Allergies alimentaires : introduire les allergènes dès la diversification

La prévalence des allergies alimentaires augmente sans discontinuer depuis trois décennies. En France, elles concernent selon l’INSERM 2 % des adultes et 5 % des enfants. L’âge de l’introduction des allergènes alimentaires impacte-t-il la survenue de ces allergies ? Des chercheurs français se sont penchés sur cette question et viennent de publier leurs résultats dans la revue scientifique Allergy.

Allergies alimentaires, en hausse constante depuis trente ans

Les intolérances et allergies alimentaires représentent environ 8 % de l’ensemble des allergies. Les principaux allergènes alimentaires en cause sont les suivants :

• Les céréales en particulier les céréales contenant du gluten ;
• Les crustacés et les fruits de mer ;
• Les œufs ;
• Les poissons ;
• Les arachides et fruits à coques ;
• Le soja ;
• Le céleri ;
• La moutarde ;
• Le sésame ;
• Les sulfites présents dans de nombreux aliments transformés ;
• Le lupin.

L’âge de la première exposition de l’enfant à ces allergènes peut-il impacter le développement des allergies alimentaires ? Cette question suscite l’intérêt des scientifiques depuis plusieurs années, afin notamment de pouvoir guider les parents lors de la diversification alimentaire de l’enfant. Faut-il introduire précocement les allergènes ou pas ? Actuellement, et compte-tenu des connaissances dans le domaine, les recommandations préconisent aux parents d’introduire les aliments dits allergènes en même temps que les autres aliments, c’est-à-dire progressivement à partir de l’âge de 4 mois.

Allergies alimentaires et âge d’introduction des allergènes

Ces recommandations sont en vigueur en France depuis quelques années, mais leur impact n’avait pas encore été évalué. En se basant sur les données de l’étude ELFE, des chercheurs français ont évalué le risque d’allergies alimentaires chez les jeunes enfants.

À savoir ! L’étude ELFE regroupe plus de 18 000 enfants nés en France métropolitaine en 2011 et suivis sur une période de 20 ans pour connaître l’histoire et le suivi des enfants de la naissance à l’âge adulte. Plus de 150 chercheurs de nombreuses disciplines scientifiques participent à cette étude pour évaluer la santé de ces enfants, mais aussi leur environnement, leur scolarité, leur alimentation, ainsi que leur vie familiale et sociale.
Au sein de la cohorte ELFE, 6 662 enfants ont été suivis entre l’âge de 2 mois et l’âge de 5 ans. Avant l’âge de 2 mois, aucun des enfants suivis n’avaient présenté de symptômes allergiques. Parmi les paramètres étudiés, figurait l’alimentation de l’enfant, avec des informations collectées mensuellement entre 3 et 10 mois. Les chercheurs ont calculé l’âge d’initiation à la diversité alimentaire et un score de diversité alimentaire à 8 puis à 10 mois.

40 % des enfants seraient diversifiés tardivement

Les chercheurs ont constaté que seulement 62 % des enfants avaient débuté la diversification alimentaire au moment préconisé dans les recommandations, c’est-à-dire entre 4 et 6 mois de vie. Pour 10 % des enfants, au moins 2 allergènes majeurs (œufs, poissons, blé, produits laitiers) n’étaient pas encore introduits dans l’alimentation à l’âge de 10 mois. Cette introduction tardive de certains allergènes était associée à un risque doublé de développer une allergie alimentaire avant l’âge de 5 ans et demi, par rapport aux enfants exposés plus tôt à l’ensemble des allergènes.

Ces nouvelles données confirment l’importance de respecter les recommandations en matière de diversification alimentaire de l’enfant et d’âge d’introduction des allergènes. Sauf cas particuliers et/ou avis médical, les allergènes doivent tous être introduits entre 4 et 6 mois, en même temps que les autres aliments. Il est toutefois conseillé de ne pas introduire simultanément mais successivement les allergènes pour repérer tout signe allergique en lien avec un allergène. Ces recommandations pourraient prévenir la survenue de maladies allergiques en France, chez les enfants comme chez les adultes.