Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent chez l’homme, avec 66 000 nouveaux cas estimés en France en 2020. Diagnostiqué le plus souvent après l’âge de 50 ans, le cancer de la prostate doit être diagnostiqué le plus précocement possible pour améliorer le pronostic du patient. Sa prise en charge repose sur différentes approches complémentaires : la chirurgie, la radiothérapie, la chimiothérapie et plus récemment des thérapies ciblées comme l’hormonothérapie.
Qu’est-ce que le cancer de la prostate ?
Parmi les pathologies de la prostate, figure le cancer de la prostate. Pour rappel, la prostate est une glande qui appartient à l’appareil génital masculin. Elle a la taille d’une noix, et se situe sous la vessie, à la base du pénis. La prostate assure la production du liquide spermatique, l’un des composants du sperme. Son développement et son fonctionnement sont régulés par la testostérone (hormone masculine) qui est produite par les testicules.
On distingue 3 zones principales dans la prostate :
- Une zone périphérique, proche du rectum qui est très facile à palper à l’occasion d’un toucher rectal. Près de 75% des tumeurs se développent ici ;
- Une zone de transition, au milieu de la prostate qui entoure l’urètre. En vieillissant, cette zone est de plus en plus volumineuse. On parle alors d’adénome prostatique ou d’hypertrophie bénigne de la prostate qui est très fréquente après 70 ans ;
- Une zone centrale qui entoure les canaux éjaculateurs.
Le cancer de la prostate est le cancer le plus répandu chez les hommes de plus de 50 ans. Il reste, en revanche, exceptionnel avant 40 ans. L’âge moyen au moment du diagnostic est de 69 ans. On estime qu’un Français sur huit se voit diagnostiquer un cancer de la prostate au cours de la vie. En 2018, 8 100 décès liés à ce cancer ont été recensés en France, faisant de ce cancer la troisième cause de mortalité par cancer chez les hommes. L’incidence du cancer de la prostate augmente d’année en année, sans doute en lien avec le vieillissement de la population. L’exposition à certains facteurs environnementaux est également pointée du doigt, notamment le tabagisme.
Tous les hommes peuvent développer un cancer prostatique, mais des facteurs de risque ont été identifiés :
- Les hommes d’origine afro-antillaise ;
- Les hommes ayant des antécédents familiaux de la maladie, d’autant plus avec au moins deux parents atteints, ou un seul avant l’âge de 55 ans.
Quels sont les signes d’un cancer de la prostate ?
Le plus souvent, le cancer de la prostate est découvert de manière fortuite lors d’un bilan de santé. Le patient ne ressent aucun symptôme particulier. En effet, 80 % des cancers prostatiques sont diagnostiqués lorsque la tumeur est encore localisée à la prostate.
Toutefois, si la tumeur n’est pas détectée à ce stade, elle peut évoluer en deux stades successifs :
- Un cancer de la prostate localement avancé (la tumeur grossit, les cellules cancéreuses sortent de l’enveloppe, mais ne sont pas répandues) ;
- Un cancer de la prostate métastatique (les cellules cancéreuses quittent la prostate, et atteignent les ganglions et les os pour former des métastases).
Le patient peut ressentir des symptômes qui peuvent faire évoquer une tumeur prostatique :
- Des troubles urinaires ;
- La présence de sang dans les urines (hématurie) ;
- Une altération de l’état général ;
- Des douleurs osseuses ;
- Des signes neurologiques (paresthésies, syndrome de la queue-de-cheval, déficience musculaire des membres inférieurs).
Cependant, ces symptômes ne sont pas spécifiques d’un cancer de la prostate, car ils peuvent être présents dans d’autres pathologies. Il est donc important de consulter pour rechercher la cause des symptômes ressentis.
Comment reconnaître le cancer de la prostate ? Le diagnostic
Actuellement, et à la différence de certains cancers, comme le cancer du sein ou le cancer du col de l’utérus, il n’existe pas de stratégie nationale de dépistage du cancer de la prostate. Les autorités de santé publique et les sociétés savantes recommandent néanmoins :
- Le dosage sanguin du PSA (Prostatic Specific Antigen) et un toucher rectal une fois par an dès 45 ans chez les hommes à risque ;
- Les mêmes examens tous les ans chez les hommes sans facteurs de risque à partir de 50 ans.
Le diagnostic du cancer de la prostate repose sur plusieurs examens complémentaires :
- Un toucher rectal qui permet de palper la prostate et de détecter un éventuel nodule dur, irrégulier mais non douloureux.
- Un dosage sanguin du PSA. Normalement, son taux dans le sang ne doit pas dépasser 4 ng/mL. Cependant, une élévation de sa présence dans le sang n’indique pas systématiquement un cancer de la prostate, elle peut aussi témoigner d’une hyperplasie bénigne de la prostate ou d’une infection.
- Des examens d’imagerie (scanner, IRM) ;
- Des biopsies de la prostate réalisées par voie transrectale, sous anesthésie locale et contrôle échographique, avec une analyse anatomo-pathologique de la tumeur.
Quels sont les traitements du cancer de la prostate ?
Une fois le diagnostic confirmé, l’analyse des caractéristiques de la tumeur permet de définir sa nature, son étendue, son agressivité et donc de déterminer la prise en charge la plus adaptée. La prise en charge d’un cancer de la prostate se discute systématiquement au préalable entre professionnels de santé (urologues, oncologues, radiothérapeutes, radiologues, etc.).
Plusieurs stratégies thérapeutiques peuvent être proposées au patient en fonction de sa tumeur, de son âge et de son état de santé (comorbidités) :
- L’abstinence thérapeutique avec surveillance active;
- Une prise en charge médicale comprenant différentes interventions thérapeutiques, comme une ablation de la prostate, la radiothérapie, la curiethérapie, le recours aux ultrasons focalisés, la cryothérapie, un traitement hormonal, la chimiothérapie, etc.
L’abstinence thérapeutique avec surveillance est souvent utilisée, car beaucoup de cancers de la prostate n’évoluent pas ou très lentement. Ainsi, cette option s’envisage pour tous les cancers localisés, à faible risque de progression, pour des patients ayant une espérance de vie supérieure à 10 ans. Cette mesure nécessite une évaluation du PSA tous les 6 mois avec des biopsies régulières.
L’ablation totale de la prostate (prostatectomie totale) est indiquée pour les patients souffrant d’un cancer localisé ou localement avancé, pour les moins de 75 ans et avec une espérance de vie de plus de 10 ans. Il existe quelques effets secondaires possibles à l’intervention : incontinence urinaire (temporaire le plus souvent), dysfonction érectile et infertilité.
La radiothérapie désigne l’irradiation externe de la zone prostatique concernée. Elle peut être à l’origine de cystite radique (inflammation de la vessie provoquée par les rayons X), de dysfonction érectile ou de rectite radique (inflammation du rectum provoquée par les rayons X). La radiothérapie s’associe parfois à une hormonothérapie courte pour les cancers à risques intermédiaires, ou longue pour les cancers à haut risque de progression.
La curiethérapie de la prostate est le fait de placer une source radioactive, sous contrôle échographique, au niveau de la zone à traiter. Il s’agit, dans la plupart des cas, d’implantation de grains d’iode 125. Cette méthode est utilisée pour les patients atteints d’un cancer localisé et ayant une espérance de vie de plus de 10 ans. Les effets secondaires possibles sont les mêmes que pour la radiothérapie avec, cependant, un risque bien inférieur de trouble érectile.
Les ultrasons focalisés (HIFU) peuvent être proposés chez certains patients atteints de cancer localisé de la prostate, dans des contextes bien définis. Ce traitement a pour objectif de détruire le tissu prostatique en utilisant les ultrasons focalisés. Ce traitement se réalise sous anesthésie générale.
La cryothérapie consiste à détruire les cellules cancéreuses de la prostate grâce au froid. Elle s’utilise uniquement en cas de récidive suite à la radiothérapie. Les effets secondaires possibles sont les mêmes que pour les autres traitements.
La chimiothérapie est prescrite pour le cancer de la prostate métastatique résistant à la castration et symptomatique.
Enfin, des thérapies ciblées sont également utilisées dans le traitement du cancer de la prostate. Ces thérapies sont basées sur l’hormonothérapie, avec des médicaments anti-androgéniques. Les effets secondaires sont nombreux et en lien avec la baisse de testostérone : chute de la libido, dysfonction érectile, bouffées de chaleur, gynécomastie (développement mammaire), ostéoporose, risque de diabète, hypertension artérielle, etc.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Les cancers de la prostate : points clés. www.e-cancer.fr. Consulté le 23 juillet 2024.
– Cancer de la prostate. Centre de lutte contre le cancer Léon Bérard. www.cancer-environnement.fr. Consulté le 23 juillet 2024.