Bébés prématurés : La voix de maman pour apaiser les douleurs ?

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Rédigé par Deborah L. et publié le 14 octobre 2021

De nombreuses interventions médicales sont souvent nécessaires pour prendre en charge les bébés prématurés. Et si la voix de leur maman permettait d’apaiser les douleurs ? C’est ce que suggèrent des scientifiques de l’Université de Genève.

Apaiser les douleurs d'un bébés prématurés grâce à la voix de la maman

Les difficultés liées à la prématurité

En France, on compte chaque année environ 50 000 naissances prématurées avec des conséquences plus ou moins importantes sur la santé de l’enfant. De ce fait, de nombreuses interventions médicales sont souvent nécessaires pour prendre en charge les nouveau-nés.

À savoir ! Sur les 50 000 naissances prématurées annuelles, on compte 10 % de grands prématurés et 5 % de très grands prématurés.

Séparés de leurs parents, les bébés prématurés se retrouvent alors en couveuse voire pour certains en soins intensifs, pendant parfois plusieurs semaines. Prises de sang, intubation, et nutrition à la sonde alimentaire deviennent alors leur quotidien rythmé par des interventions médicales essentielles pour les garder en vie. Autant de gestes qui peuvent être à l’origine de douleurs chez ces nouveau-nés. Or, l’usage des analgésiques pharmaceutiques n’est pas forcément possible en raison du risque important d’effets secondaires à court et long terme sur leur développement neurologique.

Dans ce contexte, une équipe de scientifiques de l’Université de Genève a souhaité étudier l’effet de la voix de la maman sur le bébé prématuré en proie aux douleurs. 

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La voix maternelle pour apaiser les douleurs

De précédentes études avaient déjà émis l’hypothèse selon laquelle la présence de la mère ou du père avait un réel pouvoir pour apaiser les douleurs sur l’enfant à travers les modulations émotionnelles de leurs voix. 

Dans le cadre de cette nouvelle étude, les chercheurs ont suivi 20 bébés prématurés de l’Hôpital Parini en Italie à l’occasion de leur prise de sang quotidienne, réalisée au moyen de l’extraction de quelques gouttes de sang au niveau du talon. L’étude s’est déroulée en trois étapes réparties sur trois jours :

  • Une première piqûre en l’absence de la mère
  • Une seconde piqûre en présence de la mère parlant à son bébé (5 minutes avant, pendant et après la piqûre)
  • Une troisième piqûre en présence de la mère chantant pour son bébé (5 minutes avant, pendant et après la piqûre)

À savoir ! Dans cette étude, les auteurs se sont focalisés sur la voix de la mère et non du père. Ce dernier n’est en effet pas forcément toujours disponible dans les premiers jours de vie de son enfant du fait de ses impératifs professionnels.

Pour évaluer si la douleur du bébé était réduite en présence de sa mère, les scientifiques se sont basés sur l’échelle PIPP (Preterm Infant Pain Profile). Cette échelle permet d’établir une grille de codage (allant de 0 à 21) des expressions du visage et des paramètres physiologiques (battement du cœur, oxygénation) caractéristiques du ressenti douloureux du bébé. Les chercheurs ont ainsi pu observer les résultats suivants :

  • PIPP à 4,5 lorsque la mère est absente
  • Baisse du PIPP à 3,8 lorsqu’elle chante
  • Chute du PIPP à 3 lorsque la mère parle à son bébé

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Une présence maternelle essentielle et rassurante auprès des bébés prématurés

Les scientifiques ont ensuite cherché à comprendre quels changements intervenaient chez le bébé lorsqu’il entendait sa mère parler. Et ils se sont naturellement intéressés à une hormone, l’ocytocine, surnommée « hormone de l’attachement » qui a déjà été liée au stress et à l’attachement dans des études précédentes. C’est un prélèvement salivaire et sans douleur, réalisé sur les bébés avant que la mère ne parle ou chante et après la piqûre au talon qui a permis aux chercheurs de faire un constat éloquent. Le taux d’ocytocine avait augmenté de façon significative en ayant presque doublé, ce qui témoigne d’une meilleure gestion de la douleur par le bébé prématuré.

Ces résultats, publiés dans la revue Scientific Reports, démontrent le réel impact positif de la présence de la mère auprès de son bébé prématuré soumis à  un stress intense et des pratiques médicales douloureuses. D’où l’importance de maintenir ensemble les parents et le bébé prématuré, à plus forte raison quand l’enfant est admis dans le service des soins intensifs. En s’impliquant auprès du nouveau-né et en le rassurant, les parents peuvent ainsi se sentir utiles pour aider au bien-être et au bon développement de leur enfant tout en consolidant les liens primordiaux de l’attachement.

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Déborah L., Docteur en Pharmacie

Sources
– La voix maternelle réduit la douleur des bébés prématurés. Université de Genève. Consulté le 10 octobre 2021.