Avec la récente liste noire dressée par le célèbre magazine 60 millions de consommateurs, c’est une nouvelle polémique qui éclate autour des médicaments vendus sans ordonnance ! L’édition de son hors-série intitulé spécialement « Se soigner sans ordonnance » (Décembre 2017-Janvier 2018) met en lumière le rapport bénéfice/risque de 62 médicaments parmi les plus vendus en automédication. Point sur cette nouvelle enquête inédite tombant pile à l’approche de l’hiver !
Les « stars anti-rhume » sur le devant de la scène…
L’installation progressive du froid hivernal fait que de nombreux Français sont tentés d’utiliser les médicaments facilement accessibles en pharmacie (sans ordonnance) pour traiter leurs petits maux. D’ailleurs, les campagnes publicitaires déployées sur les chaînes de télévision ne manquent pas pour les convaincre.
Malheureusement, beaucoup d’entre eux ignorent les effets indésirables produits par ces innombrables produits. Et pourtant, les résultats sont loin d’être rassurants…
Afin d’alerter le grand public, un pharmacologue clinicien renommé, le professeur Jean-Paul Giroud, également membre de l’Académie de médecine, et Hélène Berthelot, pharmacienne, ont mis à profit leurs compétences pour mener une enquête à ce sujet.
Au total, ce sont 62 médicaments qui ont été passés au crible, dont parmi eux, près de 50% ont affiché un rapport défavorable de la balance bénéfice/risque. Ainsi, ces experts sont indignés de voir qu’autant de produits en libre accès présentent une aussi mauvaise efficacité et continuent de se vendre comme des petits pains !
En tête de cette fameuse liste noire, figurent, sans grand étonnement, les « stars anti-rhume » comme Actifed Rhume©, DoliRhume© et NurofenRhume©. Pourquoi ? En combinant 2 à 3 composés actifs tels qu’un vasoconstricteur (nez bouché), un antihistaminique (écoulement du nez) et du paracétamol (ou ibuprofène) (mal de tête), les risques de surdosage et d’effets indésirables graves deviennent bien plus importants, estiment ces spécialistes. Ils sont ainsi comparables à des cocktails dits « explosifs » dont la consommation s’avère plus dangereuse qu’on ne le pense.
« En somme pour décongestionner un nez bouché, on met un bazooka à la disposition des malades » explique le magazine. Et c’est sans parler des médicaments à base de pseudoéphédrine, vendus sans ordonnance qui renferment jusqu’à 30 fois la dose de ceux vendus sous ordonnance, par voie nasale. Là aussi, le constat est affligeant.
A savoir ! La pseudoéphédrine est une molécule décrite comme un vasoconstricteur, permettant de décongestionner un nez bouché et qui présente certains effets indésirables graves comme des atteintes cardiovasculaires, neurologiques et des interactions avec d’autres médicaments.
Sa consommation par voie orale, en cas de maladies bénignes comme le rhume, expose les patients à des risques plus élevés car elle est responsable de la contraction des vaisseaux sanguins de tout l’organisme.
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…Mais aussi ceux dirigés contre la toux
Après les anti-rhumes, c’est aussi ceux contre la toux d’être pointés du doigt par le journal de l’INC (Institut National de la Consommation). Dans cette catégorie, près de 60% des médicaments testés sont jugés inefficaces et à proscrire en cas de quintes de toux.
C’est donc une très grande déception à laquelle se sont confrontés les experts puisque la précédente étude menée en 2015 avait présenté un pourcentage bien inférieur à celui découvert actuellement.
Une des causes de cette augmentation ? Depuis juillet, les sirops ou comprimés à base de dextrométhorphane, une substance efficace sur certaines toux sèches, ne seraient plus accessibles sans ordonnance en raison de leur usage détourné chez les adolescents et jeunes adultes.
Enfin, d’autres produits comme les anti-inflammatoires pour la gorge (par exemple, le Strefen sans sucre) présentent des effets indésirables gravissimes tels que des risques d’hémorragies digestives.
Vu l’ampleur que prend ce marché, surtout en cette période hivernale, 60 millions de consommateurs recommande aux individus d’être vigilants et de signaler tout effet indésirable lié à un médicament en se dirigeant sur le portail de signalement national.
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Lucie B., Biologiste spécialisée en E-santé
– Les nouveaux médicaments de la « liste noire » de 60 millions de consommateurs. EGORA. Le 14 novembre 2017.