Près de 10 % des couples français suivraient un traitement contre l’infertilité d’après les données de l’Assurance maladie. Or, une récente étude publiée dans le Jama Network Open suggère que les traitements contre l’infertilité seraient associés à un risque accru d’AVC dans les douze mois suivant l’accouchement. On fait le point.
Infertilité et traitements
Pour un couple hétérosexuel, on parle d’infertilité en l’absence de grossesse suite à 12 à 24 mois de rapports sexuels complets, réguliers et sans contraception. L’infertilité correspond ainsi à une baisse de la fertilité. Différentes causes peuvent l’expliquer comme l’âge ou des maladies génitales ou infectieuses.
À savoir ! L’infertilité se distingue de la stérilité, qui est l’incapacité totale et définitive d’un couple hétérosexuel à avoir un enfant.
En France, d’après les données de l’Assurance maladie, un couple hétérosexuel sur sept consulterait pour un problème d’infertilité et ce sont près de 10 % des couples français qui suivraient un traitement contre l’infertilité. Ces traitements se composent de bilans de fertilité ainsi que de techniques de procréation médicalement assistée pour aider les couples à accéder à leur rêve de conception et de parentalité. Or, certaines études scientifiques avancent que ces traitements ne seraient pas complètement sans danger pour la santé.
Traitements contre l’infertilité : un risque accru d’AVC ?
Pour tenter de faire la lumière sur le sujet, des scientifiques américains ont mis en place une étude de cohorte rétrospective. Ils ont pour cela examiné les données de réadmissions hospitalières issues de la base nationale américaine. Ces données sont relatives aux séjours hospitaliers ayant eu lieu dans 28 États américains entre 2010 et 2018. Les chercheurs ont ainsi inclus dans l’étude 31 339 991 femmes enceintes ayant accouché entre 2010 et 2018. Parmi elles :
- 0,9 % avaient bénéficié d’un traitement contre l’infertilité.
- 99,1 % avaient conçu spontanément.
Dans l’année suivant l’accouchement, les scientifiques ont alors pu constater que le risque d’hospitalisation pour accident vasculaire cérébral (AVC) était augmenté de 66 % en cas de traitement contre l’infertilité avec :
- Un taux d’hospitalisation pour AVC s’élevant à 37 hospitalisations pour 100 000 personnes chez les femmes ayant reçu un traitement contre l’infertilité contre 29 hospitalisations pour 100 000 personnes chez les femmes ayant accouché après une conception spontanée.
- Un risque d’hospitalisation plus que doublé pour les AVC hémorragiques.
- Un risque d’hospitalisation accru de 55 % pour les AVC ischémiques.
À savoir ! L’accident vasculaire cérébral correspond à une perte soudaine d’une ou plusieurs fonctions du cerveau. Il est provoqué soit par un arrêt brutal de la circulation sanguine à l’intérieur du cerveau (AVC ischémique) soit par la survenue d’une hémorragie intracérébrale (AVC hémorragique). La gravité de l’AVC dépend de la localisation et de l’étendue des zones cérébrales touchées.
Les scientifiques ont par ailleurs observé que ce surrisque d’hospitalisation pour AVC apparaissait dès 30 jours après l’accouchement et semblait augmenter avec le temps, et ce d’autant plus que le délai entre l’accouchement et l’hospitalisation augmentait, particulièrement pour les AVC hémorragiques.
Des recherches à approfondir
Dès lors, comment expliquer une telle hausse du risque d’hospitalisation pour AVC en cas de traitement contre l’infertilité ? En complément de l’existence de certains facteurs de risque tels que le surpoids, l’obésité, le tabagisme ou la consommation d’alcool, les auteurs de l’étude avancent deux hypothèses. La première suggère que le traitement de l’infertilité en lui-même pourrait provoquer certaines complications vasculaires comme une prééclampsie ou un décollement placentaire ainsi que des troubles rénaux ou métaboliques. Et ces complications augmenteraient à leur tour le risque d’AVC.
À savoir ! La prééclampsie désigne une complication potentiellement grave de la grossesse qui se manifeste par deux anomalies : l’augmentation de la tension artérielle après la 20ème semaine d’aménorrhée et l’apparition de protéines dans les urines à une concentration supérieure à 0,3 grammes par 24 heures (protéinurie).
La seconde hypothèse suggère que des changements physiologiques ou des lésions endothéliales contribueraient à l’augmentation du risque d’AVC. La prochaine étape pour les auteurs de l’étude consistera donc à approfondir les recherches pour déterminer laquelle de ces hypothèses expliquerait le mieux l’association entre le traitement de l’infertilité et les réadmissions hospitalières suite à un AVC.
Déborah L., Dr en Pharmacie
– Les traitements contre l’infertilité doubleraient le risque d’AVC hémorragique à un an.www.lequotidiendumedecin.fr. Consulté le 4 septembre 2023