La cholestase gravidique fait partie des diverses affections qu’une femme enceinte est susceptible de rencontrer durant les 9 mois de gestation. Cette maladie hépatique est transitoire. Elle est caractérisée par la présence d’intenses démangeaisons associées ou non à des nausées, une coloration des urines, une décoloration des selles, de la fatigue et une jaunisse. Cette maladie augmente le risque de pré éclampsie, de diabète gestationnel, d’accouchement prématuré et de mort in utéro. Le diagnostic d’une cholestase gravidique est biologique, il repose sur la mise en évidence de l’élévation du taux d’acides biliaires dans le sang. Sa prise en charge implique du repos associé à un traitement médicamenteux pour diminuer le taux d’acides biliaires dans le sang.
Définition et symptômes d’une cholestase gravidique
Une atteinte hépatique rare
Une cholestase gravidique est une affection transitoire qui touche le foie et la vésicule biliaire durant la grossesse.
Elle correspond à une élévation du taux d’acides biliaires dans le sang tandis que d’ordinaire ils circulent dans la bile. Cette dernière est un liquide visqueux sécrété par les cellules du foie, les hépatocytes, destinée à être déversée dans les intestins afin de participer à la digestion des aliments gras.
La cholestase gravidique se manifeste aux termes du deuxième trimestre ou durant le troisième trimestre de grossesse. Cette atteinte concerne 1% des femmes enceintes dans le monde. Par ailleurs, on dénombre environ 15% de formes familiales, et un taux très élevé de récidive (entre 40% et 60%) qui suggère l’implication de facteurs génétiques. Cependant, d’autres facteurs semblent avoir un impact sur la survenue de la maladie : le nombre de grossesse, les grossesses multiples, l’âge de la mère, le taux de vitamine D et le syndrome LPAC (Low phospholipid associated cholelithiasis).
Chez une femme enceinte souffrant de cholestase gravidique, la bile s’accumule au niveau du foie, et les acides biliaires qui la composent finissent par entrer dans la circulation sanguine. Ces derniers se déposent ensuite sur les organes et les tissus, notamment la peau, et sont responsables de démangeaisons intenses.
Un prurit caractéristique
Une cholestase gravidique se traduit par d’intenses démangeaisons au niveau de la paume des mains et de la plante des pieds. Ces démangeaisons ont tendance à s’accentuer le soir et la nuit. Elles peuvent se généraliser sur la totalité du corps, et plus particulièrement au ventre.
A noter ! Les démangeaisons au niveau du ventre sont fréquentes chez les femmes enceintes, et ne sont pas systématiquement en lien avec une cholestase gravidique. Elles sont généralement causées par une sécheresse cutanée ou une allergie.
En cas de cholestase gravidique, d’autres symptômes peuvent être associés :
- Des urines foncées et des selles plus claires ;
- Des nausées associées à une diminution de l’appétit ;
- Une jaunisse (ou ictère) ;
- De la fatigue en lien avec les insomnies causées par les démangeaisons nocturnes.
Les complications possibles d’une cholestase gravidique sont fœtales et maternelles. Elle augmente, en effet, le risque de prématurité et de mort in utéro du côté de l’enfant à naître, d’hémorragie post-partum, de pré éclampsie et de diabète gestationnelle chez la mère.
Cholestase gravidique, diagnostic et traitement
Cholestase gravidique, un diagnostic clinique et biologique
Une consultation gynécologique en urgence est indispensable lorsque :
- Les démangeaisons s’intensifient ou s’aggravent ;
- En cas de fatigue importante et de sensation de malaise ;
- Si les mouvements du bébé sont moins voire plus du tout perceptibles.
Le diagnostic d’une cholestase gravidique repose sur la réalisation d’un examen cutané pour constater les démangeaisons, associé à un bilan sanguin. Les résultats de ce dernier révèlent une élévation des enzymes hépatiques (ASAT et ALAT) en cas de cholestase gravidique. Par ailleurs, une augmentation de la concentration sanguine des acides biliaires permet de confirmer le diagnostic et d’analyser la sévérité de l’affection.
Une échographie des voies biliaires et du foie peut compléter le diagnostic.
Des médicaments pour diminuer le taux d’acides biliaires
La prise en charge d’une cholestase gravidique implique le repos de la future maman. Il faut à tout prix éviter le surmenage, le stress et l’anxiété afin de favoriser la guérison.
Le médecin peut prescrire un traitement à base d’acide ursodésoxycholique jusqu’à l’accouchement afin de diminuer le taux d’acides biliaires, ce qui permet de soulager les démangeaisons.
Dans les formes sévères dans lesquelles un ictère ou un trouble de la coagulation est associé, une corticothérapie et une cure de vitamine K sont prescrits.
Une surveillance médicale rapprochée
En parallèle, une surveillance médicale accrue est instaurée afin d’éviter tout risque de complication pour la mère et l’enfant. Des bilans sanguins sont réalisés très régulièrement pour suivre le taux d’acides biliaires dans le sang. Le suivi est complété par des échographies et des monitorings réguliers.
Dans la plupart des cas, une hospitalisation est nécessaire à partir de la 36ème semaine d’aménorrhée pour une surveillance optimale. L’accouchement peut être provoqué dès la 37ème semaine d’aménorrhée si les médecins le jugent nécessaire. A la 39ème semaine d’aménorrhée, le déclenchement est quasiment systématique.
Après l’accouchement, la cholestase gravidique disparaît. Cependant, elle peut récidiver à l’occasion d’une prochaine grossesse.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Cholestase gravidique. www.fmcgastro.org. Consulté le 15 février 2023.