Afin de mettre à jour les recommandations nutritionnelles pour les adultes en bonne santé, l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail) s’est appuyée sur un ensemble de données scientifiques et un outil informatique d’optimisation des consommations alimentaires. Focus sur les points de désaccords entre cette « assiette idéale » et celle des Français.
Calcul du régime alimentaire recommandé
Dans le cadre du Plan National Nutrition Santé, l’ANSES a développé un outil informatique pour déterminer le meilleur régime alimentaire.
Pour élaborer ce régime, les paramètres pris en compte sont :
- Les combinaisons de groupes d’aliments qui permettent de répondre aux objectifs fixés en terme de besoins nutritionnels ;
- La réduction du risque de maladies chroniques comme les maladies cardiovasculaires ou le diabète ;
- La diminution des expositions aux contaminants contenus dans l’alimentation comme les additifs et les résidus de pesticides ;
- La prise en compte des habitudes de consommation observées.
A savoir ! Le PNNS ou Plan National de Nutrition Santé, dont le slogan est « manger bouger », est un plan de santé publique, lancé en 2001, visant à améliorer l’état de santé de la population en agissant sur la nutrition. Pour le PNNS, la nutrition s’entend comme l’équilibre entre les apports liés à l’alimentation et les dépenses liées à l’activité physique.
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Différences constatées entre la théorie et la pratique
En comparant les besoins nutritionnels recommandés par cette étude avec l’assiette de 2600 adultes volontaires, constituant une population représentative de l’ensemble des Français, le groupe de travail de l’ANSES a constaté des différences importantes.
Que devons-nous modifier pour répondre davantage à nos besoins nutritionnels et préserver notre capital santé ?
Sur le plan quantitatif : l’apport énergétique calculé avec l’outil informatique, basé sur une personne ayant un IMC (Indice de Masse Corporelle) normal, et notamment de 22, est inférieur aux apports énergétiques réels pour plus de 40% de la population étudiée, qui se trouve, par conséquent, en surpoids.
A savoir ! L’IMC est un indicateur permettant d’estimer la corpulence d’une personne. C’est le rapport du poids (kg) sur la taille (en m) au carré. Calculez votre IMC.
Sur le plan qualitatif : il est vivement conseillé de réduire le volume de charcuterie consommée. Il doit rester dans une proportion inférieure à 25 grammes par jour. Pour les viandes hors volaille, type bœuf, mouton, porc, les habitudes alimentaires des Français doivent toujours être plus modérées en quantité avec pour objectif une portion hebdomadaire ne dépassant pas les 500 grammes. Pour diminuer cette consommation de viande, l’ANSES conseille de remplacer la viande par le poisson avec une fréquence de deux fois par semaine pour les poissons gras (sardine, maquereau).
Dans la même logique, les fruits et les légumes doivent être davantage intégrés dans les pratiques alimentaires quotidiennes. Les légumineuses (fèves, pois chiches) et les produits céréaliers complets sont aussi à privilégier dans les menus pour préserver son capital santé.
Côté assaisonnement, les huiles de colza et de noix sont aussi à favoriser.
Du côté des boissons sucrées type soda, le Français est un mauvais élève et boire moins d’un verre par jour est vivement conseillé. Pour le sucre total, l’ANSES conseille de ne pas dépasser la limite de 100 grammes par jour chez les adultes.
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Limites de l’étude : vitamines D et contaminants
A l’exception de quelques rares nutriments, les solutions proposées permettent de couvrir le besoin nutritionnel de la quasi-totalité de la population. Dans cette étude, la couverture du besoin en vitamine D n’est pas atteignable compte tenu de l’offre et des habitudes de consommation observées. L’estimation du besoin alimentaire en vitamine D fait encore l’objet de nombreux débats scientifiques et l’ANSES estime qu’il est nécessaire d’ évaluer avec plus de précisions le statut en vitamine D de la population française.
A savoir ! La vitamine D est retrouvée dans les aliments riches (poissons gras, lardons, oeufs, fromages) mais aussi par une exposition régulière et modérée au soleil. Plus de la moitié des français présenteraient une carence en vitamine D.
Pour faire face à ce problème, il pourra être proposé une complémentation personnalisée et des recommandations précises sur l’exposition solaire, compatibles avec la prévention des cancers cutanés.
Pour un nombre limité de contaminants, l’étude montre que les niveaux d’exposition restent néanmoins préoccupants, et notamment pour l’arsenic inorganique, l’acrylamide et le plomb. L’ANSES encourage donc de poursuivre les efforts de réduction de ces molécules dans les aliments.
Enfin, il est vivement recommandé de diversifier son régime alimentaire et ses sources d’approvisionnement.
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Julie P., Journaliste scientifique
– Actualisation des repères du PNNS : révision des repères de consommations alimentaires. Avis de l’Anses. Rapport d’expertise collective. Décembre 2016.
– Les bonnes attitudes contre la carence en vitamine D. Inserm. Le 29 septembre 2014