Poussée dentaire du nourrisson


Rédigé par Estelle B. et publié le 7 décembre 2017

poussée dentaire nourrisson

Les poussées dentaires du nourrisson surviennent lors de la poussée des dents de lait. Bien que physiologiques, elles s’accompagnent parfois de douleurs et autres symptômes qui perturbent l’enfant et inquiètent les parents. Certains trucs et astuces s’avèrent parfois plus dangereux qu’efficaces, tandis que certains gestes peuvent soulager au mieux l’enfant et l’aider dans ces étapes nécessaires à l’élaboration de leur future dentition.

Dents de lait et dents définitives

Les premières dents, appelées dents primaires ou temporaires et plus communément dents de lait, sont au nombre de 20. Les premières à apparaître sont généralement les incisives centrales inférieures (les dents de devant du bas) avant les autres incisives (8 incisives vers 10 mois). Puis les autres apparaissent progressivement :

  • Les canines inférieures puis supérieures entre 12 et 24 mois ;
  • Les molaires du bas puis du haut avant 30 mois.

À savoir ! L’existence d’espaces entre les dents de lait, en particulier vers l’âge de 4-5 ans, est normale et correspond au développement physiologique de la mâchoire. Ces espaces sont ensuite remplis par les dents définitives, plus volumineuses.

Les premières dents définitives n’apparaissent que vers l’âge de 5-6 ans jusqu’à 12 ans environ. Les 4 dernières molaires, plus connus sous le nom de dents de sagesse, ne sont pas présentes chez tous les enfants et n’apparaissent que vers l’âge de 18-20 ans.

Les poussées dentaires

Les poussées dentaires correspondent à la poussée successive des dents de lait. Elles s’étalent généralement entre l’âge de 6 mois et 3 ans environ. Ce phénomène est extrêmement variable d’un enfant à l’autre, aussi bien en termes de symptômes associés à la poussée dentaire, que de la période de pousse des dents. En effet, certains enfants ne font leur première dent qu’à 18 mois, ce qui n’a aucune conséquence sur leur future dentition. A l’inverse, certains bébés naissent avec une ou deux dents.

À savoir ! Les dents natales sont les dents déjà présentes à la naissance et les dents néonatales celles qui apparaissent dans les semaines suivantes. Ce phénomène est rare et inexpliqué, même si une origine génétique est suspectée. Dans 5 à 10 % des cas, ces dents sont surnuméraires, c’est-à-dire qu’elles viennent en supplément des 20 dents de lait.

Les dents de lait se forment à l’intérieur des os de la mâchoire pendant la grossesse. Après la naissance, elles se déplacent progressivement pour sortir de la trame osseuse. Elles traversent ensuite la gencive et apparaissent dans la bouche de l’enfant. Elles continuent à pousser jusqu’à ce que toute la couronne dentaire soit visible, la racine restant dans l’os de la mâchoire. Les poussées dentaires correspondent à toutes les étapes de progression de la dent de lait de l’os de la mâchoire jusqu’à sa position finale.

A l’exception de maladies génétiques très rares, aucun enfant ne reste sans dent, et elles apparaissent toujours, plus ou moins tardivement. Dans la très grande majorité des cas, les enfants ont donc 20 dents de lait à 3 ans.

Les signes d’une poussée dentaire

Les poussées dentaires ne sont pas toujours clairement identifiables chez les enfants, car les symptômes associés peuvent être très variables. Parmi les signes les plus fréquemment évoqués, il est possible de citer :

  • Des douleurs variables à l’origine de pleurs inexpliqués, d’un enfant irrité ou agité ;
  • Une sécrétion abondante de salive, nécessaire pour hydrater la bouche de l’enfant et protéger la gencive au cours de la poussée dentaire, mais qui peut occasionner une rougeur du menton ;
  • Un besoin de mastiquer ou de mordiller ;
  • Des joues rouges ;
  • Des gencives enflées et sensibles à la pression, avec parfois une zone enflée, molle et foncée proche du lieu où la prochaine dent va percer ;
  • Un sommeil perturbé ;
  • Une fièvre modérée, généralement inférieure à 38°C ;
  • Une perte d’appétit ;
  • Un érythème fessier (fesses rouges).

À savoir ! Les poussées dentaires peuvent gêner l’enfant, mais en aucun cas le rendre malade. Il est important de ne pas attribuer aux poussées dentaires tout signe anormal. Certains symptômes ne peuvent pas être liés à une poussée dentaire et doivent amener à consulter rapidement un médecin :

  • Une fièvre supérieure à 38,5°C ;
  • Des diarrhées ;
  • Tout signe inhabituel ;
  • Une altération de l’état général.

Les bons gestes lors des poussées dentaires

Chez certains enfants, les poussées dentaires passent presque inaperçues et les dents apparaissent sans signes annonciateurs. Il est alors recommandé de laisser faire ce processus physiologique sans intervenir.

En revanche, chez d’autres enfants, les poussées dentaires s’accompagnent de différents symptômes susceptibles d’altérer leur bien-être. Plusieurs gestes peuvent être conseillés pour soulager au maximum ces enfants et permettre que les dents poussent sans trop les perturber. Parmi les gestes possibles, nous pouvons citer les suivants :

  • Administrer un médicament antalgique : le Paracétamol en cas de douleurs et/ou de fièvre. Ne pas donner d’Ibuprofène ou d’Aspirine sans avis médical.
  • Donner à l’enfant un anneau de dentition homologué et conforme aux normes en vigueur, préalablement réfrigéré. De préférence, il est conseillé d’utiliser un anneau sans liquide.
  • Certaines souches homéopathiques sont conseillées dans les poussées dentaires, en particulier Chamomilla vulgaris, même si aucune étude scientifique n’a jusqu’ici apporté la preuve de leur efficacité. Des formules homéopathiques contenant plusieurs souches et formulées sous forme de gouttes sont disponibles en pharmacie.
  • Masser les gencives de l’enfant avec le doigt parfaitement lavé.
  • Essuyer régulièrement le visage de l’enfant pour prévenir les irritations dues à la salive.
  • En fonction de l’âge de l’enfant, privilégier des aliments froids comme les compotes ou les yaourts.

Idées reçues et erreurs à éviter

De nombreux remèdes de grand-mère circulent sur les poussées dentaires. Or certains gestes peuvent avoir des conséquences négatives sur l’enfant, et aucune étude scientifique ne permet de prouver leur efficacité sur les douleurs liées aux dents :

  • Eviter tous les gestes susceptibles de favoriser les caries : donner de l’eau sucrée, masser les gencives avec du miel, donner du sirop, donner des biscuits de dentition, …
  • Ne pas appliquer de gels « anesthésiants » qui peuvent être avalés par l’enfant et perturber son réflexe de déglutition.
  • Ne pas donner de fruits ou légumes crus susceptibles de provoquer des fausses routes.
  • Ne jamais percer la gencive de l’enfant pour aider la dent à sortir, au risque de blesser l’enfant et de provoquer une infection.
  • Ne pas placer d’Aspirine sur ses gencives.
  • Ne jamais frotter les gencives avec de l’alcool.
  • Ne pas mettre de collier d’ambre au poignet ou autour du cou de l’enfant.

Poussées dentaires et prévention bucco-dentaire

Les dents de lait, bien que temporaires, jouent des rôles très importants :

  • Elles permettent le développement et la pousse des dents définitives ;
  • Elles sont indispensables pour s’alimenter et parler.
  • Elles sont un élément essentiel du visage de l’enfant.

L’instauration d’une bonne hygiène dentaire est donc nécessaire très précocement. Une première visite chez le chirurgien-dentiste est conseillée dès l’âge de 1 an et doit avoir lieu avant l’âge de 3 ans. Elle permet de détecter les enfants ayant une fragilité dentaire et d’être informé sur la prévention buccodentaire.

Dès l’apparition des premières dents, il est recommandé d’introduire la brosse à dents et le dentifrice pour minimiser le risque de caries. Il est impératif d’utiliser une brosse à dents et un dentifrice, tous les deux adaptés à l’âge de l’enfant, car les taux de fluor varient selon les dentifrices et les petits enfants avalent fréquemment le dentifrice. Par exemple, il est strictement déconseillé de brosser les dents d’un enfant avec un dentifrice pour adultes, qui présente une concentration trop importante en fluor. Au départ, le brossage est réalisé par l’adulte, puis progressivement l’enfant prend le relais.

À savoir ! Les dents de lait sont plus vulnérables face aux caries que les dents définitives. Les caries peuvent empêcher un enfant de bien manger, de bien dormir ou de bien parler. De plus, la survenue précoce de caries augmente le risque d’en développer plus tard, voire à l’âge adulte.

Le plus tôt possible, il est recommandé d’aider l’enfant à perdre l’habitude de sucer son pouce ou une tétine, qui peut perturber la croissance des mâchoires et entraîner une mauvaise position des dents. Si ces habitudes persistent au-delà de l’âge de 4 ans, il est conseillé de consulter un chirurgien-dentiste.

Sur le plan alimentaire, il est important de limiter la consommation d’aliments ou de boissons sucrées, favorisant l’apparition des caries. Il faut par ailleurs éviter que les enfants ne s’endorment avec leur biberon.

Estelle B. / Docteur en Pharmacie

– Poussées dentaires. AMELI Santé. 22 mars 2017.
– Poussées dentaires. Mpedia.fr. Consulté le 29 novembre 2017.
– La poussée  dentaire (dents chez les nourrissons). Pediatre-online. 23 février 2017.