Hypertrophie bénigne de la prostate


Rédigé par Charline D. et publié le 26 janvier 2024

Hypertrophie bénigne de la prostate

 

L’hypertrophie bénigne de la prostate, abrégée en HBP est une affection masculine fréquente et bénigne au cours de laquelle la prostate gonfle et peut gêner l’émission d’urine. Le diagnostic est clinique, il repose sur un questionnaire détaillé à propos des symptômes et un toucher rectal. La prise en charge dépend de l’impact de l’affection sur la qualité de vie des patients. Elle peut impliquer des mesures hygiéno-diététiques associées ou non à un traitement médicamenteux ou chirurgical.

Définition et symptômes

Qu’est-ce que l’hypertrophie bénigne de la prostate ?

La prostate est une glande localisée sous la vessie, au niveau du carrefour entre l’appareil urinaire et l’appareil génital. Deux sphincters contrôlent la miction (ou évacuation de l’urine) : le sphincter lisse au niveau du col vésical, et le sphincter strié sous la prostate.

La prostate participe à l’élaboration du sperme. Elle produit 2/3 du liquide séminal et des enzymes permettant de fluidifier le sperme, dont le PSA (Prostatic Specific Antigen).

L’hypertrophie bénigne de la prostate, aussi appelée hyperplasie bénigne ou adénome prostatique, est plutôt le fruit de l’évolution naturelle de la prostate qu’une pathologie. Cette affection est due à l’âge. Elle se caractérise par une augmentation progressive du volume de la prostate en lien avec une prolifération du nombre de cellules prostatiques.

À savoir ! Dans l’hypertrophie bénigne de la prostate, les cellules qui se multiplient ne sont pas cancéreuses. Cette pathologie est bénigne est n’augmente pas le risque de développer un cancer de la prostate

Elle est dite clinique lorsqu’elle est à l’origine de symptômes au moment et en dehors de la miction à cause de la compression de l’urètre par la prostate hypertrophiée. A noter que aucun parallélisme ne peut être fait entre le volume de la prostate et l’intensité des symptômes.

L’hypertrophie bénigne de la prostate est l’un des troubles bénins les plus fréquents chez les hommes de plus de 40 ans. Elle est présente chez plus de 80% des hommes de plus de 80 ans. Selon l’Association Française d’Urologie, environ 2 millions d’hommes ont des troubles urinaires en France, et la moitié d’entre eux sont traités pour une hypertrophie bénigne de la prostate. On estime que près d’un homme sur 10 aura besoin d’un traitement chirurgical pour ce trouble.

Quels symptômes ?

 

Une hypertrophie bénigne de la prostate peut être totalement asymptomatique.

Lorsqu’un patient présente une forme dite clinique de l’affection, divers symptômes peuvent apparaître pendant et en dehors de la miction. En effet, en grossissant la prostate peut engendrer une obstruction plus ou moins importante de l’urètre pouvant aller parfois jusqu’à la rétention urinaire.

On distingue 3 types de symptômes selon le moment de leur apparition par rapport à la miction.

Les symptômes de la phase de remplissage (aussi appelés signes irritatifs) qui sont ressentis pendant la phase de remplissage de la vessie, le jour comme la nuit. Ils sont souvent présents à un stade plus avancé de la maladie, et peuvent se manifester par :

  • Une augmentation anormale de la fréquence des mictions le jour, on parle de pollakiurie diurne. Certains patients urinent parfois jusqu’à 10 fois par jour ;
  • Une augmentation anormale de la miction la nuit, on parle de nycturie. Les patients peuvent se relever jusqu’à 5 fois par nuit pour uriner ;
  • Un besoin soudain, impérieux et irrépressible d’uriner. C’est l’urgenturie ;
  • Une incontinence par urgenturie.

 

Les symptômes de la phase mictionnelle, aussi appelés signes obstructifs. Le patient peut se plaindre :

  • D’une attente pré-mictionnelle. Il éprouve alors des difficultés pour déclencher la miction. Ce symptôme est souvent présent à la première miction du matin ;
  • Une nécessité de pousser. Le jet urinaire est obtenu avec une poussée abdominale. Le patient doit faire des efforts pour amorcer et/ou maintenir et/ou finir sa miction ;
  • Des interruptions et des reprises incontrôlables du jet.

Ce type de symptômes est présents plus précocement. Ils sont également caractéristiques d’une hypertrophie bénigne de la prostate.

Les symptômes de la phase post mictionnelle qui sont ressentis immédiatement après la miction. Ils se traduisent par :

  • Des gouttes retardataires ;
  • Une sensation de vidange incomplète. Le patient a une impression que sa vessie n’est pas totalement vidée.

Ces symptômes apparaissent essentiellement lorsque l’affection évolue.

L’hypertrophie bénigne de la prostate est une pathologie bénigne dont l’évolution est favorable. Cependant, certaines complications peuvent être graves : infections, rétention urinaire, lithiase vésicale, insuffisance rénale.

Diagnostic et traitement

Quel diagnostic ?

 

Le diagnostic d’une hypertrophie de la prostate est suspecté par le médecin lorsqu’un individu de plus de 50 ans se plaint de l’un des symptômes évoqués précédemment.

Le diagnostic est clinique, il est basé sur l’interrogatoire du patient et sur l’examen clinique.

Lors de l’interrogatoire, le médecin cherche à caractériser les symptômes, à évaluer leur fréquence et à apprécier leur retentissement sur la qualité de vie du patient, et à éliminer d’autres causes éventuelles. Généralement, la gêne liée aux symptômes est évaluée à l’aide d’un questionnaire standardisé de 8 questions.

L’examen clinique repose principalement sur le toucher rectal. En effet, comme la prostate est localisée en avant du rectum, le médecin peut percevoir la glande à travers la paroi rectale. Cet examen permet d’apprécier le volume et la consistance de la glande.

Pour vérifier l’absence d’une cause infectieuse, une analyse d’urine peut être prescrite en complément.

Pour écarter d’autres causes éventuelles, des examens complémentaires peuvent être nécessaires : dosage de la créatinémie (recherche d’une insuffisance rénale), dosage du PSA (recherche d’un cancer de la prostate), échographie de l’appareil urinaire, débimétrie urinaire (mesure l’impact de l’obstruction).

Quel traitement ?

Selon la situation clinique du patient, plusieurs options peuvent être envisagées.

Pour un patient qui n’a pas de symptômes gênants, ni complications, aucun traitement n’est nécessaire. Seulement une surveillance annuelle est instaurée. Diverses mesures hygiéno-diététiques peuvent être proposées : Boire régulièrement de l’eau dans la journée en évitant le soir, maintenir une activité physique régulière et éviter les épices, l’alcool et le café en excès.

Concernant les patients qui ont des symptômes gênants, mais pas de complications, une monothérapie est préconisée. En cas d’échec, une autre molécule ou une bithérapie peut être prescrite. Trois classes thérapeutiques sont utilisées : la phytothérapie (Tadenan ou Permixon), les alpha 1 bloquants (alfuzosine, silodosine, tamsulosine, etc.) et les inhibiteurs de la 5 alpha réductase (dutastéride, finastéride).

En cas de symptomatologie sévère, un traitement chirurgical est discuté. L’objectif de la chirurgie est la disparition des symptômes lorsque celle-ci n’est pas obtenue avec les médicaments. La résection transurétrale de la prostate est la technique la plus utilisée. Elle consiste à retirer l’adénome (zone interne de la prostate) tout en laissant la coque prostatique. L’intervention est réalisée par voie naturelle, en introduisant un appareil dans l’urètre jusqu’à la vessie.

Charline D., Docteur en pharmacie

Sources
– Hypertrophie bénigne de la prostate. www.vidal.fr. Consulté le 26 janvier 2024.
– Hypertrophie bénigne de la prostate. www.urofrance.org. Consulté le 26 janvier 2024.
– Hyperplasie bénigne de la prostate (HPB). www.msdmanuals.com. Consulté le 26 janvier 2024.