La période des fêtes de fin d’année rime parfois avec une consommation plus importante d’alcool, sous forme d’apéritifs, de vins, de champagnes ou de digestifs. L’occasion de rappeler qu’une consommation excessive d’alcool est le principal facteur de risque du cancer du foie. Cependant, une étude récemment parue dans la prestigieuse revue scientifique The Lancet Oncology apporte un nouvel éclairage sur ce sujet, en mettant en évidence le rôle de certains gènes dans le développement de la maladie.
Le cancer du foie, 3ème cause de décès par cancer dans le monde
Le cancer du foie est le plus souvent un carcinome hépatocellulaire ou hépatocarcinome. Il touche les hépatocytes, cellules spécialisées qui permettent au foie d’assurer ses différentes fonctions vitales comme la digestion, le métabolisme ou encore la coagulation.
D’après l’Institut National du Cancer, le cancer du foie représentait en France en 2018 environ 10 500 nouveaux cas et 8 700 décès. Les hommes sont davantage touchés que les femmes, de l’ordre de 80%.
Les principaux traitements disponibles pour soigner le cancer du foie sont l’ablation partielle, la greffe de foie, la radiofréquence (destruction des tumeurs par la chaleur) et la chimiothérapie.
Plusieurs facteurs de risque ont été identifiés et participent au développement du cancer du foie. Parmi eux, il y a la consommation excessive d’alcool, au-delà de 4 verres par jour. Cette surconsommation finit par abimer le foie et favorise une cirrhose puis un cancer. Les hépatites virales (hépatite B, hépatite C) constituent également un important facteur de risque.
Découverte de deux nouveaux gènes impliqués dans le cancer du foie
Le Pr Jessica Zucman-Rossi est directrice du Centre de Recherche des Cordeliers, à Paris. Elle et son équipe viennent de publier un article concernant l’identification de deux nouveaux gènes impliqués dans le développement du cancer du foie. Baptisés WNT3A-WNT9A, ces gènes sont présents sous différentes formes, ou variants, comme c’est le cas pour la plupart des gènes.
L’étude a porté sur plus de 4 000 patients, basés en France ou en Belgique. Tous les patients recrutés pour l’étude étaient des consommateurs excessifs et chroniques d’alcool, autrement dit des sujets à risque de lésions hépatiques et de carcinome hépatocellulaire. L’analyse du génome de tous les patients de l’étude a permis de montrer qu’ils n’étaient pas tous égaux face au risque de développer un cancer du foie lié à l’alcool. En effet, certains variants des gènes WNT3A-WNT9A sont protecteurs tandis que d’autres sont délétères vis-à-vis du cancer du foie. Ainsi le risque de cancer du foie est modifié selon la présence ou l’absence de tel ou tel variant des gènes WNT3A-WNT9A.
Au cours de cette même étude, les chercheurs ont rappelé que des variants présents sur d’autres gènes modulaient également le risque de développer un carcinome hépatocellulaire chez le buveur chronique d’alcool. Le cancer du foie entretient donc des relations complexes avec les facteurs environnementaux d’une part, les facteurs génétiques d’autre part.
Prochaine étape : mieux comprendre pour mieux soigner
Le cancer du foie est généralement un cancer découvert tardivement et au pronostic plutôt sombre. La découverte de deux nouveaux gènes impliqués dans son développement représente un nouvel espoir pour les chercheurs et pour les patients, celui de mettre au point de nouveaux traitements, plus performants.
En attendant les nouvelles options thérapeutiques, la prévention est de mise pour éviter d’avoir un cancer du foie. L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, l’alcoolisme doit faire l’objet d’une prise en charge médicale et d’un accompagnement psycho-social adaptés.
Florence D.-L., Docteur en pharmacie