Une cirrhose du foie est une atteinte grave et irréversible. Elle est majoritairement induite par la consommation d’alcool, cependant d’autres causes existent : hépatite virale, stéatose hépatique ou maladie rare. Au début, la maladie est asymptomatique. Des symptômes se manifestent surtout lorsque les complications surviennent. Le diagnostic d’une cirrhose repose sur divers examens : analyses sanguines, examens d’imagerie et biopsie. Aucun traitement ne permet de guérir une cirrhose du foie. Néanmoins, une prise en charge adaptée permet de freiner l’évolution de l’affection et de prévenir les complications.
Définition et symptômes d’une cirrhose du foie
Qu’est-ce qu’une cirrhose ?
Une cirrhose est une pathologie hépatique grave du fait des lésions irréversibles et diffuses qu’elle engendre. Elle est causée par une inflammation chronique du foie directement en lien avec une consommation excessive d’alcool ou une maladie s’attaquant aux cellules du foie.
Le foie est un organe vital. Ses fonctions sont multiples et assurées par les hépatocytes (cellules hépatiques) :
- Production de la bile pour la digestion ;
- Synthèse de divers composés indispensable à l’organisme comme l’albumine, le glucose, le cholestérol ou encore les facteurs de coagulation ;
- Dégradation des toxines, des médicaments, du cholestérol et de tous produits potentiellement dangereux pour l’organisme.
En cas de cirrhose, les cellules hépatiques sont détruites et remplacées par de la fibrose.
Une fois installée, la cirrhose est irréversible. Elle peut être stable ou évolutive.
A noter ! Une prise en charge thérapeutique adaptée et bien suivie permet tout de même d’empêcher l’aggravation de la maladie et d’éviter certaines complications.
Les conséquences de la cirrhose sont diverses.
Elles comptent :
- Une insuffisance hépatocellulaire. Le foie n’arrive plus à remplir ses fonctions vitales comme la production (de triglycérides, de cholestérol,), le stockage (du glucose), la filtration du sang ou la sécrétion de bile ;
- Une hypertension portale qui se traduit par l’augmentation de la tension au sein de la veine porte (reliant l’appareil digestif au foie). Elle favorise la formation de varices dans l’œsophage ;
- Un cancer hépatique, généralement dans les 15 à 20 qui suivent le diagnostic de la cirrhose.
Chaque année, 15 000 décès sont imputable à la cirrhose.
Quelles sont les causes de la cirrhose du foie ?
3 grandes causes permettent d’expliquer plus de 90% des cirrhoses :
- Une consommation chronique et excessive d’alcool. Elle cause entre 50 et 75% des cirrhoses ;
- Une hépatite virale. L’hépatite C est à l’origine de 15 à 25% des cirrhoses, et l’hépatite B d’environ 5% ;
- Une stéatohépatite non alcoolique. Ce syndrome se manifeste par l’association de plusieurs troubles (glucidique, lipidique ou vasculaire) et un surpoids. Il se manifeste par l’accumulation de graisses au niveau du foie, associée à une inflammation hépatique.
Plus rarement, d’autres maladies peuvent être impliquées : l’hémochromatose d’origine génétique, la cirrhose biliaire primitive (maladie auto-immune).
A noter ! Le tabac constitue un facteur aggravant pour la cirrhose.
Quels sont les symptômes ?
Une cirrhose peut rester longtemps silencieuse. Il n’y a ni symptôme ni douleurs. Quelques fois, le patient souffre de : fatigue, crampes, d’une perte d’appétit ou de nausées et vomissements.
Une cirrhose évolue systématiquement vers une décompensation, un stade auquel l’organe ne peut plus assurer ses fonctions. Cet état peut être retardé par la prise en charge de la cause et des facteurs aggravants, et un changement d’hygiène de vie.
Lorsque la cirrhose décompense, plusieurs symptômes, qui témoignent de l’existence de complications, peuvent survenir :
- Abdomen gonflé qui témoigne de la présence d’une ascite (accumulation de liquide dans l’abdomen) ;
- Ictère (ou jaunisse) ;
- Présence de sang dans les selles et/ou les vomissements, anémie (liée à une carence en fer) qui résultent de la rupture de varices oesophagiennes. Ces dernières se développent elles-mêmes à cause de l’hypertension portale ;
- Infections (cystite, pyélonéphrite, pneumonie) à cause d’une défaillance du système immunitaire ;
- Troubles de la conscience ou de la personnalité causés par une encéphalopathie hépatique ;
- Insuffisance rénale aiguë ;
- Cancer du foie qui est la complication la plus redoutée pour les cirrhoses de plus de 15 ans.
Diagnostic et traitement de la cirrhose du foie
Quel est le diagnostic ?
Le diagnostic d’une cirrhose débute toujours par un interrogatoire du patient. Le médecin cherche à déterminer s’il existe ou non des facteurs de risque, comme une hépatite, une consommation alcoolique ou de médicaments toxiques pour le foie, une obésité, etc.
Ensuite, le médecin procède à l’examen clinique à la recherche de symptômes caractéristiques de la maladie :
- La palpation du foie sous les côtes à droite. En cas de cirrhose, le foie est gros et dur. La rate aussi peut avoir augmenté de volume, elle est palpable sous les côtés à gauche ;
- La présence d’une érythrose palmaire (paume des mains rouges) ;
- La présence d’angiomes stellaires (petites étoiles rouges sur la peau).
En cas de suspicion de cirrhose, le médecin généraliste redirige son patient vers un médecin spécialiste, un hépato-gastro-entérologue.
Pour confirmer la présence d’une cirrhose, d’autres examens sont nécessaires :
- Un bilan sanguin pour rechercher une hépatite virale et analyse l’état de fonctionnement du foie ;
- Une échographie abdominale pour visualiser le foie et rechercher une éventuelle hypertension portale ;
- Une endoscopie digestive haute pour mettre en évidence d’éventuelles varices œsophagiennes ;
- Une biopsie hépatique pour affirmer avec certitude la présence d’une cirrhose et identifier sa cause.
Quel sont les traitements disponibles ?
Aucun traitement permet de guérir une cirrhose. Avec certains traitements, son évolution peut, cependant, être freinée voire stoppée, et les complications évitées.
Le premier objectif dans la prise en charge d’une cirrhose est d’agir sur la cause et supprimer les facteurs favorisant en :
- Stoppant totalement toute consommation d’alcool ;
- Traitant une hépatite virale par la prise d’antiviraux. Des examens sont également mis en place régulièrement pour surveiller l’évolution de l’hépatite ;
- Contrôlant un surpoids, diabète, hypercholestérolémie ou hypertriglycéridémie en cas de stéatose non alcoolique ;
- Suivant le traitement adapté en cas de pathologies rares (hémochromatose) ou auto-immunes ;
- Supprimant tous facteurs favorisants tels que le tabac, les drogues et les médicaments toxiques pour le foie.
Le second objectif de la prise en charge est de prévenir et traiter les complications par :
- La vaccination pour certaines maladies (grippe, infection à pneumocoques, etc.) ;
- Des soins sans délai en cas de plaie cutanée ;
- Une bonne hygiène bucco-dentaire ;
- La prescription d’antibiotiques pour les infections bactériennes ;
- Un traitement médicamenteux (bêta-bloquants) ou une ligature pour les varices œsophagiennes ;
- Un régime pauvre en sel et la prescription de diurétiques pour traiter une ascite. Parfois, des ponctions pour évacuer l’ascite sont inévitables ;
- Des laxatifs en cas d’encéphalopathie (pour diminuer le taux d’ammoniac émis par les bactéries digestives) ;
- Une greffe de foie en cas de cancer du foie ou de cirrhose très avancée.
Publié le 26 avril 2016 par Charline D. Mis à jour par Alexia F., Docteure en Neurosciences le 4 mai 2022.