Le cancer de la vessie est une pathologie maligne affectant la vessie. Il touche plus volontiers les hommes après la cinquantaine. Plusieurs facteurs peuvent favoriser son développement, par exemple, le tabac ou l’exposition à des toxiques. Le diagnostic est clinique dans un premier temps, puis confirmer par des examens et analyses complémentaires. La prise en charge dépend des caractéristiques du cancer. Mais, elle consiste en trois approches : la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie.
Cancer de la vessie, définition
Rappels sur la vessie
La vessie est un organe creux dont la fonction principale est de servir de réservoir et de permettre l’évacuation de l’urine produite au niveau des reins. La paroi vésicale, mesurant environ un demi-centimètre d’épaisseur, se compose de plusieurs couches de tissus :
- La muqueuse ou urothélium, qui tapisse l’intérieur de la vessie et qui est au contact de l’urine ;
- Le muscle de la vessie ou détrusor, permettant à la vessie de se contracter ou de se distendre ;
- Une couche de graisse entourant la vessie appelée graisse périvésicale.
Cancer de la vessie et facteurs de risque
Le cancer de la vessie concerne près de 12 000 personnes, en France, en chaque année. C’est le 7ème cancer le plus fréquent et il concerne plus volontiers les hommes. Il est responsable de plus de 4 700 décès chaque année, en France. La majorité des cas recensés sont âgés de 70 à 84 ans. Enfin, son apparition est le plus souvent due au tabagisme et à l’exposition professionnelle à des produits carcinogènes.
Parmi les différents facteurs de risque du cancer de la vessie, on retrouve :
- L’âge : Il existe un net accroissement du nombre de cas de cancer de la vessie avec l’âge, notamment après 70 ans.
- Le tabac : Un fumeur a environ 5.5 fois plus de chance de développer la maladie par rapport à un non-fumeur. L’exposition au tabac est responsable de près de 40 % des cas de cancer de la vessie. Cela s’explique en partie par l’élimination des substances carcinogènes du tabac par voie urinaire. Ainsi, la fonction de stockage de l’urine occupée par la vessie l’expose aux déchets du tabac, qui restent au contact de la muqueuse vésicale avant expulsion.
- L’exposition professionnelle : Environ 5% des cancers de la vessie seraient liés à une exposition professionnelle.
- L’exposition à des agents infectieux : La bilharziose, conséquence d’une infection parasitaire par le schistosome, retrouvée essentiellement en Afrique, se contracte en présence d’eau infectée par le parasite. Près de 66.5 millions de personnes ont été traitées en 2015.
- L’exposition à certains médicaments : Des études ont montré qu’un traitement antérieur notamment à base de cyclophosphamide (un anti-cancéreux) majorait le risque de développer un cancer de la vessie.
Diagnostic et traitements du cancer de la vessie
Le symptôme majeur du cancer de la vessie est l’hématurie, à savoir la présence de sang dans les urines. Le cancer de la vessie est révélé dans 80 % des cas par une hématurie visible et le plus souvent indolore. Le plus souvent, les saignements surviennent en fin de miction.
D’autres symptômes locaux, comme des mictions fréquentes, des brûlures ou douleurs à la miction et des mictions impérieuses (besoins urgents) sont retrouvés dans un faible nombre de cas (20 % environ). Les infections urinaires à répétition peuvent-elles aussi évoquer une suspicion de cancer de la vessie, en particulier chez les hommes.
La présence de sang dans les urines qu’elle soit associée à d’autres symptômes ou non, doit inciter le patient à consulter son médecin traitant.
Le diagnostic du cancer de la vessie
Le diagnostic de cancer la vessie repose sur la présence des symptômes caractéristiques de l’affection associés aux résultats d’examens complémentaires :
- Un examen clinique approfondi : devant un tableau évoquant un cancer, le médecin peut réaliser un toucher rectal pour tenter de détecter une masse anormale au niveau vésical. Cet examen est souvent normal dans les formes débutantes de cancers, mais révélateur d’une anomalie dans les stades plus avancés.
- L’ECBU (Examen CytoBactériologique des Urines) : c’est une analyse de biologie médicale prescrite pour la recherche d’éléments infectieux dans les urines. Il permet de mettre hors de cause tout agent pathogène pouvant être responsable de l’hématurie ou des autres signes urologiques.
- La cytologie urinaire : c’est l’examen des cellules contenues dans les urines. En effet, la muqueuse vésicale se renouvelle en permanence et on retrouve un certain nombre de cellules mortes dans les urines.
- L’échographie de la vessie : il s’agit d’une technique d’imagerie médicale utilisant les ultrasons. Si elle est réalisée au niveau de la vessie, elle pourra mettre en lumière une éventuelle masse anormale.
- La cystoscopie : cet examen correspond à l’introduction d’un système optique dans la vessie par les voies naturelles urinaires. Le chirurgien recherche ensuite des anomalies sur la paroi de la vessie. Si le médecin observe une structure anormale, il peut directement réaliser une biopsie (prélèvement d’un morceau de tissu) qui sera ensuite analysée afin de confirmer définitivement la nature cancéreuse de l’anomalie.
Stade du cancer
Afin de définir le stade d’un cancer de la vessie, les médecins examinent la taille de la tumeur et son éventuelle infiltration dans la paroi interne de la vessie, en particulier dans le muscle vésical. De plus, ils examinent une éventuelle propagation au niveau des ganglions lymphatiques, des organes voisins ou à distance dans l’organisme, sous forme de métastases. On estime que 75 % des tumeurs de la vessie sont purement superficielles et par conséquent non-infiltrées. Par ailleurs, il existe d’autres tumeurs qualifiées d’infiltrantes, car elles ont envahi la paroi de la vessie jusqu’au muscle.
En pratique courante, les médecins utilisent la classification TNM pour Tumeur, Nombre de ganglions touchés, Métastase. Cette classification permet d’évaluer et de classer les tumeurs en stades d’évolutions, qui auront des pronostics et des traitements différents. La TNM pour le cancer de la vessie repose sur l’analyse de 3 éléments particuliers :
- T : c’est la taille de la tumeur ainsi que sa pénétration dans le muscle vésical. Plus une tumeur est étendue et infiltrée, plus elle sera difficile à soigner.
- N : correspond à la présence ou non de cellules cancéreuses dans les ganglions lymphatiques et le nombre de ganglions touchés. Ce paramètre donne une idée de la propagation éventuelle du cancer dans le réseau lymphatique.
- M : c’est la présence ou non de métastase, c’est-à-dire que le cancer s’est propagé à d’autres tissus de l’organisme.
Quels sont les traitements disponibles ?
La prise en charge thérapeutique dépend du stade et du grade tumoral. Comme pour la quasi-totalité des cancers, la prise en charge comporte 3 grands axes : la chirurgie, la chimiothérapie, la radiothérapie.
La chirurgie du cancer de la vessie
Lorsqu’elle est réalisable, c’est le traitement de référence du cancer de la vessie. L’objectif principal de l’acte chirurgical est de retirer la ou les tumeurs pour guérir la maladie ou en limiter l’extension. En fonction du stade d’infiltration de la tumeur, les chirurgiens réalisent soit le retrait de la tumeur soit l’ablation complète de la vessie.
La résection endoscopique transurétrale : c’est un geste chirurgical permettant l’ablation de tumeurs superficielles de la vessie. Le passage du matériel jusqu’à la vessie se fait par les voies naturelles urinaires. Cette intervention n’est suffisante seule que lorsque la tumeur n’est pas infiltrée dans le muscle urétral.
Les instillations vésicales : ce sont des traitements qui viennent compléter la résection transurétrale. Les instillations vésicales consistent à injecter directement dans la vessie certaines substances afin de diminuer les récidives tumorales. Pour cela, on utilise une sonde urinaire que l’on laisse en place seulement pendant la durée d’administration du produit. Les instillations sont réalisées directement après l’opération puis répétées pendant plusieurs semaines.
La cystectomie : il s’agit de l’ablation complète de la vessie. Ce traitement est réalisé lorsque le cancer de la vessie infiltre le muscle urétral. De plus, les ganglions lymphatiques proches de la vessie sont retirés pour être analysés afin de savoir si le cancer s’est étendu aux formations ganglionnaires. Si des cellules cancéreuses sont détectées dans les ganglions, la chirurgie sera complétée par une chimiothérapie.
La néo-vessie : la vessie étant un organe essentiel à l’être humain, il est indispensable de la remplacer ou de mettre en place un système de dérivation pour évacuer l’urine produite par le rein. C’est la technique la plus employée. Elle consiste à créer une vessie artificielle à partir d’un morceau d’intestin. Après quelques semaines de récupération, elle aboutit à une continence quasi-normale constituant un véritable confort pour le patient.
La radiothérapie
La radiothérapie est un traitement locorégional utilisant des rayonnements ionisants de hautes énergies pour détruire des cellules cancéreuses. Cette méthode thérapeutique permet de cibler très précisément une zone à traiter pour irradier la tumeur tout en préservant au maximum les tissus sains avoisinants.
Dans le cadre de la prise en charge du cancer de la vessie, la radiothérapie n’est jamais indiquée seule. Elle vient en complément de la chimiothérapie dans le traitement des tumeurs non-opérables.
La chimiothérapie du cancer de la vessie
Dans le cancer de la vessie, la chimiothérapie est indiquée soit, pour réduire la taille d’une tumeur pour augmenter la réussite d’une intervention chirurgicale, soit dans le traitement des cancers de la vessie à fort risque de propagation ou métastatique.
Rédigé le 27 avril 2017. Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 17 juin 2022
– Les cancers de la vessie. fondation-arc.org. Consulté le 17 juin 2022.