Des anticorps de lamas contre les troubles cognitifs de la schizophrénie ?
Touchant 600 000 personnes en France, la schizophrénie est une maladie psychiatrique pouvant être à l’origine, entre autres symptômes, de difficultés cognitives invalidantes pour les patients. Or, les traitements actuellement disponibles n’ont qu’une action très limitée sur ces troubles cognitifs. C’est sans compter les effets prometteurs d’anticorps de lamas suggérés par les conclusions d’une étude française sur le sujet. On fait le point.

Schizophrénie : des troubles cognitifs difficiles à traiter
Touchant 1% de la population mondiale, la schizophrénie désigne une pathologie psychiatrique chronique complexe qui se caractérise par une perception perturbée de la réalité. Elle se manifeste par des symptômes très variables d’un patient à l’autre comme des hallucinations ou des idées délirantes ainsi que par un isolement social et des difficultés cognitives.
Or, ces troubles cognitifs sont particulièrement invalidants pour les patients qui en souffrent, d’où l’importance de les prendre en charge. Mais malheureusement, les traitements actuels de la schizophrénie n’ont qu’une action très limitée sur les troubles cognitifs en raison de leur difficulté à traverser la barrière hémato-encéphalique.
Les propriétés intéressantes des anticorps de lamas
Dans ce contexte, des scientifiques de l’Institut de génomique fonctionnelle (CNRS/Inserm/Université de Montpellier) se sont intéressés à la spécificité des anticorps de lamas. Ces animaux possèdent en effet un type particulier d’anticorps à partir desquels les chercheurs ont fabriqué des anticorps de petite taille, des « nanocorps ».
Ces nouvelles molécules présentent plusieurs intérêts :
- Administration périphérique possible par voie veineuse ou musculaire.
- Capacité à franchir la barrière hémato-encéphalique.
- Capacité à atteindre efficacement leurs récepteurs dans le cerveau pour réguler l’activité des neurones.
Les chercheurs ont ensuite évalué l’effet thérapeutique de ces nanocorps sur deux modèles précliniques de la schizophrénie. En administrant les nanocorps à des rongeurs, ils ont ainsi observé :
- Une nette amélioration de leurs fonctions cognitives dès la première injection.
- Avec un effet prolongé pendant plus d’une semaine.
Des résultats prometteurs pour le traitement des troubles cognitifs
Publiés dans la revue Nature, ces premiers résultats sont porteurs d’espoir quant au potentiel des nanocorps à agir sur le cerveau. D’autant qu’ils sont biodégradables et sources d’effets secondaires limités.
Prochaine étape pour les chercheurs ? Mener des études cliniques pour vérifier si chez l’homme, ces nanocorps pourraient corriger les troubles cognitifs de la schizophrénie au moyen d’une injection périphérique. Avec en ligne de mire, l’ambition de pouvoir élargir cette nouvelle génération de traitements à d’autres maladies neurologiques !
Déborah L., Dr en Pharmacie
– Nanobody therapy rescues behavioural deficits of NMDA receptor hypofunction. Nature. . . Consulté le 30 juillet 2025.
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