Syndrome du choc toxique : les dangers du tampon

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Rédigé par Estelle B. et publié le 29 juin 2018

La plupart des femmes utilisent des tampons périodiques au cours des règles. Connaissent-elles le risque de choc toxique lié aux tampons ? Santé Sur le Net fait le point sur ce syndrome méconnu du grand public.choc toxique tampon

Tampons périodiques et risque de choc toxique

Le syndrome du choc toxique menstruel est une maladie associée à l’utilisation de protections périodiques intra-vaginales (tampons, coupes menstruelles). Elle est due à une toxine produite par la bactérie Staphylococcus aureus (le staphylocoque doré) et se manifeste par :

  • Une fièvre importante (> 39°C) d’apparition brutale ;
  • Un malaise général ;
  • Des maux de tête ;
  • Des troubles digestifs (vomissements, diarrhée) ;
  • Une rougeur de la peau touchant parfois tout le corps ;
  • Une baisse de la tension artérielle ;
  • Une confusion ou une perte de conscience ;
  • Des atteintes rénales ou hépatiques;
  • Une nécrose (mort) de certains tissus (extrémités des doigts, nez, jambe, …) pouvant nécessiter une amputation.

Dans les cas les plus graves, le choc toxique peut entraîner le décès s’il n’est pas diagnostiqué rapidement. Parfois, après le traitement antibiotique adapté, il faut des mois voire des années aux femmes pour retrouver une vie normale.

Le syndrome du choc toxique survient chez les femmes porteuses de la bactérie au niveau de la flore vaginale (environ 1% des femmes selon les estimations). Lorsqu’elles n’utilisent pas de dispositifs intra-vaginaux, elles ne ressentent aucun symptôme lié à la présence de la bactérie. En revanche, le port prolongé d’un tampon périodique ou d’une coupe menstruelle favorise la stagnation du flux menstruel, ce qui crée un milieu de culture idéal pour le staphylocoque doré. La bactérie se met alors à proliférer et produit une grande quantité de toxine, qui passe dans le sang et provoque le choc toxique.

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Un phénomène en pleine recrudescence

Au début de l’utilisation des tampons, plusieurs cas de choc toxique ont été observés. Grâce aux précautions prises par les fabricants (par exemple l’arrêt de la commercialisation des tampons en polyacrylamide), le choc toxique avait quasiment disparu avant de réapparaître au début des années 2000. Le nombre de cas a ainsi progressé de 28% en 12 ans : 5 cas en 2004, 19 en 2011, plus de 20 en 2014. Un cas mortel et plusieurs cas d’amputations sont répertoriés. Ce phénomène affecte d’autres pays, comme les USA et le Canada.

Le choc toxique touche généralement les jeunes femmes en bonne santé, principales utilisatrices des protections hygiéniques intra-vaginales. La maladie reste heureusement rare, mais cette augmentation rapide du nombre de cas inquiète et interroge les spécialistes. Plusieurs hypothèses ont été proposées : des changements dans la composition des tampons, une évolution de la flore vaginale, une diminution des défenses immunitaires, un mauvais usage des tampons, etc. Reste maintenant à les vérifier.

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Une collecte nationale de tampons

Face à la recrudescence du nombre de cas de choc toxique lié aux tampons, le centre national de référence des staphylocoques des hospices civils de Lyon avait lancé en 2016 une campagne nationale de collecte de tampons périodiques .

Chaque femme pouvait demander un kit de collecte des tampons usagés auprès du centre de référence. Le kit s’accompagne d’un questionnaire sur les modèles de tampons utilisés (présence ou absence de voile protecteur, avec ou sans applicateur) et sur les conditions d’utilisation des tampons. En 48 heures, plus de 2 500 femmes volontaires ont souhaité participer à l’étude. En moins d’un mois, environ 6 000 demandes sont parvenues au centre. La campagne de collecte a donc été stoppée, le nombre de femmes volontaires ayant été largement dépassé.

Les participantes à l’étude pourront savoir si elles sont porteuses du staphylocoque doré. Cette vaste étude devrait permettre aux médecins de comprendre pourquoi une maladie qui avait presque totalement disparu refait ainsi surface. Est-ce lié à une modification de la composition des tampons, à un port prolongé des tampons ou encore à une évolution de la flore vaginale en lien avec l’alimentation ? Il faudra entre 6 mois et 1 an pour connaître l’ensemble des résultats de l’enquête. En attendant, les médecins insistent sur la nécessité de changer de tampon au minimum toutes les 4 heures. Précaution qui est d’ailleurs bien stipulée sur les notices d’utilisation.

A savoir ! Qu’y-a-t-il exactement dans les tampons périodiques ? L’étiquetage reste relativement flou. En marge de la collecte de tampons usagés, une pétition pour demander aux industriels une plus grande transparence sur la composition des tampons a déjà recueilli plus de 250 000 signatures. Elle faisait suite à la révélation en février 2016 de la présence de polluants (dioxines) dans certaines protections périodiques par l’association 60 millions de consommateurs.

Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Centre National de Référence des Staphylocoques. Hospices civils de Lyon. Enquête sur l’utilisation des tampons périodiques. Octobre 2016.
– Le monde. Les médecins inquiets d’un retour du choc toxique lié aux règles. 21 octobre 2016.
  • N’empêche que ça peut faire sourire, cette collecte géante, mais en attendant, on sera bien contentes d’avoir quelques données un peu factuelles là-dessus.
    Et s’il a été montré en 1960 que la cup était un facteur moins aggravant que le port du tampon (voir l’article sur le SCT sur mon blog http://coupemenstruelle.net/ ), ce serait bien d’en savoir plus à ce sujet en 2017 !
    Bref, vivement les résultats 🙂

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  • N’empêche que ça peut faire sourire, cette collecte géante, mais en attendant, on sera bien contentes d’avoir quelques données un peu factuelles là-dessus.
    Et s’il a été montré en 1960 que la cup était un facteur moins aggravant que le port du tampon (voir l’article sur le SCT sur mon blog http://coupemenstruelle.net/ ), ce serait bien d’en savoir plus à ce sujet en 2017 !
    Bref, vivement les résultats 🙂

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