Questions autour du dépistage du cancer de la prostate

Actualités Cancer

Rédigé par Deborah L. et publié le 4 octobre 2023

S’il est un sujet qui agite la communauté scientifique, c’est bien celui du dépistage du cancer de la prostate. Bien qu’il soit communément admis qu’un dépistage de masse ne s’avère pas utile pour ce cancer, la question de l’intérêt d’un diagnostic précoce individuel n’est toujours pas tranchée. L’association française d’urologie préconise un dépistage à partir de 45 ans pour les patients à risque et après 50 ans pour le reste de la population. On fait le point.

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Dépistage organisé du cancer de la prostate : un bénéfice non démontré

Le cancer de la prostate désigne une pathologie affectant la prostate, une glande sexuelle masculine appartenant aux organes génitaux de l’homme. Représentant 25 % des cancers masculins, cette maladie reste rare avant 50 ans mais sa fréquence augmente avec l’âge. Son pronostic est très favorable, avec une survie de plus de 90 % à 5 ans.

Du fait que le cancer de la prostate est asymptomatique aux premiers stades de la maladie et que son évolution est généralement lente, seul un dépistage permettrait de diagnostiquer cette maladie. Mais à ce jour, le bénéfice d’un tel dépistage au sein de la population générale n’est pas clairement démontré. En effet, il n’est pas certain qu’il permette d’éviter des décès liés au cancer de la prostate. C’est pourquoi les autorités sanitaires françaises ne recommandent pas le dépistage organisé du cancer de la prostate dans la population générale, même pour les groupes d’hommes les plus à risque (hommes avec antécédents familiaux, hommes d’origine afro-antillaise ou hommes subissant une exposition professionnelle à des pesticides).

De l’intérêt d’un diagnostic précoce pour l’association française d’urologie

Quant à la question de l’intérêt d’un diagnostic précoce individuel, elle n’est toujours pas tranchée. L’association française d’urologie (AFU) encourage quant à elle au diagnostic précoce et préconise :

  • Un dépistage à partir de 45 ans pour les patients à risque.
  • Un dépistage entre 50 et 70 ans chez les hommes ayant une espérance de vie de plus de dix ans.

Ce dépistage peut se réaliser à travers deux examens :

  • Le toucher rectal : il consiste à introduire un doigt ganté dans le rectum et permet au médecin de vérifier le volume, la consistance et la texture de la surface de la prostate. Bien qu’inconfortable, cet examen n’est pas douloureux.
  • Le dosage du PSA (antigène prostatique spécifique) : il consiste en une prise de sang permettant de mesurer le taux de PSA sanguin (une protéine produite par la prostate et présente normalement en faible quantité dans le sang).

À savoir ! Des précautions sont à prendre avant de réaliser un dosage de PSA. Il faut en effet éviter de le réaliser dans les jours suivant un rapport sexuel, un toucher rectal ou une activité physique comme le vélo qui risquent d’augmenter le taux de PSA.

Cependant, il faut savoir que ces deux examens ne sont pas suffisamment fiables en tant que tests de dépistage. Un toucher rectal peut en effet être normal mais vu que cet examen détecte uniquement les tumeurs palpables, il n’exclut pas la présence éventuelle d’un cancer. Par ailleurs, un taux élevé de PSA dans le sang n’est pas toujours lié à la présence d’une tumeur prostatique et peut être causé par d’autres maladies comme une hypertrophie bénigne de la prostate, une infection urinaire ou une cystite aiguë. Dans ce cas, il conviendra de réaliser des examens complémentaires, comme une échographie, un scanner voire une biopsie. Pour l’Association nationale des malades du cancer de la prostate (Anamacap), un taux modérément élevé de PSA sanguin (entre 4 et 10 ng/ml) doit faire l’objet d’une interprétation prudente et il vaudra mieux réitérer le dosage en raison de la fréquence des variations individuelles.

Dépistage du cancer de la prostate : une démarche qui peut être volontaire

Enfin, certains hommes peuvent souhaiter un dépistage du cancer de la prostate ou se le voir proposer par leur médecin traitant. Les candidats au dépistage volontaire devront au préalable discuter avec leur praticien des avantages et des inconvénients d’un tel dépistage.

S’agissant des avantages, le dépistage du cancer de la prostate permet de rassurer le patient si les résultats médicaux s’avèrent normaux. Un taux de PSA faible signifie en effet dans 90% des cas qu’il n’y a pas de cancer de la prostate. Si le taux de PSA sanguin est élevé et détecté à un stade précoce (avant l’apparition d’éventuels symptômes), le cancer peut être potentiellement curable.

Quant aux inconvénients du dépistage du cancer de la prostate, il peut s’agir de résultats médicaux faussement normaux, d’examens médicaux inutiles ou d’effets secondaires liés au traitement mis en place et affectant la vie quotidienne du patient (incontinence urinaire, impuissance sexuelle…). La décision de s’engager dans une démarche de dépistage du cancer de la prostate reste ainsi un choix personnel qui nécessite d’être sérieusement réfléchi.

Déborah L., Dr en Pharmacie

Sources
– A partir de quel âge est-il pertinent de proposer un dépistage du cancer de la prostate ? www.lemoniteurdespharmacies.fr. Consulté le 2 octobre 2023.
– Le dépistage du cancer de la prostate. www.ameli.fr. Consulté le 2 octobre 2023.