Le Quotient Intellectuel (QI), l’une des principales évaluations de l’intelligence humaine, se situe en moyenne entre 90 et 110 pour les personnes dont l’intelligence est considérée comme normale. Mais comment évolue le QI au fil des années ? Certains scientifiques évoquent un déclin progressif du QI depuis quelques décennies dans les pays occidentaux. Une thèse récemment étayée par des chercheurs norvégiens, qui viennent de publier leurs conclusions dans la revue scientifique PNAS.
QI et intelligence
Le quotient intellectuel représente l’une des évaluations les plus connues de l’intelligence humaine. Cet indice a pour objectif d’estimer les capacités intellectuelles d’une personne. Mais peu de personnes savent qu’il existe en réalité deux modes de détermination du QI, très différentes l’une de l’autre.
La première détermination du QI permet de déterminer l’âge mental d’une personne. Le QI correspond alors au rapport entre cet âge mental et l’âge réel de la personne, multiplié par 100. Dans ce mode de calcul, une personne ayant un QI de 100 correspond au cas d’une personne dont les performances intellectuelles sont celles que possèdent en moyenne les personnes du même âge. Cette méthode de détermination est essentiellement utilisée chez les enfants pour détecter des problèmes de retard mental ou au contraire de précocité. Elle n’est plus applicable après l’adolescence.
La seconde méthode de détermination est quant à elle utilisable à la fois chez les adultes et les enfants. Elle se base non seulement sur les performances intellectuelles de la personne, mais aussi sur celles d’un groupe de personnes du même âge. Le QI est alors défini à partir de la différence de performances intellectuelles entre la personne et le groupe de référence, grâce à un calcul mathématique utilisant les écart-types.
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Un déclin du QI dans les pays occidentaux
Depuis une vingtaine d’années, des chercheurs du monde entier s’interrogent sur l’évolution du Quotient Intellectuel dans les populations humaines, en particulier dans les pays occidentaux. De nombreuses études scientifiques se sont intéressées à ce sujet, et la plupart ont conclu à un déclin du Quotient Intellectuel dans les pays occidentaux.
Les chercheurs ont appelé ce phénomène le « negative Flynn effect » ou « retrograde Flynn effect », par référence aux travaux d’un professeur néozélandais en sciences politiques, James Flynn. Dans les années 80, il avait mis en évidence le « Flynn effect », c’est-à-dire une progression du Quotient Intellectuel dans le monde entre les années 1930 et les années 1980. Le « negative Flynn effect » correspondrait ainsi à une évolution inverse depuis la fin du XXème siècle.
Les détracteurs de ces études sont nombreux dans le monde et mettent en cause, d’une part le manque de rigueur dans la méthodologie même des études, et d’autre part les hypothèses avancées par certains auteurs pour expliquer un potentiel déclin du QI dans les pays occidentaux.
En 2015, une revue de littérature a compilé les résultats de 271 études sur le QI menées entre 1900 et 2010. Les auteurs de cette étude ont pu conclure que le QI ne diminuait pas dans les pays occidentaux, mais que sa progression ralentissait. Le QI pourrait ainsi attendre un plafond, comme si l’Homme atteignait les limites maximales de son intelligence.
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Des facteurs environnementaux mis en cause
Très récemment, une étude norvégienne a relancé le débat sur l’évolution du QI dans les pays occidentaux. Les chercheurs ont analysé les relations familiales et les capacités cognitives de plusieurs cohortes d’hommes norvégiens, nés entre 1962 et 1991.
Leurs résultats ont mis en évidence que le QI des hommes norvégiens avait tout d’abord augmenté (Flynn effect), avant d’atteindre une certaine valeur à partir de laquelle il s’était mis à chuter d’année en année, étayant le principe du negative Flynn effect.
En prenant en compte les caractéristiques familiales, les chercheurs ont mis en évidence que l’évolution du QI n’était pas liée à des changements familiaux ou héréditaires, mais à des facteurs environnementaux. Les chercheurs ont avancé plusieurs facteurs environnementaux, qui pourraient jouer un rôle dans le déclin du QI, à savoir :
- Les changements des systèmes éducatifs ;
- L’évolution des valeurs liées à l’éducation ;
- L’évolution de la nutrition et de la santé.
Reste à savoir si de tels résultats se limitent aux cohortes norvégiennes considérées ou s’ils peuvent être extrapolés à l’ensemble de la population norvégienne, voire à l’ensemble des pays occidentaux !
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie