le polyester.
Autre perturbateur endocrinien : les nonylphénols issus des alkylphénols, ils sont reconnus comme toxiques, bioaccumulables et relativement persistants. On les retrouve dans les procédés de nettoyage et la teinture. De nombreuses études ont démontré le fort potentiel toxicologique de ces substances sur le système endocrinien. Même si certaines marques ont annoncé leur exclusion dans la fabrication de leurs vêtements, tous les industriels ne jouent pas le jeu.
Vous aimez les vêtements infroissables, antitaches et imperméables ? Ces propriétés, nous facilitant, il est vrai, le quotidien, sont rendues possibles grâce aux composés perfluorés ou PFAS. Des molécules impactant fortement le système endocrinien, autant chez l’adulte que chez l’enfant ou le fœtus.
Aussi, pour éviter le risque d’incendie, les tissus sont souvent imprégnés de retardateurs de flamme le plus souvent à base de brome. En plus d’être reconnus comme perturbateurs endocriniens, ces composés ont un impact sur les hormones thyroïdiennes impliquées notamment au développement du système nerveux pendant la vie intra-utérine.
Formaldéhyde, colorants et nanoparticules
Le formaldéhyde est un composé organique volatil souvent présent dans les vêtements synthétiques ; il permet aux tissus d’être infroissables, plus résistants et hydrofuges. Cependant il s’agit d’un composé gazeux nocif pour la santé. Très volatil, il peut facilement entrer en contact avec les yeux ou le nez et provoquer des irritations. Sur le long terme, le formaldéhyde augmente le risque de développer des pathologies asthmatiques, des sensibilisations allergiques et certains cancers, notamment de la peau et des voies respiratoires.
Il est également irritant pour la peau et peut alors déclencher des réactions allergiques, eczéma et dermites de contact.
Les vêtements contiennent de nombreux colorants pouvant provoquer des réactions cutanées allergiques (éruptions, démangeaisons, irritations) et des altérations des fonctions hépatiques et rénales. Les colorants azoïques sont particulièrement dangereux ; la règlementation européenne les a d’ailleurs interdits en 2002. Néanmoins, ces colorants continuent d’être régulièrement utilisés dans la fabrication de vêtements dans de nombreux pays.
Les nanoparticules rentrent parfois aussi dans la composition des vêtements, et notamment dans les tenues des sportifs. Des nanoparticules d’argent peuvent être intégrées aux fibres de tee- short ou chaussettes pour leur conférer des propriétés bactéricides et anti-transpirantes.
Comment diminuer son exposition chimique liée aux vêtements ?
Il existe plusieurs recommandations pour éviter, dès que possible, son exposition aux produits chimiques.
- Soyez si possible vigilant face à l’origine des produits : les textiles provenant de certains pays sont moins réglementés en termes de substances chimiques ;
- Privilégiez les fibres naturelles avec des labels écologiques « sans solvants » ;
- Après l’achat d’un article neuf, lavez-le impérativement en respectant les instructions de lavage préconisées par le fabricant.
- Misez sur les matières naturelles : coton biologique blanc, lin et laine sont des matières plus sûres car non soumis à des traitements chimiques sophistiqués ;
- Évitez les textiles « infroissables », « hydrofuges » ou ayant des traitements spécifiques (motifs en plastiques) car c’est souvent synonyme de présence de formaldéhyde ;
- Optez pour des vêtements portant les certifications GOTS, Oeko-Tex ou Bluesign, qui garantissent une fabrication limitant les substances chimiques ;
- Le label « Global Organic Textil Standard » vérifie quant à lui l’absence de phtalates ;
En Europe, la réglementation REACH (« Registration, Evaluation and Authorisation of Chemicals », soit « enregistrement, évaluation et autorisation des substances chimiques ») encadre l’utilisation des substances chimiques et interdit les substances les plus dangereuses.
La restriction concerne des substances appartenant aux groupes suivants : cadmium, chrome, arsenic et composés du plomb, benzène et hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et chlorés, formaldéhyde, phtalates, solvants polaires aprotiques, colorants azoïques et acrylamines et quinoline. Une liste complète des substances faisant l’objet d’une restriction et de leurs limites de concentration est disponible dans le règlement.
Les consommateurs peuvent aussi s’informer avant d’acheter. Grâce à l’application Scan4Chem, scanner le code-barres et interroger les marques sur la présence de substances extrêmement préoccupantes (SVHC pour Substances of Very High Concern) des produits, dont les vêtements.
Des applications à télécharger sur son téléphone portable permettent aussi de mesurer l’impact environnemental et social des vêtements comme l’application Clear Fashion.
Finalement, prendre soin de soi c’est aussi prendre soin de ses vêtements ! Avec les recommandations des autorités sanitaires, les labels et les applications, il est possible de se préserver, autant que possible, de ces substances chimiques nocives.
– SCAN4CHEM : comment ça marche ?. www.ineris.fr. Consulté le 21 novembre 2025.
– Les vêtements : quand les toxiques se cachent – la synthèse de l'ASEF. www.asef-asso.fr. Consulté le 21 novembre 2025.
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