Du sélénium pour prévenir le cancer du foie

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Rédigé par Estelle B. et publié le 8 novembre 2016

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Sixième cause de cancer dans le monde et seconde cause de mortalité par cancer, les cancers hépatiques et biliaires sont difficiles à dépister et sont de mauvais pronostic. La carence en sélénium jouerait-elle un rôle dans leur développement ?

Qu’est-ce que le sélénium ?

Le sélénium est un oligoélément présent naturellement dans notre alimentation. Parmi les aliments les plus riches en sélénium, la noix du Brésil est la plus riche. Une seule noix couvre les besoins quotidiens en sélénium. Les poissons, les fruits de mer et les céréales complètes contiennent également beaucoup de sélénium. Les apports nutritionnels conseillés sont de 55 µg par jour chez les adultes, et de 60 à 70 µg chez les femmes enceintes ou allaitantes. La carence en sélénium est relativement rare et ne concerne que les régions dont les sols sont pauvres en sélénium (Chine, Sibérie) et les personnes souffrant de maladies inflammatoires intestinales chroniques (maladie de Crohn). Le sélénium est également présent dans une large gamme de compléments alimentaires. Attention cependant aux excès de sélénium qui peuvent devenir toxiques. La dose maximale recommandée par jour est estimée à 400 µg par jour pour les adultes, 280 µg par jour pour les adolescents et 70 µg pour les femmes enceintes et allaitantes.

Cancer du foie

Les cancers hépatiques et biliaires (cancers de la vésicule biliaire et des voies biliaires) sont des cancers difficiles à dépister précocement. Ils ont généralement un mauvais pronostic et leurs causes exactes restent mal comprises.

Dans le monde, la répartition géographique de ces cancers montre l’importance de deux facteurs de risque identifiés :

  • les hépatites virales B et C ;
  • l’exposition à l’aflatoxine (toxines de moisissures présentes dans les aliments contaminés).

Dans les pays occidentaux, le cancer du foie est en constante augmentation, en lien avec le mode de vie et les habitudes alimentaires. Parallèlement, ces dernières années, la quantité moyenne de sélénium ingérée quotidiennement par les Européens aurait chuté de 50%, en raison de la baisse de la consommation de céréales.

De nombreux Européens ont ainsi un taux de sélénium légèrement inférieur à la normale. Or des apports insuffisants en sélénium ont déjà été associés avec le développement de plusieurs cancers (prostate, côlon, poumon).

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Le rôle central du foie dans le métabolisme du sélénium

Le sélénium, une fois ingéré, passe dans le sang. Parvenu au foie, il est incorporé dans des protéines particulières, appelées des sélénoprotéines. Le foie jouerait un rôle capital dans le métabolisme du sélénium. Un mauvais fonctionnement du foie pourrait entraîner un dérèglement du métabolisme du sélénium. De faibles concentrations de sélénium et de sélénoprotéines sont ainsi observées chez les patients alcooliques chroniques ou atteints de cirrhose hépatique (maladie hépatique chronique). Les sélénoprotéines pourraient ainsi constituer un indicateur intéressant du bon fonctionnement du foie. La carence en sélénium augmenterait par ailleurs la sensibilité aux infections.

Le sélénium et en particulier les sélénoprotéines assurent une protection des cellules contre le stress oxydant (production de radicaux libres d’oxygène) et l’inflammation. Elles joueraient ainsi un rôle dans la prévention du développement des cancers.

Des études sur des cultures cellulaires et des modèles animaux ont déjà mis en évidence l’implication du sélénium dans le développement des cancers hépatiques. Qu’en est-il chez l’Homme ?

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Une étude à grande échelle sur les causes des cancers

L’étude EPIC (European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition) entreprend depuis les années 90 de déterminer les liens entre le mode de vie, l’alimentation, les facteurs environnementaux et l’incidence des cancers et d’autres maladies chroniques. Entre 1992 et 2000, 520 000 personnes, hommes et femmes, de 25 à 70 ans, ont été recrutées dans 10 pays européens (Danemark, France, Allemagne, Grèce, Italie, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède, Royaume-Uni).

Dans le cadre de cette étude, des chercheurs se sont intéressés à la carence en sélénium chez les personnes diagnostiquées pour un cancer hépatique ou biliaire entre 2002 et 2006. Pour évaluer le statut du sélénium, un dosage du sélénium sanguin et des sélénoprotéines était effectué.

Les résultats de l’étude mettent en évidence que de fortes concentrations en sélénium sont associées avec une diminution du risque de cancer hépatique mais pas de cancer biliaire. De fortes concentrations en sélénoprotéines sont par ailleurs associées avec une diminution du risque de cancers hépatiques et biliaires. La carence en sélénium pourrait constituer un facteur de risque de cancer hépatique ou biliaire. D’autres facteurs de risque pourraient être associés à la carence en sélénium : le surpoids et l’obésité.

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L’importance des sélénoprotéines

Au-delà du rôle du sélénium, cette étude montre l’importance des sélénoprotéines. Des apports optimaux en sélénium alimentaire permettent en théorie une concentration optimale en sélénoprotéines. Une insuffisance d’apports entraînerait donc non seulement une carence, mais aussi une diminution de l’expression des sélénoprotéines. Des études complémentaires restent cependant nécessaires pour comprendre le rôle exact du foie dans le métabolisme de cet oligoélément.

A partir des résultats de cette étude, une supplémentation en sélénium pourrait constituer une piste intéressante dans la prévention des cancers hépatiques et biliaires. En Chine, l’utilisation de sel de table enrichi en sélénium a montré une réduction des cancers hépatobiliaires dans les groupes supplémentés. En Finlande, un programme d’enrichissement des sols en sélénium n’a en revanche pas montré d’effet sur la survenue de cancers, même si les cancers hépatiques n’étaient pas pris en compte.

Des essais cliniques restent à réaliser pour évaluer l’intérêt d’une supplémentation en sélénium chez les Européens. Il existe naturellement sous plusieurs formes chimiques, qui ne contribuent pas toutes de manière équivalente à son métabolisme. Quelle forme choisir pour formuler idéalement un complément alimentaire à base de sélénium ? Quelles personnes pourraient bénéficier d’une telle supplémentation ? Les auteurs de l’étude suggèrent de cibler prioritairement les personnes les plus à risque de développer un cancer hépatique, comme les sujets atteints d’hépatite B ou C. En attendant, consommer une noix du Brésil tous les jours pourrait être une bonne idée…

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Estelle B. / Docteur en Pharmacie


Sources

Hughes, D.J. et al. Prediagnostic selenium status and hepatobiliary cancer risk in the European Prospective Investigation into Cancer and Nutrition cohort. 2016. The American Journal of Clinical Nutrition. 104: 245-246. doi:10.3945/ajcn.116.139469.

EFSA. Union européenne. EU Register on nutrition and health claims. 2014.

  • Dhata Remo says:

    Je suis l’une de personnes souffrantes de cette maladie mais pas la possibilite j’entend mon jour de la mort. aide moi!

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