Utilisée quotidiennement par 1,5 million de personnes en France, la cigarette électronique véhicule une image relativement positive dans la société. Souvent revendiquée comme un outil d’aide au sevrage tabagique, les liquides qu’elle contient sont en effet considérés comme étant beaucoup moins nocifs que le tabac. Mais c’est sans compter les risques pulmonaires et cardiaques du « vapotage » pointés par de nouvelles études présentées lors du Congrès de l’European Respiratory Society en septembre dernier à Milan.
Que contient une cigarette électronique ?
La cigarette électronique que l’on appelle également « e-cigarette » se présente sous la forme d’un flacon contenant une solution liquide chauffée au moyen d’un dispositif électrique.
A savoir ! Le principe de la e-cigarette consiste à « vapoter », c’est-à-dire à inspirer la vapeur générée par l’échauffement de la solution liquide contenue dans le flacon.
La cigarette électronique fonctionne grâce à un système de « recharges » : ce sont des flacons contenant des liquides composés de propylène glycol ou de glycérol, de divers arômes et pour certaines cigarettes électroniques, de nicotine. Le choix est vaste puisqu’il existe aujourd’hui sur le marché plus de 7 700 arômes différents.
Les taux de nicotine des cigarettes électroniques sont indiqués en mg/ml de solution liquide et provoquent la même dépendance que la cigarette classique.
En comparaison au tabac qui est consommé par combustion, les liquides contenus dans les cigarettes électroniques présentent l’intérêt de supprimer ou de réduire les risques de survenues de graves pathologies, principalement des cancers. Ils sont donc beaucoup moins nocifs que le tabac même si d’autres risques viennent d’être mis à jour par de nouvelles études.
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Les risques liés à la cigarette électronique
C’est au Congrès de l’European Respiratory Society qu’ont été présentées le mois dernier plusieurs études alertant sur les risques de nocivité pulmonaire et cardiaque de la cigarette électronique.
Dans une première étude, des scientifiques ont en effet procédé à l’analyse du contenu des 122 cigarettes électroniques les plus vendues sur le marché. En se basant sur le système de classification des Nations Unies, ils ont alors constaté que tous les dispositifs contenaient au moins une substance considérée comme à risque pour la santé.
Une seconde étude a permis quant à elle de préciser le profil des utilisateurs de cigarettes électroniques. Réalisée sur une cohorte de 30 000 suédois, elle a démontré que :
- 11% des individus fumaient uniquement des cigarettes traditionnelles ;
- 0,6% des individus fumaient des cigarettes électroniques ;
- 1,2% des individus fumaient à la fois des cigarettes traditionnelles et électroniques.
Cette étude va à l’encontre de l’hypothèse selon laquelle la cigarette électronique pourrait constituer une aide au sevrage tabagique dans la mesure où les scientifiques ont observé que les utilisateurs les plus fréquents de cigarettes électroniques étaient les fumeurs de cigarettes traditionnelles (9,8% contre 1,1% des anciens fumeurs et 0,6% des non fumeurs).
Cette utilisation simultanée de cigarettes traditionnelles et électroniques est par ailleurs associée dans cette étude à une augmentation des symptômes respiratoires :
- 46% en cas d’utilisation simultanée de cigarettes traditionnelles et électroniques ;
- 34% en cas d’utilisation de la cigarette électronique ;
- 26% en cas d’utilisation de la cigarette traditionnelle.
Ces chiffres permettent à l’un des auteurs de l’étude, le Dr Linnea Hedman d’affirmer que « les possibles effets sur la santé des cigarettes électroniques sont loin d’être établis […] cette étude prouve que les e-cigarettes ne peuvent pas être considérées comme une alternative sure aux cigarettes conventionnelles“.
Une troisième étude vient d’ailleurs soutenir ces conclusions en démontrant l’impact de la nicotine contenue dans les cigarettes électroniques sur la santé des artères : augmentation du rythme cardiaque, de la pression artérielle ainsi que de la rigidité des artères multipliée par 3 par rapport aux individus ayant recours à des cigarettes électroniques sans nicotine.
Une dernière étude menée sur une population de souris en gestation suggère enfin que l’utilisation de cigarettes électroniques par les femmes enceintes augmenterait le risque de survenue et la sévérité d’asthme allergique chez leur bébé.
L’ensemble de ces études tend à conclure sur la nécessité de maintenir une attitude prudente vis-à-vis des cigarettes électroniques dont les effets véritables sur la santé n’ont pas encore été clairement établis. Au-delà d’un effet de mode, le vapotage ne serait pas si anodin qu’il n’y paraît.
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Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Questions/Réponses sur la cigarette électronique. SantéPubliqueFrance. – Consulté le 02 octobre 2017.