Deuxième cause de maladies d’origine alimentaire en Europe, la salmonellose se manifeste le plus souvent par une gastro-entérite aigüe. Elle peut néanmoins affecter plus gravement certaines populations sensibles qui se voient alors prescrire une antibiothérapie. Et s’il existait une alternative à la prise d’antibiotiques dans le traitement de la salmonellose ? C’est ce que suggèrent de récents travaux selon lesquels des bactéries intestinales pourraient bloquer la croissance et la virulence de certaines salmonelles.
Salmonellose et résistance aux antibiotiques
Deuxième cause de maladies d’origine alimentaire en Europe, la salmonellose se manifeste le plus souvent par une gastro-entérite aigüe avec douleurs abdominales, diarrhées, nausées et vomissements parfois graves. Il s’agit en fait d’une infection par des salmonelles (bactéries appartenant au genre Salmonella) capables de franchir la barrière de l’intestin.
À savoir ! La plupart des salmonelles sont hébergées dans l’intestin des animaux vertébrés et sont transmises à l’homme via des aliments contaminés.
Elles peuvent néanmoins affecter plus gravement voire mortellement certaines populations sensibles comme les personnes âgées, les nourrissons, les femmes enceintes ou les personnes immunodéprimées qui se voient alors prescrire une antibiothérapie. C’est sans compter que l’une des souches de salmonelles (Salmonella Heidelberg) se trouve particulièrement résistante aux antibiotiques. Dès lors, il serait judicieux de trouver une alternative aux antibiotiques pour éviter cette problématique de résistance.
De récents travaux menés par des scientifiques de l’Inserm vont dans ce sens. Ils suggèrent en effet que des bactéries intestinales pourraient bloquer la croissance et la virulence de certaines salmonelles.
Vers une alternative aux antibiotiques dans le traitement de la salmonellose ?
Pour mener à bien leur travaux, les scientifiques se sont appuyés sur des études antérieures ayant démontré qu’une bactérie intestinale du nom de Bacteroides fragilis réduisait la capacité de Salmonella Heidelberg à passer la barrière intestinale chez la souris. L’intérêt de cette bactérie intestinale étant prouvé, il restait à décrypter les mécanismes à l’origine de l’effet anti-infectieux observé.
À savoir ! Bacteroides fragilis désigne une bactérie de la famille des Bacteroidota (les plus abondantes au niveau intestinal). Bénéfique pour la santé, elle favorise le maintien de l’équilibre du microbiote intestinal.
Pour cela, il fallait identifier et caractériser les composés sécrétés par les bactéries Bacteroides fragilis après culture en laboratoire. Et c’est en réalité le surnageant de culture qui a intéressé les chercheurs. Très riche, ils l’ont fractionné pour en séparer les différents composés.
À savoir ! Le surnageant de culture désigne le milieu liquide dans lequel les bactéries se multiplient in vitro et où l’on retrouve les métabolites qu’elles sécrètent dans leur environnement.
Sur les six fractions recueillies puis mises en contact avec Salmonella Heidelberg, deux ont été capables de bloquer la croissance de la salmonelle pathogène. Après administration à des souris infectées, les scientifiques ont observé que ces mêmes fractions avaient réduit la réaction inflammatoire intestinale et diminué la capacité du pathogène à traverser la barrière intestinale. Il faut savoir que Bacteroides fragilis et ses métabolites ne s’attaquent pas à la salmonelle elle-même, mais plutôt à la façon dont elle interagit avec les cellules de l’hôte. Cette stratégie permet de mieux réguler la virulence de la salmonelle.
Métabolites biliaires : une alternative à l’antibiothérapie ?
L’étape suivante a consisté en un travail d’identification des métabolites parmi lesquels l’acide cholique et l’acide désoxycholique, naturellement présents dans les sucs biliaires. Or, il semblerait que ces deux composés seuls n’aient pas d’action antibactérienne démontrée in vivo. D’où la volonté des chercheurs de découvrir la nature d’autres molécules potentiellement actives. L’identification de tels composés pourrait ainsi permettre de développer une nouvelle alternative à l’antibiothérapie. Prochaine étape pour les chercheurs ? Savoir si ces métabolites sont actifs contre d’autres espèces bactériennes pathogènes pour l’être humain ou l’animal. Affaire à suivre !
Déborah L., Docteur en Pharmacie