Risques psychosociaux et surcharge numérique : un enjeu de santé au travail

Par |Publié le : 21 juillet 2025|Dernière mise à jour : 22 juillet 2025|3 min de lecture|

Ordinateurs portables, messageries instantanées, réunions en visioconférence, plateformes collaboratives… Le numérique s’est imposé dans tous les secteurs d’activité. Mais derrière les promesses de performance et de réactivité, un revers de la médaille se dessine : surcharge mentale, fatigue cognitive, sédentarité… L’usage intensif des outils numériques bouleverse les conditions de travail, parfois au détriment de la santé physique et psychique des salariés. Quels sont les impacts concrets sur le bien-être au travail ? Comment prévenir ces nouveaux risques ?

Le travail numérique intensifie le stress et la charge mentale

L’infobésité, ce flux incessant d’informations à traiter, trier, transférer, pèse sur les capacités d’attention et la charge mentale. Répondre aux e-mails, gérer les notifications, suivre plusieurs canaux de communication en parallèle : autant de sollicitations qui grignotent le temps de travail « réel », génèrent du stress et allongent les journées.

Selon le rapport 2024 de l’OICN, les managers passent en moyenne plus de 6 heures par semaine à gérer les e-mails, et plus de 10 heures 30 pour les cadres dirigeants. Cette surconnexion permanente modifie profondément les rythmes professionnels, avec un empiétement progressif sur la sphère personnelle.

L’impact tangible du numérique sur la santé mentale et physique

L’intensification du travail numérique n’est pas sans conséquence sur la santé. L’OICN alerte sur une augmentation des troubles musculo-squelettiques liés à la posture assise prolongée, aujourd’hui considérée comme le premier facteur de risque professionnel en Europe. Douleurs lombaires, fatigue oculaire, migraines chroniques, mais aussi diabète, maladies cardiovasculaires ou obésité sont en hausse chez les travailleurs sédentaires, notamment en télétravail.

À ces effets physiques s’ajoute une usure psychique. Trois salariés sur quatre estiment que leur charge de travail a augmenté avec la numérisation de leur activité, et 42 % en attribuent la responsabilité directe à la transformation numérique. Multitâche permanent, pression de l’instantanéité, hyper-disponibilité : autant de facteurs qui fragilisent l’équilibre mental.

Quelques chiffres clés de l’infobésité au travail

  • 31 % des salariés sont exposés à l’hyperconnexion, envoyant des e-mails après 20 h plus de 50 soirs par an. Chez les dirigeants, cela grimpe à 117 soirées reconnectées en moyenne.
  • 52 % des e-mails reçoivent une réponse en moins d’1 heure : un signe fort d’hyper-réactivité.
  • Un salarié traite en moyenne 144 e-mails par semaine, un chiffre qui atteint 331 pour les dirigeants.
  • 33 % seulement du temps de travail des dirigeants reste disponible pour la production et la concentration individuelles.

L’usage du numérique à repenser pour préserver la santé au travail

Pour limiter les effets délétères du numérique, des leviers d’action existent, à l’échelle individuelle comme organisationnelle. L’OICN préconise notamment de :

  • Intégrer la charge numérique dans l’évaluation des risques psychosociaux ;
  • Repenser les temps de travail pour favoriser la déconnexion effective ;
  • Former les salariés à une gestion plus raisonnée de leurs outils numériques ;
  • Promouvoir des cultures managériales qui valorisent la qualité du travail plutôt que la réactivité permanente.

Ces ajustements peuvent passer par des initiatives, telles que des plages horaires sans e-mail, des chartes de bonnes pratiques, une limitation des réunions en visioconférence, un aménagement ergonomique des postes de travail…

L’omniprésence du numérique transforme en profondeur les manières de travailler. Si ces outils offrent flexibilité, autonomie et gain de temps, ils peuvent aussi, lorsqu’ils sont mal régulés, générer une surcharge cognitive, accentuer la sédentarité et fragiliser la santé mentale. Les données de l’OICN rappellent l’importance de reconnaître la charge numérique comme un facteur de risque professionnel à part entière. Agir en amont, adapter les pratiques de collaboration et promouvoir une culture numérique plus équilibrée sont autant de leviers pour préserver la santé au travail.

Sources
– Observatoire de l’Infobésité et de la Collaboration Numérique, Référentiel 2024. www.infobesite.org. Consulté le 07 juillet 2025.

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Julie R.
Infirmière pendant 15 ans, dont 10 en pédiatrie, Julie R. est animée par une passion pour la santé, l'écologie et les sciences. Spécialisée en rédaction web SEO, alliant respect de notre charte HIC et approche humaine, elle met son expérience au service d’une meilleure compréhension de la santé pour le plus grand nombre