Un million de fumeurs en moins en 2017 en France

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Rédigé par Julie P. et publié le 31 mai 2018

Hausse du prix du paquet, remboursement de certains substituts nicotiniques, paquet neutre, mois sans tabac… les fortes mesures « anti-tabac » instaurées depuis 2016 commencent à porter leurs fruits avec un recul historique du tabagisme en France. Ce lundi 28 mai, Santé Publique France a sorti les chiffres du tabagisme dans son Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) publié à l’occasion de la journée mondiale sans tabac du 31 mai 2018. Décryptage de cette baisse historique.

fumeur

Des mesures exceptionnelles, des chiffres très encourageants

Pour la première fois, depuis 18 ans, le nombre de fumeurs a baissé considérablement.

En effet, selon le Baromètre santé 2017 de Santé Publique France, 26,9% de la population sont des fumeurs quotidiens en 2017 contre 29,4% en 2016.

Cette diminution de 2,5 % représente un million de fumeurs quotidiens en moins.

À savoir ! L’enquête a été réalisée entre janvier et juillet 2017 auprès d’un échantillon représentatif de plus de 25 000 personnes, âgées de 18 à 75 ans. Comme pour les enquêtes précédentes, les quantités de tabac fumées ont été calculées avec les équivalences suivantes : 1 cigare = 1 cigarillo = 2 cigarettes. En 2017, les fumeurs quotidiens consommaient en moyenne 13,3 cigarettes (ou équivalent) par jour. Cette quantité apparaît en très légère baisse par rapport au niveau de consommation de 2010 (13,8 cigarettes). Parmi les fumeurs quotidiens, 18,8% fumaient entre 1 et 5 cigarettes par jour en moyenne, 33,2% entre 5 et 10, 19,3% entre 10 et 15, 17,4% entre 15 et 20 et 11,2% plus de 20.

Selon ces données, les profils majoritaires des personnes ayant décidé d’arrêter le tabac entre 2016 et 2017 sont les jeunes hommes de 18 à 24 ans (baisse de 9 points) et les femmes de 55 à 64 ans (baisse de 3 points).

Autres caractéristiques des individus ayant dit « stop » à la cigarette en 2017 : les personnes à bas revenus (baisse de 5 points) et celles sans emploi (baisse de 6 points) prouvant que la motivation économique reste encore l’une des raisons principales poussant à arrêter de fumer.

« Chacun sait que l’augmentation du prix est la mesure la plus efficace pour limiter l’entrée dans le tabagisme et pour inciter les fumeurs à arrêter de fumer » souligne François Bourdillon, directeur de Santé Publique France, dans un éditorial attaché à ce BEH.

Pour l’autorité sanitaire, cette diminution du nombre de fumeurs en France est également la conséquence de la mise en place du Plan national de réduction du tabagisme (PNRT) s’échelonnant entre 2014 et 2019 et incluant notamment :

  • Une stratégie de prévention auprès de toutes les catégories de fumeurs en entreprise, dans les collectivités ;
  • Le lancement du Mois Sans Tabac ;
  • La mise en place du paquet neutre et l’agrandissement des avertissements et photographies dissuasives ;
  • L’interdiction des arômes mélangés au tabac (menthe, pêche etc…) ;
  • La création de la nouvelle application de Tabac Info service avec l’Assurance Maladie ;
  • La hausse des remboursements des traitements nicotiniques de substitution (TNS), comme les patchs et les gommes passant de 50 euros à 150 euros ;
  • Remboursement à hauteur de 65 % par la sécurité sociale de la gomme à mâcher Nicotine EG (Eg) et du patch anti-tabac NicoretteSkin Johnson & Jonhson).

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Fumeurs, les objectifs pour 2022

« Notre objectif est d’atteindre cinq millions de fumeurs en moins d’ici 2022 et je suis certaine que nous allons y arriver » a annoncé la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

Afin d’arriver à cet objectif d’ici 4 ans, il est nécessaire de continuer les campagnes de sensibilisation face aux dangers du tabagisme mais aussi d’orienter cette prévention à la lumière des données actuelles.

Par exemple, les données de Santé Publique France soulignent une grande disparité régionale :

  • L’Ile-de-France et les Pays de Loire sont les régions où l’on fume le moins en 2017 ;
  • La région Paca, les Hauts-de-France, Occitanie et Grand-Est sont les régions où l’on fume le plus cette même année.

Ces différences devront être comprises et les régions les plus touchées pourront éventuellement bénéficier de campagnes spécifiques.

En parallèle, Santé Publique France envisage également de contrer les fausses croyances à l’égard du tabac à rouler (moindre dangerosité, exempt de produits chimiques, plus naturel etc…), tabac apprécié majoritairement par les jeunes adultes.

Différents messages de prévention pourraient être diffusés auprès d’une cible de jeunes tels que « le tabac à rouler est aussi dangereux que les autres types de tabac » ou « le tabac à rouler contient du goudron dangereux pour la santé ».

Autre point crucial pour se décider à en finir avec la cigarette : l’augmentation progressive et constante du prix du paquet qui finira par atteindre 10 euros en 2020.

La mobilisation contre le tabagisme se poursuit actuellement avec la mise en place d’une nouvelle campagne de promotion des différents services (ligne téléphonique gratuite 39 89, le site tabac-info-service.fr, l’application mobile disponible sur smartphones et tablettes) jusqu’à la fin du mois de juin.

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Julie P., Journaliste scientifique

– Tabagisme en France : 1 million de fumeurs quotidiens en moins. Santé Publique France. Consulté le 30 mai 2018.
– BEH Éditorial. Baisse du tabagisme en France : un million de fumeurs quotidiens de moins entre 2016 et 2017. Un succès pour la santé publique. Santé Publique France. F.Bourdillon. Consulté le 30 mai 2018.