Chat, chien, lapin, furet, … la moitié des Français possède au moins un animal de compagnie. Des animaux exposés comme les humains à des maladies infectieuses. L’usage des antibiotiques en médecine vétérinaire peut-il influencer l’antibiorésistance, la résistance des bactéries aux antibiotiques ? En soignant mieux nos animaux, pourrait-on réduire l’impact de l’antibiorésistance chez l’humain ? Ce lien entre santé humaine et santé animale a fait l’objet d’un récent avis de l’ANSES. Explications.
Les animaux exposés comme les humains à l’antibiorésistance
L’antibiorésistance désigne l’ensemble des mécanismes qui permettent aux bactéries responsables d’infections de résister aux antibiotiques actuellement disponibles en thérapeutique. L’antibiorésistance représente un enjeu majeur de santé publique. En France, les infections provoquées par des bactéries résistantes s’élèveraient chaque année à plus de 120 000 cas, et provoqueraient plus de 5 500 décès. A l’échelle européenne, 35 000 personnes décèderaient chaque année des conséquences de l’antibiorésistance. En effet, l’antibiorésistance entraîne :
- Des infections sans solution thérapeutique ;
- Des infections plus graves et plus longues ;
- Des infections susceptibles de provoquer des complications et des séquelles à long terme.
La lutte contre l’antibiorésistance est essentielle pour préserver l’efficacité des antibiotiques. D’après les experts, à l’horizon 2050, plus de 200 000 personnes pourraient mourir des conséquences de l’antibiorésistance. L’impact de l’antibiorésistance est multiple, financier, économique et sanitaire. La principale arme face à l’antibiorésistance est le bon usage des antibiotiques.
Une faible réduction des antibiotiques chez les animaux de compagnie
Le plus souvent, les messages de santé publique sur le bon usage des antibiotiques se focalisent sur la santé humaine. Mais l’antibiorésistance touche aussi la santé animale. Les bactéries, qu’elles soient ou non pathogènes, qu’elles soient ou non résistantes, circulent entre les humains et les animaux, particulièrement les animaux d’élevage et les animaux de compagnie. La prise d’un traitement antibiotique par un animal de compagnie peut suffire à sélectionner une bactérie résistante, capable de passer aux humains en contact avec l’animal soigné.
Il n’y a donc pas de frontière entre la santé animale et la santé humaine en matière d’antibiorésistance. Chez l’humain, les multiples campagnes de santé publique visant à réduire les prescriptions d’antibiotiques portent progressivement leurs fruits. Mais chez l’animal, qu’en est-il ? De la même manière, les vétérinaires sont appelés à mieux utiliser les antibiotiques. Depuis 2011, les experts notent une baisse de l’exposition des animaux aux antibiotiques :
- Une réduction de 72 % chez les volailles ;
- Une réduction de 67 % chez les ovins ;
- Une réduction de 64 % chez les lapins ;
- Une réduction de 23 % chez les bovins.
Mais la réduction n’est que de 3 % chez les animaux de compagnie, alors que ce sont justement les animaux qui ont les liens les plus étroits avec les humains !
Des gestes simples pour lutter contre l’antibiorésistance, chez l’humain comme chez l’animal
Santé animale et santé humaine sont interconnectés, c’est le principe du concept « One Health » (une seule santé) élaboré par les experts du monde entier. Ce concept prône une approche globale des enjeux sanitaires, reliant la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale. En matière d’antibiotiques, le bon usage de ces médicaments essentiels concerne à la fois les animaux et les humains.
Pour préserver le plus longtemps possible l’efficacité des antibiotiques, quelques règles sont incontournables pour vous comme pour vos animaux :
- Se faire vacciner et être à jour de ses rappels de vaccination ;
- Eviter les contacts rapprochés avec des personnes ou des animaux malades, surtout si vous êtes fragiles ;
- Adopter des mesures pour réduire le risque de morsure ou de griffure par votre animal ;
- Respecter les gestes d’hygiène : se laver les mains après tout contact avec l’animal ;
- Ne pas utiliser d’antibiotiques en dehors d’une prescription médicale, ni pour une autre personne, ni pour un animal. L’usage d’un antibiotique doit être effectué sur l’avis d’un médecin pour vous ou d’un vétérinaire pour votre animal ;
- Rapporter les antibiotiques non utilisés à la pharmacie pour qu’ils soient détruits sans contaminer l’environnement.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
– One Health : une seule santé pour les êtres vivants et les écosystèmes. www.anses.fr. Consulté le 27 mai 2024.
– L’antibiorésistance : pourquoi est-ce si grave ? sante.gouv.fr. Consulté le 27 mai 2024.