Quel risque d’attraper un cancer au travail ?
Juin 22, 2017 par Isabelle V.L’enquête Sumer (Surveillance médicale des salariés aux risques professionnels) vient de dévoiler ses résultats : en 2009-2010, 12 % des salariés, soit plus de 2 millions et demi de personnes, étaient exposés à un ou plusieurs facteurs cancérogènes sur leurs lieux de travail. Parmi ceux-ci, des produits chimiques, des rayons ionisants, mais, également le travail de nuit. L’étude, menée par la médecine du travail, visait à identifier les salariés à risque, pour mieux les protéger.
Une multi-exposition à des cancérogènes fréquente
La particularité de l’enquête Sumer est de s’intéresser à la multi-exposition des travailleurs aux facteurs cancérogènes. En effet, la présence de deux à plusieurs nuisances cancérogènes a sur l’organisme humain des effets additifs, voire potentialisateurs. Ainsi, des substances en faible quantité, inoffensives individuellement, peuvent devenir dangereuses en association, et entraîner un cancer.
L’enquête, menée sur un échantillon de 48 000 salariés (moyenne d’âge 40 ans), a permis de statuer que :
- 12 % des travailleurs étaient exposés à au moins une nuisance cancérogène ;
- 5% à au moins 2 nuisances cancérogènes ;
- 2% à au moins 3 nuisances cancérogènes.
Les cancérogènes étudiés étaient des substances chimiques (présentées dans le tableau ci-dessous), mais aussi les rayons ionisants (rayons X) et le travail de nuit qui est associé, chez les femmes, à un risque accru de cancer du sein.
A savoir ! Les substances cancérogènes sont classées par le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) en différents groupes :
- Groupe 1 : agent cancérogène
- Groupe 2A : agent probablement cancérogène
- Groupe 2B : agent peut-être cancérogène
- Groupe 3 : agent inclassable quant à sa cancérogénicité
- Groupe 4 : agent probablement pas cancérogène
Les rayonnements ionisants sont classés dans le groupe 1 et le travail de nuit chez les femmes en 2A.
Agents chimiques | Classification CIRC |
1- Aldéhydes : formaldéhyde | 1 |
2- Fumées, gaz, produits de combustion Fumées de vulcanisation Fumées dégagées par les procédés de la métallurgie et l’électrométallurgie Émissions de moteurs diesel Goudrons de houille et dérivés, bitume et brais de pétrole | 1 1 1 1 à 2B |
3- Métaux Arsenic Carbures métalliques frittés Cadmium (poussières, fumées) Chrome (hexavalent) Cobalt Nickel | 1 2A 1 1 2B 1 |
4- Poussières minérales et fibres Amiante Fibres céramiques réfractaires Silice cristalline | 1 2B 1 |
5- Poussières végétales Poussières de bois | 1 |
6- Fluides de lubrification et de refroidissement Huiles minérales entières | 1 |
7- Composés aromatiques Amines aromatiques Hydrocarbures aromatiques halogénés ou nitrés | 1 à 3 2B |
8- Matières plastiques Acrylamide | 2A |
9- Médicaments Cytostatiques | 1 à 3 |
10- Métaux Plomb et dérivés | 2A |
11- Solvants Benzène (sauf carburants) Perchloréthylène Trichloréthylène | 1 2A 1 |
En fonction du métier exercé, le risque cancérogène est donc très variable. Cette différence est également marquée entre les sexes.
Parmi les 2.6 millions de personnes exposées à des nuisances cancérogènes, on trouve 2 millions d’hommes et 600 000 femmes. Une différence qui s’explique par les activités professionnelles exercées par les deux sexes. Chez les femmes : infirmières et coiffeuses en première ligne Parmi les femmes, les professions à risque sont celles de la santé, mais aussi de la recherche, de l’industrie et des soins esthétiques. Chez les hommes : sur-risque dans le bâtiment et la réparation automobile Les professions les plus exposées sont : Cet état des lieux, tout intéressant qu’il soit, n’apporte pas de révélations fracassantes. Les auteurs de l’enquête Sumer espèrent cependant que ces résultats vont permettre de renforcer la prévention pour les catégories socio-professionnelles concernées… qui sont aussi les moins favorisées. Isabelle V., journaliste scientifiqueTravail et risque de cancer : des différences homme-femme
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