Taxe Lapin : pour ou contre la mesure d’une sanction

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Rédigé par Camille V. et publié le 3 juin 2024

La « taxe lapin » est une mesure pour réduire les absences aux rendez-vous médicaux. Cette sanction financière vise à libérer des créneaux horaires et à réduire les délais d’attente pour les consultations médicales. Les avis du côté des professionnels de santé divergent et soulèvent de nombreuses questions sur la mise en place de cette mesure.

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En quoi consiste la « taxe lapin » ?

Les patients qui ne respectent pas un délai de préavis de 24 heures avant d’annuler un rendez-vous médical s’exposent à une sanction financière de cinq euros. Cette somme sera versée directement au médecin, qui aura le choix d’appliquer ou non cette pénalité. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a confirmé cette mesure lors d’une interview le samedi 6 avril dernier. Elle sera appliquée d’ici au 1er janvier 2025.

L’objectif de cette mesure, appelée « taxe lapin », consiste à dissuader les absences de rendez-vous, afin de libérer des créneaux horaires pour d’autres personnes qui ont besoin de soins. Elle pourrait également permettre de réduire le temps d’attente d’une consultation qui s’élève à quelques jours jusqu’à plusieurs mois pour certaines spécialités.  En offrant de nouveaux créneaux horaires, il espère garantir un accès aux soins dans des délais plus raisonnables.

Cette démarche existe déjà en Allemagne, les patients versent directement un acompte de 5 euros à la prise de rendez-vous et règlent le reste à l’issue de la consultation. En cas d’absence, la somme revient directement au médecin.

Pour ou contre « la taxe lapin » : l’avis des médecins et des spécialistes

Les absences aux rendez-vous médicaux sont devenues trop habituelles, surtout dans certaines spécialités. Les généralistes affirment qu’ils sont confrontés quotidiennement à des absences non justifiées, tandis que certains spécialistes comme l’échographe Laurent Verzaux signalent des taux d’absentéisme allant jusqu’à 25 % certains jours.

Les opinions divergent au sein des syndicats de médecins et des généralistes eux-mêmes. Certains prônent une approche de « responsabilisation » des patients, tandis que d’autres rejettent toute idée de surveillance et de contrôle, ils parlent de potentielles démotivations des patients pour prendre rendez-vous. Pour Philippe Pizzuti, vice-président du syndicat UFML-S, il est temps d’adresser ce problème sérieusement : « On ne peut pas continuer de perdre des millions de rendez-vous pour des gens qui n’ont aucun respect. »

Si le Premier ministre souhaite sanctionner les patients pour leur manque de « courtoisie », sur le fond, les professionnels de la santé sont partagés. Selon eux, les problèmes les plus importants sont le manque de moyens, de personnel, l’accessibilité aux soins et l’engorgement aux urgences.

L’avis de Doctolib sur la « taxe lapin »

Techniquement, l’empreinte bancaire du patient sera prélevée par les plateformes de rendez-vous ou le soignant lui-même, précise l’exécutif. Mais la plateforme Doctolib n’est pas d’accord avec la mise en place prévue par la mesure gouvernementale, pour cause :

  • Elle limite encore l’accès aux soins et éloigne surtout les personnes isolées.
  • 5 % de la population ne possède pas de carte bancaire.
  • Et 15 % sont « en situation d’illectronisme ».

Doctolib reste favorable à une mesure pour responsabiliser les bénéficiaires et donner accès aux soins aux personnes qui doivent attendre plusieurs jours et parfois plusieurs mois. Cependant, la mise en place d’une empreinte bancaire à la prise de rendez-vous ne serait pas adaptée. Le PDG demande une révision de la mise en place de cette mesure et refuse l’application des données bancaires sur sa plateforme.

Sources
– « Taxe lapin » : le patron de Doctolib opposé à l’empreinte de carte bancaire obligatoire avant le rendez-vous www.lemonde.fr. Consulté le 18 avril 2024.