Douleur en santé mentale


Rédigé par Pierre M. et publié le 27 février 2018

Pendant longtemps, la douleur en santé mentale a été négligée. On pensait que les patients atteints de troubles mentaux étaient insensibles à la douleur, et qu’il n’était donc pas nécessaire de tenter de la détecter et de la traiter. L’absence de réactions de certains patients dans des situations douloureuses a laissé croire que leur perception de la douleur était moindre, voire inexistante. Aujourd’hui, on sait que le patient ressent la douleur, même s’il ne l’exprime pas ou qu’il ne réagit pas lorsqu’elle se manifeste.

femme déprimée et douleur en santé mentale

Perception et expression de la douleur en santé mentale

Un patient qui se plaint de douleurs doit toujours être pris en charge et sa douleur présumée, évaluée et traitée. Dans le cas de patients dépourvus des moyens de communication adéquats pour exprimer leur douleur, c’est une analyse fine de leur comportement qui doit être réalisée afin de conclure à l’existence de douleurs.

La perception et l’expression de la douleur en santé mentale dépend du patient et du trouble dont il est atteint. Une bonne prise en charge de la douleur en psychiatrie est d’autant plus importante qu’elle peut aggraver les symptômes du patient. Dans le cas de la dépression par exemple, la douleur est un symptôme de la maladie mais la maladie peut être aggravée par la douleur. Les patients peuvent aussi se mettre en danger si leur perception de la douleur est modifiée et celle-ci perd son rôle de signal d’alarme.

Détecter la douleur

L’obstacle majeur à la détection de la douleur en santé mentale relève des difficultés de communication de certains patients (refus de communiquer, confusion, problèmes de verbalisation). Ce sont les changements de comportement (irritabilité, pleurs, agressivité, repli sur soi-même, refus alimentaire, etc.) qu’il faut surveiller. L’entourage du patient peut parfois aider à détecter un changement de comportement car il connaît les habitudes du patient. Il faut aussi être attentif à ne pas confondre un changement de comportement lié à une douleur avec une manifestation de troubles psychiatriques.

Les douleurs prévisibles, lors des soins notamment, sont systématiquement anticipées, et réduites au maximum par l’équipe soignante. Pour cela, les soins sont planifiés avec le patient, ce qui diminue son anxiété et donc sa sensation de douleur. L’équipe soignante s’assure également qu’un traitement antidouleur adapté soit prescrit avant le soin, et que l’action soit continue pendant tout le déroulement du geste douloureux.

Évaluer la douleur

L’évaluation de la douleur de patients en soins psychiatriques est difficile, et pourtant primordiale pour choisir un traitement adapté. Il n’y a pas d’échelle d’évaluation spécifique de la douleur en santé mentale. L’équipe soignante utilise des échelles classiques : échelle verbale simple, échelle numérique et échelle visuelle analogique.

Les schémas corporels, sur lesquels un patient peut indiquer ses zones douloureuses, sont aussi utiles pour localiser les douleurs.

Traitements

Traitements pharmacologiques

De manière générale, il faut tenir compte des facteurs individuels du patient (âge, sexe, poids, antécédents, etc.) et des contre-indications spécifiques liées à sa maladie (s’il est déjà sous traitement par exemple).

Il n’existe aucun traitement spécifique de la douleur en santé mentale. Les antalgiques classiques sont les traitements de référence.

Traitements non pharmacologiques

Associées ou non aux traitements pharmacologiques, plusieurs autres techniques peuvent être proposées aux patients, bien que leur efficacité sur la douleur ne soit pas scientifiquement établie. Celles-ci doivent bien sûr être adaptées à la pathologie mentale mais permettent de réduire le stress et de diminuer la douleur. On peut citer :

  1. Les moyens physiques : activité physique, application de froid ou de chaud, massage, kinésithérapie ;
  2. Les méthodes psycho-corporelles : relaxation, sophrologie, distraction, mais aussi musicothérapie ou théâtre ;
  3. Les méthodes comportementales : thérapies cognitivo-comportementales ou imagerie mentale.

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