Le groupement d’intérêt scientifique EPI-PHARE, constitué par l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM) et la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie (CNAM), s’est intéressé à la dispensation des médicaments remboursés sur ordonnance en officine. Le comportement de consommation des Français de l’usage des médicaments en ville de janvier à fin mars a été comparé à celui des mêmes périodes en 2018 et 2019.
Usage des médicaments en ville : un stockage massif des traitements pour les pathologies chroniques
L’étude, publiée le 21 avril, a montré une forte augmentation des achats pour les médicaments traitant les pathologies chroniques (pathologies cardiovasculaires, diabète, troubles mentaux…) lors des 2 premières semaines de confinement.
Ainsi, on peut noter un surcroît du nombre de patients ayant eu une délivrance atteignant +20 à +40% selon les classes thérapeutiques lors de la semaine du 16 au 22 mars (première semaine de confinement).
- +22% pour les antidépresseurs
- +25% pour les antiépileptiques
- +41% pour les produits à base de lévothyroxine
- +45.3% pour les contraceptifs oraux
Cette forte croissance des délivrances est comparable à l’augmentation des achats remarquée pour d’autres domaines de la consommation. Ces « stockages » pouvaient être rassurants, et justifiés par les restrictions de sortie, la possibilité d’utiliser des ordonnances « périmées » à titre exceptionnel, et par une peur des ruptures de stock.
Cependant, même si les patients ont bien à disposition leur traitement, cela ne garantit pas les adaptations thérapeutiques fines nécessaires pour certains traitements comme l’insuline et les anticoagulants. La gestion des effets indésirables n’est pas non plus garantie.
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Une diminution drastique des délivrances de vaccins et produits de diagnostic
Autre point important de cette étude : le confinement a généré un effondrement des délivrances de produits nécessitant une administration par un professionnel de santé.
Premiers touchés, les vaccins ont été beaucoup moins délivrés, générant une prise de retard dans le calendrier vaccinal. Lors de la 2e semaine de confinement, on note une baisse de -50 à -70% pour les vaccins contre le l’herpès et contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) et les vaccins anti-tétaniques.
On note également une forte diminution de la délivrance des injections indiquées dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Il en est de même pour les stérilets avec progestatifs (-59%).
Quant aux produits destinés aux actes diagnostiques médicaux (préparation pour coloscopie, produits iodés pour scanner, produits de contraste pour IRM), leur niveau de vente a diminué de 60%. Cependant, il s’agit de produits indispensables à certains examens pour diagnostiquer des cancers ou des maladies graves. Si la situation se prolonge, un retard de prise en charge sur ces pathologies est à craindre.
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Et pour les produits directement en lien avec le COVID-19 ?
Certains médicaments ont été prescrits spécifiquement pour le COVID-19. La délivrance de paracétamol a ainsi très fortement augmenté, dès le mois de février. A l’inverse, la délivrance d’anti-inflammatoires non stéroïdiens (comme l’ibuprofène) a fortement diminué (-60%). Cela peut être expliqué par la mise en garde des autorités sanitaires sur l’utilisation d’AINS.
Le nombre de personnes avec des ordonnances pour la chloroquine ou l’hydroxychloroquine a aussi fortement augmenté, surtout en Ile de France et en Provence Alpes Côte d’Azur. Deux semaines avant le confinement, on notait un accroissement de +21% pour la délivrance d’hydroxychloroquine, atteignant +145% en 2e semaine de confinement !
Une mise à jour de cette étude aura lieu début mai pour analyser les prescriptions du mois d’avril.
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Suzanne L. Pharmacienne et rédactrice scientifique
France durant l’épidémie de la Covid-19 – point de situation jusqu’au 25 avril 2021. lien.source.fr. Consulté le 22 avril 2020.