Le nombre de personnes souffrant d’un syndrome de Diogène est mal connu en France, mais au fil des années, le nombre d’arrêtés préfectoraux pris pour incurie ne cesse d’augmenter. Quel est exactement ce trouble psychiatrique, que certains aspects rapprochent des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ?
Syndrome de Diogène et syllogomanie
La syllogomanie, ou l’accumulation pathologique d’objets, est beaucoup moins connue que le syndrome de Diogène. Pourtant, il s’agit de l’une des composantes de ce trouble complexe du comportement. La syllogomanie se manifeste par plusieurs symptômes caractéristiques :
- Une accumulation d’objets inutiles et sans valeur ;
- Le besoin irrépressible de conserver ces objets ;
- L’impossibilité de faire un tri dans les objets ;
- Une véritable souffrance au moment de se séparer d’un objet.
Pour être diagnostiquée, ces symptômes doivent durer sur une période minimale de six mois. Le plus souvent, l’accumulation des objets finit par envahir totalement l’espace de vie, induisant des conséquences parfois graves :
- Des problèmes d’hygiène ;
- Un risque de développement de nuisibles ;
- Un risque d’accidents domestiques, en particulier d’incendie.
Syndrome de Diogène, un TOC ?
Pourtant, la syllogomanie ne doit pas être confondue avec le syndrome de Diogène, car ces deux troubles du comportement présentent des différences fondamentales. Les patients atteints du syndrome de Diogène présentent non seulement une syllogomanie, mais aussi d’autres troubles spécifiques :
- Une hygiène corporelle insuffisante ;
- Un important isolement social ;
- Une indifférence totale par rapport à la dégradation des conditions de vie.
Si la syllogomanie appartient à la famille des troubles obsessionnels compulsifs, le syndrome de Diogène correspond à un trouble du comportement plus complexe. Les patients souffrent d’un trouble psychiatrique totalement à part, associé à un TOC, la syllogomanie. Ainsi, la syllogomanie peut être une conséquence d’un syndrome de Diogène préexistant.
Une affection psychiatrique particulière
Fréquemment, la syllogomanie se développe chez des personnes venant de vivre un décès, une séparation ou ressentant un profond vide affectif. L’accumulation maladive d’objets est recherchée pour compenser ce vide social, alors même que la syllogomanie aggrave l’isolement. A ce titre, le syndrome de Diogène peut être assimilé à une forme extrême de syllogomanie.
Le syndrome de Diogène représente donc une maladie psychiatrique complexe, aux frontières des troubles obsessionnels compulsifs. Ce trouble du comportement très complexe nécessite un diagnostic et une prise en charge spécifique. La syllogomanie doit attirer l’attention des proches et des professionnels de santé, pour prévenir l’aggravation des symptômes et le développement d’un syndrome de Diogène, qui peut parfois mettre en danger la vie du patient.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– Syndrome de Diogène. SYNDROME DE DIOGÈNE. Consulté le 25 juillet 2020.