Adénomyose

Une adénomyose, également appelée endométriose interne ou intra-utérine, est caractérisée par l’infiltration de cellule de l’endomètre (muqueuse utérine) dans le myomètre (muscle utérin).  Autrement dit, cette pathologie est à bien différencier de l’endométriose qui peut se propager à d’autres organes que l’utérus. L’adénomyose est fréquente et bénigne, mais au quotidien, elle peut être douloureuse et invalidante pour les patientes. Elle est fréquemment associée à l’endométriose. Tout comme cette dernière, les douleurs et les saignements sont les principaux symptômes de l’adénomyose. Le diagnostic est clinique puis confirmé par une IRM et/ou une échographie pelvienne. Le seul diagnostic de certitude est l’analyse histologique de l’utérus qui implique son ablation. Cette intervention n’est réalisée que chez les femmes symptomatiques n’ayant plus de projet de grossesse. La prise en charge, lorsqu’elle est nécessaire, est médicamenteuse ou chirurgicale. Il y a deux types de chirurgie. La chirurgie dite conservatrice qui repose sur l’élimination des lésions en préservant un maximum l’utérus, et l’hystérectomie qui implique le retrait de l’utérus.

Définition et symptômes de l’adénomyose

Qu’est-ce que c’est ?

Une adénomyose correspond à un ensemble de modifications se manifestant strictement au niveau de l’utérus. L’adénomyose se traduit par la présence d’endomètre (muqueuse utérine) à l’intérieur du myomètre (paroi musculaire de l’utérus).

À savoir ! Comment différencier une adénomyose et une endométriose ?

Tout comme l’endométriose, l’adénomyose est une affection gynécologique qui se caractérise par la présence de tissu endométrial en dehors de l’endomètre. Cependant, dans le cas de l’adénomyose, ce tissu reste localisé dans la cavité utérine, à l’intérieur du muscle utérin (myomètre), sans se propager à d’autres tissus et organes comme c’est le cas pour l’endométriose.

À noter ! Une adénomyose peut survenir de façon physiologique chez les femmes de plus de 40 ans. Elle est, dans ce cas-là, assimilée au vieillissement de l’utérus. En revanche, lorsque l’adénomyose survient chez la femme jeune, généralement associée à l’endométriose, elle est considérée comme étant une pathologie à part entière. Elle peut causer des saignements et des douleurs en dehors des menstruations.

L’adénomyose concerne entre 11 et 13% des femmes. Elle est associée à l’endométriose dans 6 à 20% des cas. L’adénomyose semble être plus fréquente chez les femmes ayant eu plusieurs enfants, ou ayant une hyperplasie endométriale (endomètre trop développé).

L’origine exacte de l’adénomyose est encore inconnue. L’hypothèse qui semble faire consensus consiste à dire que l’envahissement du myomètre par l’endomètre passe par la formation de plusieurs invaginations qui se ramifient par la suite en microkystes.

La formation des microkystes d’endomètre au sein du myomètre a plusieurs conséquences. La première d’entre elles est une quantité plus importante de sang perdue lors des règles. La seconde conséquence des microkystes est la perte de sang en dehors des règles, car les kystes éliminent le sang qu’ils contiennent. Ces pertes déclenchent des phénomènes inflammatoires qui expliquent les douleurs.

Les saignements et les douleurs en dehors des menstruations peuvent également se manifester lorsque l’abdomen est comprimé par exemple lors de rapports sexuels ou d’une activité sportive.

Enfin, l’aspect de l’utérus est modifié puisqu’il se gorge progressivement de sang :

• Son volume est augmenté. La taille de l’utérus peut être multipliée par 2 ou 3 ;
• Sa consistance est plus molle ;
• Son aspect est plus arrondi ;
• Sa couleur est modifiée.

Plusieurs formes d’adénomyose sont décrites. On parle de forme diffuse lorsque les microkystes sont répartis assez uniformément dans la paroi utérine. L’adénomyose est dite focale lorsqu’il existe des foyers de microkyste dans la paroi utérine.

Quels symptômes ?

Les manifestations d’une adénomyose sont proches de celles de l’endométriose, qui est, par ailleurs, souvent associée.

La maladie se traduit par :

• Des douleurs pendant les règles (ou dysménorrhées), les rapports sexuels (dyspareunies) et entre les règles. Les douleurs de règles concernent 30% des femmes souffrant d’adénomyose ;
• Des saignements. On parle de ménorragies lorsque les menstruations sont plus longues et abondantes. Ce type d’hémorragie est rencontré chez 1 patiente sur 2. Les pertes de sang en dehors des règles sont appelées des métrorragies. Elles concernent 20% des femmes atteintes d’adénomyose.

À savoir ! Dans la majorité des cas, l’adénomyose est asymptomatique. Les symptômes sont plus fréquents chez les femmes de 35 à 40 ans.

À noter ! Les symptômes s’apaisent, voire disparaissent, généralement avec la ménopause.

Chez certaines patientes, l’adénomyose est associée à une endométriose ou un fibrome utérin.

Lorsque l’adénomyose est sévère, elle peut être à l’origine d’une réaction inflammatoire gênant l’implantation d’un embryon. Par ailleurs, le risque de fausse-couche est multiplié par 2.

Diagnostic et traitement de l’adénomyose

Quel est son diagnostic ?

Son diagnostic est clinique dans un premier temps. Autrement dit, il repose sur les symptômes et l’auscultation de la patiente.

Des examens d’imagerie (échographie et IRM pelvienne) sont prescrits pour confirmer une adénomyose.

L’échographie pelvienne est l’examen de première intention. Il permet de visualiser l’augmentation de la taille de l’utérus, l’épaississement du myomètre et le changement de forme de l’utérus. Idéalement, l’examen doit être réalisé en 2^ème partie du cycle, et si possible par voie endovaginale (insertion de la sonde d’échographie dans le vagin pour avoir une meilleure visibilité).

L’IRM (Imagerie par résonnance magnétique) est l’examen de seconde intention. Il est surtout réalisé lorsqu’une endométriose associée est suspectée. Il est préférable de réaliser l’examen en dehors du cycle.

À noter ! La confirmation définitive du diagnostic nécessite une analyse microscopique de l’utérus impliquant une hystérectomie (ablation de l’utérus), une option inenvisageable pour les jeunes femmes ayant un projet de grossesse.

Quel traitement ?

La prise en charge de l’adénomyose est symptomatique. Elle a pour objectif de contrôler les symptômes afin de permettre aux patientes d’avoir une vie normale. Lorsqu’il n’y a pas de symptôme, une simple surveillance est instaurée.

Comme pour l’endométriose, le traitement médicamenteux (pilule contraceptive, dispositif intra-utérin) repose sur le blocage de l’ovulation et sur la suppression des menstruations. Ainsi, l’endomètre s’atrophie et les hémorragies sont diminuées voire supprimées.

Les résultats obtenus avec le traitement sont très variables d’une femme à une autre. Chez certaines, les saignements et les douleurs peuvent persister malgré tout.

Un traitement chirurgical peut également être envisagé. Il peut être conservateur ou non (retrait de l’utérus). La chirurgie conservatrice consiste à retirer les zones d’adénomyose pour diminuer les symptômes de la patiente.

L’embolisation des artères utérines est l’un des traitements conservateurs qui peut être proposé. Cette intervention consiste à placer des petites billes de gel dans les artères afin de réduire l’intensité des hémorragies. Il permet de conserver la fertilité des patientes. Cependant, dans près d’un cas sur deux, les symptômes réapparaissent dans les deux ans.

À noter ! Cette méthode est généralement utilisée pour les hémorragies de la délivrance après un accouchement.

Enfin, des traitements antalgiques (anti-inflammatoires, opiacés) peuvent être prescrits aux patientes souffrant de douleurs.

À savoir ! Un soutien psychologique peut être prescrit aux femmes qui en ressentent le besoin, tout particulièrement, pour celles qui ont une endométriose associée.

Charline D., Docteur en pharmacie