Quels risques avec les tampons ?

Actualités Gynécologie

Rédigé par Charline D. et publié le 29 avril 2017

Le documentaire choc « Tampon, notre ennemi intime » diffusé sur France 5 ce mardi dénonçait les risques liés à l’utilisation des tampons hygiéniques. L’objectif de ce reportage illustré de témoignages de victimes est d’informer les femmes sur les dangers potentiels et d’inciter les autorités à prendre les mesures qui s’imposent. Santé sur le Net fait le point sur ce dossier.

tampons

La composition douteuse des tampons

Déjà en février 2016, le magazine « 60 millions de consommateurs » attirait l’attention sur le « silence » de la part des industriels concernant la composition des produits d’hygiène féminine et en particulier des tampons.

Une enquête avait été menée sur près de 11 références connues des Françaises. Les résultats ont révélé la présence de traces de dioxines (polluants environnementaux) dans les produits analysés des marques Nett et O.B et des résidus de dérivés halogénés pour la marque Tampax.

Par ailleurs, du glyphosate (substance hautement toxique retrouvée dans l’insecticide Round up) était retrouvé dans les protège-slips de la marque Organyc, censé être bio. Enfin, les serviettes hygiéniques Always n’étaient pas épargnées puisque des résidus de pesticides avaient été détectés.

Malgré les faibles quantités retrouvées, le risque zéro n’existe pas. Ainsi, le magazine appelait à l’évaluation scientifique du risque afin de prouver la sécurité des produits et à une réglementation obligeant les industriels à contrôler l’absence de substances toxiques dans leurs produits.

Le reportage diffusé en début de semaine sur France 5 relance donc le débat avec l’analyse des produits de 6 marques de tampons hygiéniques. L’auteur qualifie ces produits d’hygiène féminine de véritables poubelles chimiques en raison des nombreux composés retrouvés dans leur composition.

Les dioxines occupent encore une fois le devant de la scène, mais cette fois-ci, leur présence est confirmée par La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). D’autres résultats sont attendus cet été de la part de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses).

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Quels risques pour la santé ?

Les substances en cause retrouvées dans la composition des tampons hygiéniques ne sont présentes qu’en faibles quantités dans les produits d’hygiène féminine. Il est donc nécessaire avant tout de réaliser des tests scientifiques afin de déterminer quels risques sont encourus par l’utilisateur.

En effet, certains chercheurs estiment que la concentration de ces substances dans les tampons est bien trop faible pour affecter la santé de son utilisateur. Cependant, compte tenu du nombre de tampons qu’une femme peut utiliser au cours de sa vie, la question de l’accumulation de ces toxiques dans le corps reste légitime et nécessite des réponses.

Par ailleurs, un point important abordé dans le reportage est le risque potentiel de choc toxique. Les conséquences peuvent être dramatiques comme le témoigne dans le reportage le mannequin américain Lauren Wasser qui a dû être amputé d’une jambe. Cependant, il est important de faire le point sur cette pathologie : le syndrome du choc toxique est rare mais grave voire fatal (estimé aux alentours de 1‰ selon les pays).

Il est provoqué par la libération des toxines de la bactérie Staphylococcus aureus (Staphylocoque doré). Cette dernière est naturellement présente chez certains individus au niveau du nez, de la gorge, du vagin, de la peau, etc. Or, certaines variétés de cette bactérie, normalement inoffensive, produisent la toxine (TSST-1) en cause dans le syndrome. Le fait est que, parmi les femmes qui hébergent cette bactérie productrice de la toxine TSST-1, certaines n’ont pas développé de défense immunitaire contre elle. Ces dernières sont donc susceptibles de développer un syndrome de choc toxique soit :

  • Par l’utilisation d’un tampon super-absorbant ou trop longtemps en place fournissant alors un milieu de culture idéale aux bactéries présentes pour leur développement (cause de la moitié des chocs toxiques) ;
  • Après une chirurgie ;
  • Après une blessure, brûlure ou piqûre d’insecte.

A savoir ! Ce type de syndrome ne concerne pas uniquement les femmes, mais aussi les hommes et les enfants susceptibles d’héberger la bactérie également.

Dans l’attente d’un éclaircissement de la part des autorités de santé sur le sujet (normalement avant l’été) quelques gestes simples peuvent vous sauver la vie :

  • Eviter de garder un tampon plus de 4h ;
  • Choisir le format de tampon le moins absorbant (à l’aide des gouttes sur les paquets) ;
  • Consulter en cas de fièvre brutale, vomissements, vertiges, diarrhée, éruptions cutanées (symptômes caractéristiques d’un syndrome de choc toxique).

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Charline D., Pharmacienne

– Sécurité des tampons hygiéniques : de la fabrication à l’utilisation. Journal International de Médecine. Le 21 avril 2017.
– Tampons et protections féminines : une réglementation s’impose ! 60millions de consommateurs. Le 23 février 2016.