Des vraies jumelles atteintes d’arthrite ont aidé des scientifiques belges et australiens à identifier la première mutation génétique pouvant provoquer une forme juvénile de cette maladie articulaire inflammatoire. Retour sur ces travaux très encourageants qui ouvrent de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Arthrite juvénile : identification de la mutation sur le chromosome 9
L’arthrite idiopathique (sans cause définie) juvénile est la forme la plus commune de toutes les maladies rhumatismales chez l’enfant.
C’est une arthrite, avec un tableau clinique très spécifique à chaque cas, et qui débute avant l’âge de 16 ans.
Dans le Monde, un à deux enfants sur 1000 souffrent d’une arthrite juvénile. Les symptômes peuvent être des articulations gonflées et douloureuses, des poussées de fièvre et des éruptions cutanées.
Pour expliquer l’origine de la maladie, les chercheurs investissent deux pistes qui peuvent, par ailleurs, être en connexion l’une avec l’autre : la piste génétique et celle liée à l’environnement (infection, pollutions, etc.).
Dans cette étude australo-belge, dirigée par Adrian Liston département de microbiologie et d’immunologie de l’université de Louvain et du centre de recherche sur le cerveau de la même ville, les chercheurs ont analysé l’ADN des cellules sanguines des deux petites jumelles homozygotes. Grâce à la combinaison de techniques innovantes de génétique et d’immunologie, ils ont réussi à identifier la mutation génétique responsable de la survenue de leur arthrite : le gène NFIL3 sur le chromosome 9.
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Modéliser la maladie chez l’animal
Pour mieux comprendre les effets de la forme mutante du gène identifié, le gène NFIL3 (Nuclear Factor Interleukin 3) présent sur le chromosome 9, les chercheurs ont observé des souris chez qui la mutation avait été induite par génie génétique.
Le facteur NFIL3 est un facteur de transcription immunologique clé, c’est à dire une protéine permettant l’expression, ou pas, du gène responsable de la synthèse de l’interleukine-3 (IL-3) dans certaines cellules immunitaires (lymphocytes T, cellules Natural Killer et mastocytes). Malgré l’importance de ce facteur, les connaissances sur sa fonction restent encore minimes.
Sans attendre, ils ont mis en évidence sa contribution à la susceptibilité à l’arthrite.
En effet, les souris déficientes en NFIL3 affichaient une hausse de leur production d’interleukines IL- 1 bêta par leurs globules blancs (leucocytes) et les symptômes cliniques d’arthrite.
À savoir ! Dans les mécanismes physiologiques menant à une inflammation des articulations, on observe l’intervention des interleukines IL-1 bêta. Ces protéines ont un rôle pro-inflammatoire. L’ IL-1 alpha est fixée à la cellule tandis que IL-1 bêta se diffuse dans le sang pour agir à distance. L’ anakinra est une molécule antagoniste de l’interleukine-1 utilisée pour lutter contre les douleurs articulaires.La professeure Susan Schlenner, la première auteure de l’étude précise que » Les nouvelles approches de modification génétique nous permettent de produire rapidement de nouveaux modèles murins reproduisant des mutations humaines chez la souris « .
Grâce à cette identification du gène NFIL3 comme gène auto-inflammatoire, les médecins espèrent mettre en place prochainement un traitement plus efficace pour lutter contre cette maladie rhumatismale qui touche les plus jeunes.
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Julie P., Journaliste scientifique