Différents médicaments sont à la disposition du fumeur désirant arrêter de fumer. Les substituts nicotiniques arrivent en première ligne, suivi par la varénicline et le bupropion. Comment agissent-ils, peuvent-ils entraîner des effets indésirables ? À l’occasion de la journée sans tabac, mercredi 31 mai 2017, Santé sur le Net fait le point pour vous.
Arrêter de fumer grâce à la nicotine !
La nicotine est une molécule de la famille des alcaloïdes (comme la caféine). Inhalée par le fumeur, la nicotine est transportée jusqu’au cerveau où elle va avoir un effet anxiolytique, stimulant et coupe-faim. Comment ? En se liant à certains récepteurs du système nerveux et en provoquant la décharge de dopamine, une molécule qui déclenche la sensation de plaisir. Et c’est ainsi que l’on devient «accro» à la cigarette. Cette dépendance physique est responsable de la difficulté à arrêter de fumer.
A savoir ! Outre la nicotine, la fumée de cigarette recèle des goudrons (irritant pour les muqueuses respiratoires), du monoxyde de carbone et des additifs chimiques. En 2001, une étude du National Cancer institute y avait répertorié plus de 64 substances cancérigènes. La nicotine, quant à elle, ne provoque pas de cancer.
Forts de ce constat, les industriels ont mis au point toute une gamme de médicaments contenant de la nicotine : les substituts nicotiniques. Ainsi, le corps reçoit sa dose de nicotine (mais pas les substances cancérigènes) et ne ressent pas les symptômes du manque (irritation, insomnie, boulimie…).
Délivrés en pharmacie sans ordonnance, ces substituts nicotiniques existent sous diverses formes : patch, comprimés à sucer, gomme à mâcher…
La différence entre ces médicaments et la cigarette est due au mode de diffusion de la nicotine :
- Rapide pour le tabac inhalé, l’action est celle d’un véritable « shoot » ;
- Lente et régulière avec les substituts, elle calme le manque sans déclencher de pic de plaisir.
La stratégie thérapeutique variera en fonction du degré de dépendance (évalué par le test de Fagerström). Le fumeur peut aussi opter pour un arrêt brutal ou progressif.
En général, la phase initiale débute avec le plus fort dosage. Elle dure entre 1 à 2 mois au bout desquels on commence à diminuer la posologie jusqu’à l’arrêt, 3 à 4 mois plus tard.
A savoir ! En cas de surdosages, le patient pourra ressentir des palpitations, tremblements, maux de tête ou une sensation de bouche sèche. Attention aux enfants, une ingestion accidentelle peut avoir des conséquences dramatiques.
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Des médicaments sur ordonnance pour arrêter de fumer
En France, la Haute Autorité de santé (HAS) recommande les substituts nicotiniques en première intention pour arrêter de fumer. Cependant, en cas d’échec, les médecins ont à leur disposition deux autres molécules délivrées sur ordonnance :
- La varénicline (CHAMPIX®). Elle se lie aux récepteurs de la nicotine dans le cerveau, soulageant ainsi les symptômes du manque. Malheureusement ce médicament n’est pas dénué d’effets secondaires parfois puissants : nausées, maux de tête, insomnies, anxiété, dépression voire pensées suicidaires ;
- Le bupropion (ZYBAN®). Initialement utilisé comme antidépresseur, c’est un support à la motivation du futur ex-fumeur. Sa particularité est que la personne continue à fumer pendant le traitement jusqu’à ce que l’envie disparaisse grâce au médicament. Le bupropion peut provoquer des insomnies, troubles digestifs, démangeaisons…
En 2016, une étude a porté sur 3 méthodes de sevrage tabagique. Les fumeurs ont été répartis en 3 groupes selon qu’ils étaient traités par :
- Patch ;
- Patch + gomme ;
- Varénicline.
L’efficacité a été équivalente pour les 3 méthodes. Cependant, la varénicline a plus d’effets secondaires.
Arrêter de fumer est un vrai challenge. Patch, gomme ou médicament, la volonté du fumeur est également primordiale. Et il ne faut surtout pas hésiter à se faire aider. Votre médecin traitant saura vous orienter vers l’approche qui vous convient le mieux.
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Isabelle V. journaliste scientifique