Tuberculose : Les rats géants, dépisteurs de demain ?

Actualités Maladies infectieuses Pneumologie

Rédigé par Lina R. et publié le 26 avril 2018

Selon l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), 95% des décès liés à la tuberculose surviennent dans les pays en voie de développement. Faute de moyen ou de diagnostic tardif ? Entre 2000 et 2016, le diagnostic et le traitement de la tuberculose ont permis de sauver plus de 53 millions de vies. Mais le dépistage n’est pas forcement accessible pour toutes les populations, en particulier pour les familles ayant de faibles ressources. Quelle solution permettrait de détecter la maladie à moindre coût ? L’espoir se trouve peut-être dans les cricétomes, formés à cet effet.

rats géants de gambie pour dépister la tuberculose

Rats géants, anciens démineurs et nouveaux dépisteurs !

En 2007, l’ONG belge APOPO fait ses premiers pas dans le dressage des cricétomes, plus connus sous le nom de rats de Gambie. Habiles et intelligents, ces gros rongeurs ont souvent été sollicités pour détecter des mines terrestres sur plus de 100 mètres carrés, au Mozambique et en Angola.

Aujourd’hui, les cricétomes sont en passe de devenir de sacrés dépisteurs. Ils semblent plus efficaces et surtout sont moins coûteux que les outils de dépistage actuels. Réputés pour leur exceptionnel sens de l’odorat, ces animaux faisant la taille d’un chat ont réussi à faire leur preuve dans la détection de la bactérie mortelle à l’origine de la maladie, le bacille de Koch ou Mycobacterium tuberculosis. En Tanzanie, ces rats entrainés pour reconnaître cette bactérie peuvent analyser plus de 400 échantillons en seulement 30 minutes ! En comparaison, une machine dédiée à la détection du bacille de Koch peut coûter plusieurs milliers d’euros et les résultats des tests ne sont obtenus qu’une semaine après.

Lire aussiL’OMS veut mettre fin à la tuberculose d’ici 2030

Une détection améliorée de 68% grâce aux rats géants de Gambie

Dans une récente étude parue dans le fameux Journal Nature, des chercheurs ont tenté d’évaluer l’efficacité de détection de la tuberculose chez l’enfant, en procédant à la même méthode utilisée par l’ONG APOPO. Pour ce faire, ils se sont intéressés à 55148 échantillons recueillis auprès de la population tanzanienne dont 1.8% des participants avaient moins de 5 ans. Les tests conventionnels reposent sur une culture des prélèvements bactériologiques permettant de détecter la présence du bacille de Koch. Les résultats de ces tests ont permis de recenser, chez les enfants de 1 à 5 ans, 34 cas de tuberculose . Quant aux rats géants, ces derniers ont détecté 23 cas supplémentaires sur cette même population. Au total, le diagnostic a été confirmé pour 57 enfants. Des résultats concluants qui prouvent que les rats ont une bonne capacité de détection, celle-ci étant plus efficace de 67.6% par rapport aux tests conventionnels. Cependant, cette étude a également révélé que la capacité de détection des rats diminuait avec l’augmentation de l’âge des patients. Le plus intéressant reste pourtant à venir. Les études actuelles tentent de reproduire des résultats similaires avec, cette fois-ci, des rats entrainés pour détecter la tuberculose dans d’autres types d’échantillons tel que l’urine.

Lire aussiTuberculose : moins de cas, mais des risques réels

Lina R., Journaliste Scientifique

– « OMS | Tuberculose ». OMS. Consulté le 18 avril 2018.
– « Pediatric Tuberculosis Detection Using Trained African Giant Pouched Rats ». Mgode, Georgies F., et al.,Pediatric Research, avril 2018.
– « African Pouched Rats for the Detection of Pulmonary Tuberculosis in Sputum Samples ». The International Journal of Tuberculosis and Lung Disease: The Official Journal of the International Union Against Tuberculosis and Lung Disease, vol. 13, no 6, juin 2009, p. 737-43.
Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *