Syndrome post-réanimation : Mieux le repérer pour mieux le prendre en charge

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Rédigé par Deborah L. et publié le 17 juillet 2023

Pour certains patients, un passage en réanimation n’est pas sans conséquence. Il peut en effet être à l’origine d’un syndrome post-réanimation qui persiste plusieurs mois voire plusieurs années après la sortie de l’hôpital, ce qui impacte lourdement sur leur qualité de vie et leur activité professionnelle. D’où l’intérêt de dépister et prendre en charge le plus précocement possible les personnes atteintes d’un syndrome post-réanimation. C’est le sens des nouvelles recommandations de la Haute Autorité de Santé. On fait le point.

syndrome post réanimation

Qu’est-ce que le syndrome post-réanimation ?

Lorsqu’un patient se trouve dans un état critique des suites d’une maladie, d’un traumatisme grave, d’une chirurgie lourde ou d’un coma, il est pris en charge dans un service hospitalier de réanimation. Sous surveillance continue, il y bénéficiera de soins censés se substituer aux fonctions vitales défaillantes (pulmonaire, cardiaque, rénale…).

Or, pour certains patients, un passage en réanimation n’est pas sans conséquence. On estime qu’environ 40% d’entre eux souffrent en effet d’un syndrome post-réanimation à leur sortie de l’hôpital. Ce syndrome se manifeste par des symptômes persistants d’ordre :

  • Physique : troubles musculaires et neurologiques, atteintes ostéoarticulaires, séquelles cutanées et autres séquelles spécifiques d’organes.
  • Psychologique ou psychiatrique : troubles anxieux, dépressifs ou post-traumatiques (chez 20 à 35 % des patients).
  • Et cognitif : pertes de mémoire, perte de fluidité verbale, problèmes d’attention ou encore altérations des fonctions exécutives (chez 20 à 50 % des patients).

À savoir ! Le syndrome post-réanimation est également appelé PICS (pour post-intensive care syndrome en anglais).
D’intensité variable, ces symptômes peuvent se manifester pendant plusieurs mois voire plusieurs années après l’hospitalisation, ce qui peut lourdement impacter sur la qualité de vie, l’autonomie et l’activité professionnelle des patients. On estime que 30 à 45 % des patients ne sont pas en capacité de reprendre leur activité professionnelle douze mois après leur sortie de réanimation !

Quant aux proches des patients en réanimation, ils ne sont pas épargnés car eux aussi peuvent développer des symptômes psychologiques et psychiatriques en lien avec le stress intense éprouvé pendant l’hospitalisation. C’est ce que l’on appelle les « PICS Family ». D’où l’intérêt de dépister et prendre en charge le plus précocement possible les personnes atteintes d’un syndrome post-réanimation. C’est le sens des nouvelles recommandations de la Haute Autorité de santé à destination des professionnels de santé.

Prévenir le syndrome post-réanimation chez le patient et son entourage

Dans ses nouvelles recommandations, la HAS encourage les professionnels de santé à repérer les patients présentant un ou plusieurs facteurs de prédisposition au PICS lors de leur admission en réanimation :

  • Caractéristiques du patient (comme l’âge ou la présence de comorbidités).
  • Facteurs liés à leur passage en réanimation (motif d’admission, durée du séjour, durée de ventilation mécanique, état de confusion temporaire et soudain, etc.).

Quant à la prévention des PICS Family, la HAS mise sur la création de protocoles d’information destinés aux proches. L’idée est de favoriser la communication avec les membres de la famille, de les faire participer activement aux soins s’ils en émettent le souhait et de ne pas restreindre les horaires de visites.

Vers un meilleur suivi des patients après leur hospitalisation

Pour assurer la continuité de la prise en charge des patients, la HAS recommande la transmission systématique du courrier de sortie par le service de réanimation au médecin traitant et tout autre professionnel de santé. Ce courrier décrit précisément l’état clinique du patient à sa sortie de l’hôpital, ainsi que ses besoins éventuels en termes de rééducation et de suivi. La HAS recommande par ailleurs au personnel de réanimation et/ou proches de remplir quotidiennement un journal de bord qui sera également remis au patient à sa sortie, sous la supervision d’un professionnel de santé.

À savoir ! Le journal de bord retrace les événements survenus au cours de l’hospitalisation et a pour objectif de réorganiser les souvenirs du patient.
Si le syndrome post-réanimation peut se manifester dès la sortie de l’hôpital, il arrive qu’il se déclare des semaines voire des mois plus tard. Dans ce cas, les professionnels de santé pourront limiter l’évolution des symptômes au moyen d’une évaluation clinique répétée dans le temps chez les patients à risque :

  • Avant leur sortie de réanimation.
  • Puis dans les trois à six mois suivant leur retour à domicile.

Dans le cas où l’évaluation clinique met à jour des symptômes graves, les patients sont alors pris en charge de manière spécifique et coordonnée par des psychologues, psychiatres, kinésithérapeutes, spécialistes d’organe, orthophonistes ou médecins généralistes. L’objectif de cette prise en charge individuelle ? Rendre aux patients leur pleine autonomie et les aider à réintégrer leur milieu social et professionnel.

À savoir ! Le dépistage et le suivi des patients à risque de PICS sont effectués par une équipe pluriprofessionnelle, incluant médecins de ville et autres professionnels de santé sensibilisés au syndrome post-réanimation.

Déborah L., Dr en Pharmacie

Sources
– Syndrome post-réanimation : recommandations pour une prise en charge précoce et adaptée. www.has-sante.fr. Consulté le 27 juin 2023.