L’une des conséquences principales du confinement aura été la baisse très importante du nombre de vaccinations et particulièrement celles qui sont obligatoires chez le nourrisson. Si après l’âge de 2 ans, ces vaccinations peuvent être différées (sauf exception), elles doivent néanmoins être impérativement effectuées pour éviter la résurgence éventuelle d’infections parfois graves.
Les vaccinations : un impératif de santé publique
Véritable impératif de santé publique, les vaccinations permettent d’assurer une sécurité à la fois individuelle et collective. Début avril, dans le contexte de pandémie de COVID-19, la Haute Autorité de Santé (HAS) s’est prononcée sur le sujet en rappelant la nécessité capitale du maintien de l’ensemble des vaccinations obligatoires des nourrissons (à 2 mois, 4 mois, 5 mois, 11 mois, 12 mois et 16-18 mois).
À savoir ! Un retard dans les vaccinations obligatoires du nourrisson risque de l’exposer à des conséquences graves pour sa santé comme la coqueluche, les infections bactériennes invasives (septicémies et méningites) à Haemophilus influenzae b, le méningocoque, le pneumocoque ou encore la rougeole.
S’agissant des autres vaccinations recommandées pour la population générale au-delà de l’âge de 2 ans, la HAS a estimé qu’elles pouvaient être différées à la période post-confinement. Exception faite pour les maladies contagieuses pour lesquelles une vaccination préventive est indiquée, autour de cas ou en post-exposition (rougeole, méningite, coqueluche, varicelle, etc.).
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Chute du nombre de vaccinations en période de confinement
Les enfants nés depuis le 1er janvier 2018 sont soumis à une obligation vaccinale étendue contre 11 maladies qui a d’ailleurs permis d’améliorer de façon certaine la couverture vaccinale des nourrissons, en particulier contre les méningites à pneumocoque et méningocoque C et la rougeole. Cependant, à cause des mesures de confinement, cette évolution des vaccinations a dû faire face à une chute brutale en France ainsi que dans de nombreux pays à travers le monde. La crainte de la contagion dans les salles d’attente, les doutes sur les effets de la vaccination sur l’immunité en période pandémique, puis le confinement ont conduit de nombreux parents à annuler les rendez-vous de vaccination de leurs enfants, ce qui a eu pour conséquence une forte diminution des vaccinations, principalement chez les nourrissons.
En France, ce sont les données de remboursement de l’Assurance Maladie qui ont permis d’observer que la consommation de vaccins était en très forte baisse comme en attestaient les chiffres du 19 avril dernier :
- -35 % pour les vaccins penta/hexavalents des nourrissons
- -43 % pour les vaccins rougeole-oreillons-rubéole (ROR)
- -67 % pour les vaccins anti-papillomavirus
- -71 % pour le vaccin antitétanique
De ce fait, sur la période complète du confinement, le nombre de vaccins non réalisés et à rattraper concerne un public très large :
- 77 000 nourrissons de 3 à 18 mois pour les vaccins multivalents
- 93 000 enfants pour les vaccins ROR
- 59 000 adolescentes pour les vaccins anti-papillomavirus
- 285 000 pour les vaccins antitétaniques (et anticoquelucheux) destinés aux rappels des enfants, adolescents et adultes.
A l’échelle internationale, l’OMS et l’Unicef s’inquiétaient fin avril de l’arrêt des campagnes de vaccination contre la rougeole dans plus de 35 pays laissant 117 millions d’enfants non protégés contre cette maladie à travers le monde.
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Rattraper les vaccinations au plus vite
Le 28 avril dernier, l’Académie nationale de médecine a recommandé de rattraper au plus vite les retards de vaccination accumulés, surtout concernant le calendrier vaccinal des nourrissons.
Les pédiatres sont donc invités à ne jamais différer les rendez-vous de vaccination et à organiser des plages de rendez-vous permettant de dissocier les consultations d’enfants malades et les examens systématiques pour vaccination. Il conviendra enfin de rassurer les parents en mettant en pratique les mesures barrières dans les cabinets et les PMI (centre de protection maternelle et infantile) : aménagement de la salle d’attente, admission d’un seul parent par enfant, désinfection des surfaces, port de masques et utilisation systématique de solutions hydro-alcooliques.
Cependant, vu le nombre de vaccins non réalisés à rattraper, cette entreprise prendra probablement plusieurs mois durant lesquels le risque d’une recrudescence épidémique de rougeole et d’infections bactériennes invasives sont à redouter.
Pour les enfants âgés de plus de 2 ans, même si l’urgence est moindre, la couverture vaccinale doit impérativement être actualisée dans un objectif de protection individuelle et collective. Quant aux adultes, ce serait une erreur de retarder trop longtemps des vaccinations indispensables comme le vaccin antitétanique.
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Déborah L., Docteur en Pharmacie
– Calendrier vaccinal des nourrissons et COVID-19. ACADEMIE NATIONALE DE MEDECINE. Consulté le 2 juin 2020.
– Maintenir la vaccination des nourrissons. HAS. Consulté le 2 juin 2020.