Passer des dizaines d’heures par semaine devant un écran n’est pas sans risque pour la santé. L’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) souligne, dans un dossier, que certaines mauvaises conditions de travail sur écran peuvent occasionner fatigue visuelle et stress. Dans quelles mesures peut-on faire diminuer ces risques ? Et aussi, quels sont les dangers de la lumière bleue émise par les écrans ?
L’écran : une source de fatigue visuelle et de stress
Même s’il n’est pas démontré que le travail sur écran peut occasionner des pathologies oculaires, il peut néanmoins entraîner une fatigue visuelle qui se traduit par plusieurs signes.
La fatigue visuelle, réversible, se manifeste par :
- Une baisse des performances visuelles (vision floue par moment et/ou éblouissement et/ou difficulté à faire la mise au point lorsque vous changez de point de fixation) ;
- Une lourdeur des paupières ;
- Des sensations de picotements, d’irritations ou de brûlures provoqués par une sécheresse oculaire (symptômes retrouvés dans le syndrome des yeux secs) ;
- Une fatigue et des troubles de la concentration ;
- Une myopie temporaire et des maux de tête (céphalées).
Si le professionnel dispose d’une correction visuelle adaptée, cette fatigue visuelle peut être la conséquence d’un mauvais usage de l’écran de travail.
Il faudra donc veiller à :
- Ne pas travailler sur un écran avec des reflets mal éclairés ou ayant des mauvaises résolution et qualité d’image ;
- La dimension de l’écran ne doit pas être inférieure à 17 pouces ;
- Veiller à garder une distance optimale entre les yeux et l’écran (espace de 50 à 70 cm en fonction du format de l’écran) ;
- Prendre de courtes pauses pour reposer ses yeux et éviter d’utiliser une climatisation trop puissance qui favorise la sécheresse oculaire en asséchant l’air ambiant ;
- Se forcer à cligner souvent des yeux lorsque l’on fixe l’écran (lorsque l’on fixe un écran, les clignements sont 60% moins fréquent qu’en temps normal) et utiliser si besoin du sérum physiologique (collyre).
À savoir ! Lors d’un travail sur écran, l’éclairement de la pièce doit être compris entre 200 et 300 lux et il ne doit pas y avoir des sources lumineuses dans le champ visuel direct. Le poste de travail sur lequel repose l’écran doit être placé à 1,5 mètres minimum de la fenêtre et placé perpendiculairement.
Autre risque que peut induire l’usage inapproprié des écrans : le stress.
En effet, en répétant le même travail mental, en devant attendre la réponse de l’ordinateur, en se formant à de nouveaux logiciels ou à de nouvelles méthodes de travail, le professionnel peut développer du stress face à son écran. L’exposition à de telles situations de travail doit pouvoir être contrôlée par le professionnel lui-même et par son encadrement hiérarchique.
De plus, le stress, tout comme l’utilisation excessive de l’écran, peut provoquer des tensions au niveau des cervicales qui peuvent être source de maux de tête et de migraines.
Lire aussi – Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), dangereux pour la santé au travail ?
Vigilance face à la lumière bleue des écrans
La lumière bleue est une partie du spectre de la lumière avec des longueurs d’ondes comprises entre 380 et 500 nanomètres. Cette lumière est émise par le soleil mais aussi par les lumières artificielles comme les ampoules LED et les écrans (tablettes, télévision, ordinateurs et portables).
La lumière bleue potentiellement néfaste pour les yeux est la lumière bleu-violet (380-450 nm) car elle accélère le vieillissement de la rétine. En effet, des études scientifiques (in vitro, in vivo sur l’animal et des études épidémiologiques) ont montré qu’une exposition intense et prolongée au rayonnement de lumière bleue naturelle (soleil) ou artificielle (écrans et ampoules LED) provoquait des lésions au niveau de la rétine et du cristallin.
La lumière bleu-violet est donc un facteur de risque pour :
- La survenue de la DMLA ou dégénérescence maculaire liée à l’âge ;
- La baisse de l’acuité visuelle ;
- La perturbation des rythmes biologiques et donc du sommeil lorsque l’exposition à cette lumière a lieu en soirée ou dans la nuit (la lumière bleue trouble la production de mélatonine, l’hormone du sommeil).
Par ailleurs, le rôle de cette lumière dans la cataracte est toujours suspectés et fait encore l’objet d’étude.
Pour se protéger, des solutions existent comme : l’utilisation de filtres anti-lumière bleue sur les écrans ou sur les lunettes de vue (ou lunette de confort), l’installation des éclairages de type « blanc chaud » (température de couleur inférieure à 3 000 kelvin) et l’usage approprié des écrans.
Par ailleurs, l’INRS rappelle que travailler une journée complète sur un écran n’est pas recommandé et qu’il faut alterner le travail avec d’autres tâches.
Si un changement d’activité est impossible, il faut alors adopter un rythme de pauses qui répond au type et à l’intensité des tâches réalisées sur l’écran.
Concrètement, l’INRS conseille d’aménager une pause de « 5 minutes toutes les heures » si l’activité sur écran est intense ou une « pause de 15 minutes toutes les deux heures » si la tâche nécessite une intensité modérée.
Lire aussi – La lumière bleue des LED néfaste pour la santé … et l’environnement
Julie P., Journaliste scientifique
– Travail sur écran – Prévention des Risques. INRS. Consulté le 24 septembre 2019.
– Travail sur écran. INSERM. Consulté le 25 septembre 2019.
– La lumière bleue des écrans est-elle nocive pour les yeux ? Liberation. Consulté le 25 septembre 2019.