L’accouchement est sans contexte le point d’orgue de la grossesse, avec la naissance de l’enfant tant attendu pendant neuf mois. Mais il est aussi source de mille et une questions pour les futurs parents : Quelle maternité choisir ? Quand y partir ? Doit-on craindre les forceps ou l’épisiotomie ? Faut-il demander une péridurale ? Dans tous les cas, une étape à laquelle il faut se préparer dès le second trimestre de la grossesse.
Définition et déroulement de l’accouchement
Avant l’accouchement
Dès les premiers mois de grossesse, la femme enceinte doit envisager dans quel établissement de santé elle souhaite accoucher. Ce choix repose sur un certain nombre de critères :
- L’état de santé de la femme enceinte ;
- Le déroulement de la grossesse ;
- La proximité géographique entre son domicile et la maternité ;
- La préférence pour un hôpital publique ou une clinique privée ;
- La prise en charge des frais médicaux par l’Assurance Maladie et/ou les complémentaires santé.
Il est important de se renseigner rapidement sur les différentes maternités, et notamment sur les modalités d’accouchement qu’elles pratiquent : la proportion de césariennes, la durée moyenne de séjour, l’existence d’un espace physiologique, la possibilité d’accouchement dans l’eau, etc.
Les maternités, qu’elles soient publiques ou privées, sont classées en trois catégories, selon le niveau des équipements de soins :
- Dans les maternités de niveau 1, au moins une sage-femme est présente 24heures/24, et une équipe constituée d’un obstétricien, d’un anesthésiste et d’un pédiatre est présente ou rapidement sur place ;
- Les maternités de niveau 2 possèdent en plus un service de néonatalogie et parfois des services de réanimation adulte et de soins intensifs de néonatalogie ;
- Dans les maternités de niveau 3, se trouvent également un service de réanimation néonatale et un service de radiologie interventionnelle pour les grossesses à haut risque.
Les femmes, dont la grossesse se déroule normalement, peuvent accoucher dans tous les types de maternités, tandis que les grossesses à risque ou les grossesses pathologiques nécessitent un accouchement dans une maternité de niveaux 2 ou 3.
Par ailleurs, certaines femmes souhaitent accoucher à leur domicile et doivent alors remplir plusieurs conditions :
- Etre en parfaite santé ;
- Avoir un déroulement normal de la grossesse ;
- Avoir d’éventuels antécédents d’accouchements sans aucun problème ;
- Attendre un seul enfant, avec une présentation adéquate pour un accouchement physiologique ;
- Avoir été informée des risques encourus pour elle et/ou son bébé.
Ce type particulier d’accouchement est pratiqué par certaines sages-femmes, en accord avec l’équipe médicale vers laquelle la femme enceinte sera dirigée en cas de problème.
Pour bien se préparer à l’accouchement, les séances de préparation à la naissance sont capitales. Elles sont l’occasion à la fois de recevoir de nombreuses informations sur le déroulement de l’accouchement, mais aussi de poser toutes les questions suscitées chez les deux parents. Ces séances sont intégralement prises en charge par l’Assurance Maladie.
Qu’est-ce que l’accouchement ?
L’accouchement comporte plusieurs étapes du début du travail jusqu’à la délivrance. Le travail correspond à la survenue de contractions utérines régulières, douloureuses et efficaces (c’est-à-dire qui provoquent la dilatation du col de l’utérus).
Leur fréquence augmente progressivement d’une contraction toutes les 5 à 10 minutes, jusqu’à atteindre une contraction toutes les 1 à 2 minutes.
Le travail peut se déclencher à n’importe quel moment en fin de grossesse. La perte du bouchon muqueux, assurant jusqu’à là l’étanchéité du col de l’utérus depuis le début de la grossesse, ne signifie pas systématiquement que le travail va débuter rapidement.
Le travail est plus ou moins long selon les femmes. Sa durée varie selon les femmes : en moyenne entre 10 et 15 heures) et comporte trois phases :
- La phase de dilatation du col et d’engagement du bébé dans le bassin maternel durant laquelle le col se dilate lentement jusqu’à 4 cm, puis plus rapidement à raison d’1 cm/heure jusqu’à dilatation complète (10 cm) ;
- La phase d’expulsion (naissance du bébé) grâce aux poussées effectuées par la femme enceinte au moment des contractions utérines ;
- La phase de délivrance (sortie du placenta) a lieu dans les 30 minutes après la naissance. Généralement, cette phase est spontanée, mais dans certains cas, le placenta se décolle mal et l’obstétricien doit effectuer une révision utérine, pour s’assurer qu’aucun reste de placenta ne subsiste dans la cavité utérine. Les résidus placentaires peuvent en effet provoquer une hémorragie maternelle ou des problèmes infectieux.
À savoir ! Le faux travail fait référence à un épisode de contractions régulières, douloureuses, mais inefficaces ou peu. En effet, le col ne se modifie que légèrement voire pas du tout. Ce type d’épisode peut durer plusieurs heures et s’arrête brutalement. Il peut se reproduire plusieurs fois au cours des jours qui précèdent la naissance.
D’une manière générale, il est recommandé aux femmes enceintes de se rendre à la maternité, lorsqu’elles ressentent des contractions régulières toutes les 2 minutes depuis 2 heures. Mais d’autres facteurs peuvent amener la femme enceinte à se rendre plus rapidement à la maternité :
- La perte des eaux (fissure ou rupture de la poche de liquide amniotique) ;
- Des pertes de sang ;
- Des douleurs liées aux contractions difficilement supportables ;
- La diminution des mouvements du fœtus.
Les femmes enceintes ne doivent pas se rendre seules à la maternité. Si personne ne peut les y accompagner, elles doivent contacter les services de secours (pompiers, SAMU), qui la prendront en charge.
A l’arrivée à la maternité, les sages-femmes accueillent la femme enceinte et surveillent le déroulement du travail grâce :
- Au toucher vaginal pour mesurer la dilatation du col ;
- Au monitoring fœtal qui consiste à enregistrer les contractions utérines et le rythme cardiaque du fœtus.
Pour faciliter et accélérer la dilatation du col, les membranes de la poche des eaux peuvent être rompues par la sage-femme.
Une anesthésie péridurale peut être proposée à la femme enceinte dès le début du travail (à partir de quelques cm de dilatation). Ce type d’anesthésie permet de supprimer les douleurs liées aux contractions, tout en permettant à la femme enceinte de rester consciente pendant l’accouchement. Le produit anesthésique est injecté entre deux vertèbres lombaires et permet d’anesthésier le bas du corps, de l’abdomen jusqu’aux pieds.
L’expulsion du bébé
Lorsque le col de l’utérus est à dilatation complète, le bébé est engagé dans le bassin maternel et la femme enceinte doit pousser pour expulser son bébé vers l’extérieur. Une fois sorti, la sage-femme coupe le cordon ombilical qui relie le fœtus à sa mère.
À savoir ! Dans beaucoup de maternités, il est possible de réaliser un don du sang de cordon de son enfant. Il est prélevé juste après la naissance, ce geste est sans danger pour la mère et l’enfant et n’a aucune conséquence sur le déroulement de l’accouchement. Le sang de cordon représente une alternative à une greffe de moelle osseuse pour de nombreux patients.
Pour en savoir plus sur le don du sang de cordon
Cette phase d’expulsion doit être rapide (moins de 30 minutes), pour éviter une souffrance fœtale. Si les poussées sont inefficaces ou que la durée de cette phase se prolonge, la sage-femme et l’obstétricien peuvent décider de recourir à des techniques instrumentales pour faciliter l’expulsion du fœtus :
- Les forceps (cuillères en métal ou en plastique reliées entre elles) sont des instruments de traction qui permettent de guider le bébé dans le bassin maternel ;
- Les spatules (cuillères en métal ou en plastique non reliées entre elles) servent à guider le bébé vers la sortie ;
- La ventouse complète les efforts de poussée de la mère en améliorant la flexion de la tête de l’enfant.
Pour prévenir tout risque de déchirure vaginale, une épisiotomie est souvent pratiquée avant l’utilisation de ces instruments. Ce geste chirurgical consiste à sectionner une partie du périnée.
L’usage de ces instruments est réservé à l’obstétricien et doit être effectué sous anesthésie locale, péridurale ou générale selon les cas. Si ce recours s’avère également inefficace, une césarienne en urgence peut être envisagée.
Bien que la majorité du temps, le travail se déclenche spontanément, il arrive que l’accouchement soit provoqué pour plusieurs raisons médicales :
- La femme enceinte souffre d’une maladie incompatible avec la poursuite de la grossesse ;
- Le futur bébé montre des signes de souffrance fœtale ;
- La poche des eaux se rompt prématurément avant le terme (risque d’infection pour le fœtus) ;
- Le terme de la grossesse est dépassé de plusieurs jours (généralement au moins 6 jours).
Le déclenchement peut alors avoir lieu quel que soit l’état du col de l’utérus et parfois plusieurs semaines avant le terme. Par ailleurs, un déclenchement peut être accordé par l’équipe médicale pour convenance personnelle de la mère, après 39 semaines d’aménorrhée et à condition que le col soit ramolli et légèrement ouvert.
Le déclenchement artificiel du travail implique le déclenchement volontaire des contractions utérines pour engager le travail. Il se pratique par deux méthodes, qui peuvent être utilisées indépendamment ou successivement :
- L’administration intra-vaginale d’un gel de prostaglandines (hormones produites par l’organisme pour préparer l’utérus au travail) ;
- La perfusion intraveineuse d’oxytocine (dérivé de synthèse de l’ocytocine, hormone produite au moment de l’accouchement pour provoquer des contractions utérines), associée à la rupture de la poche des eaux.
Dès le déclenchement, un monitoring fœtal est installé. Les contractions induites par le déclenchement sont souvent plus douloureuses que lors du travail spontané. Il peut arriver après un déclenchement que les circonstances du travail provoqué nécessitent une césarienne en urgence.
La voie basse ou la césarienne
La grande majorité des femmes enceintes (environ 80 %) accouchent par voie basse, c’est-à-dire que l’enfant naît par les voies naturelles. Dans les autres cas, l’accouchement a lieu par césarienne, un mode d’accouchement qui peut être nécessaire dans un certain nombre de situations, parmi lesquelles :
- La femme enceinte souffre d’un état de santé fragile ou d’une maladie qui déconseillent ou contre-indiquent un accouchement par voie basse ;
- Le bassin maternel est trop étroit pour le passage du fœtus ;
- Le fœtus se présente dans une position qui rend difficile voire dangereux un accouchement par voie basse ;
- Le cordon ombilical entoure le fœtus et risque de l’étouffer ;
- La grossesse est à risques ou pathologiques ;
- La femme enceinte a déjà accouché une ou plusieurs fois par césarienne. Son utérus, dit cicatriciel, est plus fragile ;
- La femme enceinte souffre d’une infection génitale ou générale qu’elle pourrait transmettre au fœtus en cas d’accouchement par voie basse ;
- Le travail dure trop longtemps, la femme enceinte trop fatiguée n’arrive plus à pousser ou le fœtus supporte mal le travail (souffrance fœtale).
A savoir ! La présentation du fœtus correspond à sa position par rapport au bassin au cours du dernier mois de grossesse :
- La présentation en sommet ou céphalique, lorsque la tête du fœtus est vers le bas, engagé dans le bassin maternel. Cette présentation est la plus fréquente et la plus adaptée pour un accouchement par voie basse.
- La présentation en siège ou podalique, lorsque le fœtus a la tête vers le haut. Ses fesses (siège décomplété) ou ses jambes (siège complet) sont alors au niveau du bassin maternel.
- La présentation transverse, avec le fœtus couché sur le bassin.
La présentation du fœtus est généralement observée lors de la troisième échographie obstétricale au cours du 8ème mois. Si elle n’est pas céphalique, elle est surveillée jusqu’au 9ème mois pour décider d’un éventuel recours à une césarienne. Parfois, une manœuvre de retournement du fœtus peut être tentée par l’obstétricien sous contrôle échographique et monitoring fœtal.
Selon les indications de la césarienne, elle peut être pratiquée selon deux modes :
- Une césarienne dite programmée : la date est fixée plusieurs semaines ou jours avant l’intervention ;
- Une césarienne en urgence, lorsque l’état de santé de la mère ou du fœtus ou encore le déroulement de l’accouchement imposent une expulsion rapide du fœtus.
La césarienne est une intervention chirurgicale, effectuée au bloc opératoire sous anesthésie, avec plusieurs types d’anesthésie possibles :
- Une anesthésie péridurale ;
- Une rachianesthésie (anesthésie locorégionale de l’ensemble du bas du corps, de l’abdomen aux pieds) ;
- Une anesthésie générale.
Conséquences possibles de l’accouchement
L’accouchement est, dans la très grande majorité des cas, sans conséquence pour la mère et le bébé. Mais, des complications peuvent néanmoins survenir :
- Pour la mère :
- Une rétention placentaire (la délivrance du placenta ne se fait pas normalement) ;
- Une hémorragie grave et abondante, qui survient dès l’expulsion du bébé ou jusqu’à plusieurs heures après. Une prise en charge urgente est indispensable et des transfusions sanguines peuvent être nécessaires ;
- Une fièvre indiquant une infection ;
- Des douleurs liées à la cicatrisation de l’épisiotomie ;
- Pour l’enfant :
- Une souffrance fœtale au cours du travail, qui peut justifier la réalisation d’une césarienne en urgence ;
- Une infection, dont le risque est majoré dans certaines circonstances (rupture de la poche des eaux plus de 12 heures avant l’expulsion, liquide amniotique coloré et trouble, travail long, fièvre maternelle dans les jours précédant l’accouchement, placenta anormal) ;
- Des hématomes ou des rougeurs sur le visage suite à l’utilisation de forceps ou de spatules ;
- Une bosse sur la tête suite à l’usage de la ventouse.
En conséquence, la mère et le bébé sont surveillés étroitement par l’équipe médicale hospitalière puis par des sages-femmes libérales dans les heures et les jours qui suivent l’accouchement. La survenue de tout symptôme anormal doit amener à consulter rapidement un médecin.
Publié le 19 avril 2017 par Estelle B., Docteur en Pharmacie . Mis à jour par Charline D., Docteur en pharmacie, le 2 août 2021.