Alerte sur les compléments alimentaires pendant la grossesse

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Rédigé par Charline D. et publié le 8 juin 2017

Un rapport de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail) paru en mai dernier alerte sur les risques de la prise de compléments alimentaires pendant la grossesse : hypercalcémie et hypothyroïdie chez le nouveau-né. La prudence est de mise !

Femme enceinte et compléments alimentaires

Les risques des compléments alimentaires lors d’une grossesse

Cinq cas d’hypercalcémie néonatale et deux cas d’hypothyroïdie congénitale ont mené l’ANSES à ouvrir l’enquête sur les compléments alimentaires intitulée « risques endocriniens et métaboliques relatifs à l’apport au cours de la grossesse de vitamine D et d’iode par des compléments alimentaires impliqués dans des cas de Nutrivigilance ».

À savoir ! La Nutrivigilance est un dispositif de surveillance créé en 2009 chargé de contrôler la sécurité de produits tels que les compléments alimentaires et les aliments ou boissons enrichis en substances dans un but nutritionnel ou physiologique (vitamines, minéraux, etc.) dans leurs conditions réelles d’utilisation en recensant et analysant les effets indésirables potentiellement liés à leur consommation.

Depuis 2009, sur les 44 signalements d’effets indésirables potentiellement liés à la consommation de compléments alimentaires au cours de la grossesse, 18 ont fait l’objet d’une analyse approfondie (les autres étant jugés irrecevables par manque d’informations ou absence d’effets indésirables). Les effets indésirables évoqués sont majoritairement : métaboliques (hypercalcémie et hypothyroïdie), gastro-intestinaux et obstétricaux (deux interruptions de grossesse).

L’hypercalcémie néonatale est définie comme une augmentation de la concentration sanguine en calcium se manifestant par divers symptômes comme des nausées ou vomissements, des convulsions, de l’hypertension, un retard de croissance, etc.

L’hypothyroïdie congénitale est une anomalie de développement ou de fonctionnement de la glande thyroïde responsable d’une incapacité de production des hormones thyroïdiennes impliquées dans le développement psychomoteur et la croissance de l’enfant.

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Conclusions concernant la vitamine D et l’iode

Vitamine D

La vitamine D est essentielle à l’organisme afin d’assurer, entre autres, l’absorption intestinale du calcium et sa fixation sur les os. Son origine est double : une partie est produite par l’organisme via la peau sous l’action des rayons UV, l’autre est apportée par l’alimentation. Selon l’ANSES, les compléments alimentaires impliqués dans les cas de Nutrivigilance apportaient 5 à 10 µg (soit 0.005 à 0.010 mg) de vitamine D par jour.

Selon l’IOM (Institute of Medicine), le besoin nutritionnel moyen en vitamine D pour une femme enceinte est de 0.010 mg par jour, et l’ANSES estime qu’en France pratiquement la totalité des femmes enceintes ont des apports insuffisants. Par ailleurs, l’agence indique qu’une administration théorique de 0.010 mg de vitamine D en plus de l’apport, ne comporte aucun risque de dépassement de la limite supérieure de sécurité établie à 0.10 mg par l’IOM.

L’ANSES indique que les doses contenues dans ces produits ne sont pas suffisantes à elles seules pour provoquer une hypercalcémie néonatale et évoque une hypersensibilité génétique à la vitamine D comme origine possible de ce trouble.

Iode

L’iode est indispensable à la production des hormones thyroïdiennes (T3 et T4) impliquées dans de grandes fonctions physiologiques, et cela, dès la vie fœtale. Or, un apport excessif d’iode pendant la grossesse peut provoquer un dysfonctionnement de la glande thyroïde. Selon l’ANSES, les compléments alimentaires impliqués dans les cas de Nutrivigilance apportaient 120 à 150 µg (soit 0.12 à 0.15 mg) d’iode par jour.

Selon l’Efsa (European food safety authorithy), l’apport satisfaisant en iode pour une femme enceinte est de 0.2 mg par jour. Par ailleurs, l’agence indique qu’une administration théorique de 0.10 mg de vitamine D en plus de l’apport, ne comporte aucun risque de dépassement de la limite supérieure de sécurité établie à 0.9 mg par l’IOM ou même à 0.5 mg par l’Efsa.

L’ANSES conclue que « les apports moyens en iode étant inférieurs à l’AS (l’apport satisfaisant définit par l’Efsa), il n’est pas possible de savoir si et dans quelle mesure le besoin est couvert par l’alimentation seule ».

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Compléments alimentaires pendant la grossesse : les recommandations de l’ANSES

L’ANSES insiste et rappelle aux femmes enceintes de ne pas utiliser de compléments alimentaires sans l’avis d’un professionnel de santé. Par ailleurs, il est fortement recommandé de signaler toute prise de produit, qu’il soit sur prescription ou en vente libre à son médecin, pharmacien ou sage-femme.

L’agence met également en garde contre la multiplication des sources de vitamines ou autres substances, en l’absence de besoins biologiquement établis, qui peut conduire à un dépassement des limites supérieures de sécurité.

Les recommandations valent pour la population générale, et plus particulièrement les femmes enceintes, mais aussi pour les professionnels de santé. Ils sont en effet, invités à être vigilants concernant l’utilisation des compléments alimentaires par leurs patientes. L’agence insiste enfin sur l’importance de déclarer les effets indésirables, portés à leur connaissance et susceptibles d’être en lien avec la consommation d’un complément alimentaire, auprès de la Nutrivigilance.

Charline D., Pharmacien

Sources
– Risques endocriniens et métaboliques relatifs à l’apport au cours de la grossesse de vitamine D et d’iode par des compléments alimentaires impliqués dans des cas de nutrivigilance. anses.fr. Consulté le 7 juin 2017.
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