Innovation Près de 850 000 personnes vivent avec la maladie d’Alzheimer et environ 225 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Mais, plus d’un malade sur deux ignore sa maladie, notamment en raison des difficultés de diagnostic. La récente découverte des anticorps de lama pourraient considérablement faire avancer son dépistage.
La maladie d’Alzheimer
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative. Elle est marquée par une lente dégénérescence des neurones, débutant au niveau de l’hippocampe (région cérébrale impliquée dans la mémoire), avant de s’étendre à l’ensemble du cerveau. Cette maladie provoque différents symptômes, d’apparition progressive :
- Des troubles de la mémoire à court terme ;
- Des troubles de l’orientation dans l’espace et dans le temps ;
- Une perte des capacités cognitives (des connaissances) ;
- Une perte des capacités d’exécution des gestes du quotidien ;
- Une perte d’autonomie;
- Des troubles du langage, de l’écriture, du mouvement, du comportement, de l’humeur, ainsi que du sommeil.
La maladie d’Alzheimer touche majoritairement les personnes âgées de plus de 65 ans. Les femmes sont légèrement plus exposées que les hommes. Depuis plusieurs années, on assiste à l’augmentation constante du nombre de personnes atteintes. Or, à ce jour, aucun traitement ne permet de prévenir son apparition, ni de la traiter après son diagnostic. Il est seulement possible de ralentir sa progression.
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Un diagnostic complexe
Autre difficulté dans le cadre de cette pathologie : son diagnostic. Actuellement, il repose sur des tests des fonctions cognitives et neuropsychologiques. Ainsi que sur des examens d’imagerie et sur le dosage de certains composés, présents dans le liquide cérébrospinal. Mais la mise en évidence des lésions cérébrales, constituerait la preuve formelle de l’existence de la maladie. Ces lésions sont de deux types :
- Des plaques amyloïdes ou séniles liées à l’accumulation d’un peptide béta-amyloïde ;
- Des dégénérescences neurofibrillaires associées à des agrégats anormaux de la protéine tau phosphorylée.
Des protéines anormales s’accumulent ainsi dans les cellules cérébrales et y provoquent des lésions irréversibles, qui aboutissent à la mort des cellules cérébrales. Mais, elles sont très difficiles à mettre en évidence en raison de leur localisation.
A savoir ! Le liquide cérébrospinal (LCS) ou liquide céphalorachidien est le liquide dans lequel baignent le cerveau, les méninges et la moelle épinière. Il est possible de prélever ce liquide par une ponction lombaire afin de l’analyser. L’analyse du LCS est indispensable pour diagnostiquer de nombreuses maladies neurologiques ou cérébrales (sclérose en plaques, méningites, encéphalites, …).
De nombreuses recherches sont menées dans le monde, d’une part pour mettre au point de nouveaux traitements contre la maladie, et d’autre part pour améliorer son diagnostic. Récemment, des chercheurs français ont publié des travaux sur l’utilisation d’anticorps de lama pour le diagnostic de la maladie d’Alzheimer.
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Des anticorps de lama capables de passer dans le cerveau
Plusieurs équipes de recherche françaises, ont mis au point deux nouveaux anticorps, qui pourraient révolutionner la prise en charge de la maladie d’Alzheimer.
A savoir ! Un anticorps est une substance capable de reconnaître spécifiquement une autre substance appelée antigène. Cette reconnaissance constitue la base des réactions immunitaires et allergiques. Les anticorps synthétiques peuvent être utilisés pour détecter spécifiquement une substance dans l’organisme.
Ces anticorps, extraits des lamas, seraient capables de détecter les lésions cérébrales caractéristiques de la maladie d’Alzheimer :
- Un anticorps reconnaît spécifiquement le peptide béta-amyloïde des plaques amyloïdes.
- Un autre anticorps reconnaît spécifiquement la protéine tau phosphorylée des dégénérescences neurofibrillaires.
Pourquoi avoir choisi des lamas ? Parce que leurs anticorps sont de petite taille et donc capables de passer la barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau.
Les anticorps ont été testés sur des tissus cérébraux de patients atteints de la maladie d’Alzheimer (après leur décès), puis sur deux modèles de souris. Une fois fixés au niveau des lésions cérébrales, ces anticorps ont été observés par des techniques de microscopie. Les chercheurs développent actuellement une technique IRM (imagerie par résonance magnétique), permettant de visualiser les anticorps, utilisable pour le diagnostic de la maladie chez l’Homme.
Il serait également envisageable de coupler ces anticorps à de nouveaux traitements. Les médicaments parviendraient ainsi directement aux lésions cérébrales et pourraient donc être plus efficaces. Des avancées majeures pour les 3 millions de personnes concernées par cette maladie.
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Estelle B. / Docteur en Pharmacie
Sources :
Institut Pasteur. Communiqué de presse. Diagnostic de la maladie d’Alzheimer : des anticorps de lama détectent les lésions cérébrales. 3 novembre 2016.
Tengfei, L. et al. Camelid single-domain antibodies: A versatile tool for in vivo imaging of extracellular and intracellular brain targets. 2016. Journal of Controlled Release.
Site internet de France Alzheimer. Consulté le 27 décembre 2016.