Chute du nombre de spermatozoïdes chez les Occidentaux

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Rédigé par Julie P. et publié le 18 août 2017

La fertilité masculine serait-elle en danger ? Selon une étude internationale, le nombre de spermatozoïdes a chuté de 52,4% dans les pays occidentaux en 40 ans. C’est le constat d’une récente étude scientifique publiée dans la revue Human Reproduction Update le mois dernier.

spermatozoïdes occident

Contexte de l’étude

Des chercheurs internationaux se sont intéressés à 185 études scientifiques réalisées entre 1973 et 2011 et dont le sujet portait sur des critères quantitatifs du sperme : volume du sperme et numération des spermatozoïdes.

Au total, ces études ne concernent pas moins de 42 935 sujets hommes répartis dans 50 pays à travers l’Amérique du Nord, l’Australie, la Nouvelle Zélande et l’Europe. Après l’analyse statistique de l’ensemble de ces données, les chercheurs ont observé en 38 ans, les résultats suivants :

  • La concentration en spermatozoïdes a baissé de 52,4% passant en moyenne de 99 millions à 47 millions par millilitre de sperme ;
  • La quantité totale de sperme a chuté de 59,3%

A savoir ! Les études scientifiques sélectionnées ont utilisé la technique de l’hémocytomètre pour la numération des spermatozoïdes. A l’aide d’une cellule de numération, en verre optique et quadrillée, les spermatozoïdes sont comptés à l’œil nu sous un microscope.

Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la norme fertile veut que le nombre de spermatozoïdes soit compris entre 15 et 200 millions par millilitre de sperme.

A l’image des pays européens, la France n’est pas épargnée par ce phénomène. Une enquête réalisée en 2015 par Santé Publique France sur 26 609 hommes âgés de 35 ans avait conclu à une réduction annuelle de la quantité de spermatozoïdes de 1,9% entre 1989 et 2005, soit une diminution cumulée de 32,2%.

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Les causes de ce déclin ?

Pour les chercheurs, ces résultats sont en conformité avec les autres indicateurs portant sur la fertilité masculine dans les pays occidentaux tels que les cancers des testicules, la cryptorchidie et les niveaux de testostérone.

A savoir ! La cryptorchidie est une malformation infantile caractérisée par la présence d’un des testicules dans l’abdomen. Le testicule n’est pas descendu, comme à l’accoutumé, dans les bourses. La fréquence de cette malformation est de 3 à 4% chez les nouveau-nés et 33% chez les prématurés. On estime qu’un homme ayant un antécédent de cryptorchidie a un risque de cancer du testicule multiplié par 5 à 10.

Étant donné que l’on observe ce déclin dans des pays occidentaux, contrairement à l’Asie, l’Afrique ou les pays d’Amérique du Sud, les auteurs de l’étude suggèrent fortement que c’est le mode de vie à l’Occidental qui jouerait le rôle de cause à effet.

Cette chute de la qualité du sperme est très probablement associée à de multiples facteurs de risques environnementaux comme :

  • La perturbation du système hormonal suite à des expositions chimiques (métaux, solvants, pesticides, médicaments) ;
  • Le tabagisme maternel pendant le développement du fœtus mâle ;
  • Les nouveaux modes de vie entraînant sédentarité, tabagisme, ondes électromagnétiques, obésité, consommation d’alcool et vie stressante.

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Une relation directe avec la fertilité ?

Malgré l’ensemble de ces données très angoissantes sur le déclin quantitatif du sperme, les valeurs retrouvées sont toujours, en moyenne, conformes aux normes internationales. En effet, la moyenne est de 81 millions de spermatozoïdes par millilitre et l’OMS estime que posséder entre 15 et 200 millions de spermatozoïdes par millilitre de sperme est une valeur normale, c’est-à-dire non pathologique.

Dans la littérature scientifique, il existe aussi des études montrant que la fertilité masculine croit ou tout simplement qu’elle n’évolue pas dans le temps.

Comme l’atteinte à la fertilité masculine est très complexe et qu’elle dépend également des propriétés qualitatives des spermatozoïdes, comme leur mobilité ou leur forme, il serait trop hâtif de relier ce déclin directement à l’infertilité.

Pour pouvoir corriger cette tendance, très préoccupante néanmoins si elle perdure, les chercheurs doivent suivre sur le long terme une cohorte d’hommes en bonne santé et identifier, éventuellement, les causes du déclin de leur concentration en spermatozoïdes.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Temporal trends in sperm count: a systematic review and meta-regression analysis. Human reproduction update. Le 25 juillet 2017
– Fertilité : nos futures générations en danger? Science et Santé 36. Inserm. Mai-Juin 2017
  • Boisneau says:

    il est dommage de mélanger l’avéré et le soupçonné dans les causes de ce déclin. Cela risque de semer la confusion dans l’esprit du public et relativiser des dangers cette fois tout à fait avérés, tels que le tabac l’alcool, l’obésité etc. Il n’est pas justifié de citer les ondes électromagnétiques si on se réfère à l »état des connaissances scientifiques du domaine qui repose sur plus de 20 ans de méta-analyses internationales. Le rapport anses 2013 conclut p240: « le niveau de preuve est insuffisant pour conclure qu’une exposition aux radiofréquences aurait chez l’homme un effet sur la fertilité masculine ».

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