Le Brown-out : un nouveau concept de souffrance au travail

Actualités Psychiatrie

Rédigé par Julie P. et publié le 21 août 2018

Après le surmenage professionnel (burn-out), l’ennui au travail (bore-out), une nouvelle forme de mal-être psychologique dans l’entreprise vient d’être décrite : le brown-out ou littéralement « perte de courant ». Cette pathologie qui frappe de plus en plus les travailleurs se caractérise par la prise de conscience de réaliser un travail sans intérêt, voire absurde. Eclairage.

Une femme en état de brown-out

Le Brown-out : une pathologie décrite en 2016

Le brown-out est la maladie de l’absurdité du travail dans laquelle l’individu réalise que son travail n’a plus de sens ou qu’il se heurte à ses valeurs et ses convictions. Automatiquement, un désinvestissement important se met en place et cette démotivation peut avoir des répercussions psychologiques et physiologiques.

André Spicer, un professeur britannique en comportement organisationnel et Mats Alvesson, un professeur suédois en gestion des entreprises, ont mis en perspective ce nouveau mal psychologique, en 2016, dans leur ouvrage intitulé « The stupidity Paradox ». Ils y décrivent, grâce à des enquêtes, comment et pourquoi de nombreuses entreprises :

  •  Acceptent de réaliser des tâches ou procédures qui sont stupides et inutiles (négliger les vrais problèmes, prendre des décisions irrationnelles etc.) ;
  • Mettent en place des systèmes de management non durable.

« Généralement, il est normal de penser que la stupidité est un problème, mais nous avons été surpris de constater que parfois, elle peut être utile (d’où le mot « paradoxe » dans le titre), du moins à court terme » explique André Spicer.

Lire aussiBurn out, une maladie à prendre en charge

Symptômes et prise en charge du brown-out

Globalement, la personne touchée par le « brown-out » subit une « baisse de courant psychique », ce qui se traduit par :

  • Une prise de conscience d’absurdité, d’inutilité et d’aberration du travail à réaliser ;
  • Une démotivation progressive s’accompagnant d’une irritation et d’une apathie (absence de sentiments, d’émotions) ;
  • Une crise existentielle avec une remise en question du travail, mais aussi, de sa vie privée ;
  • Une anxiété, voire une dépression.

Aujourd’hui, le burn-out (syndrome de l’épuisement professionnel) n’est pas systématiquement reconnu comme une pathologie professionnelle et les individus sont indemnisés par l’assurance maladie (donc la collectivité) et non pas par la branche « risque professionnels » de la sécurité sociale dont les fonds dépendent des entreprises. Pour l’instant, le brown-out n’apparait pas encore dans les documents de travail des organisations responsables des risques professionnels.

À savoir ! Une étude de l’assurance maladie montre que, en 2016, 10 000 affections psychiques au titre des accidents du travail et près de 600 au titre des maladies professionnelles ont été recensées. En 2011, seulement 100 affections psychiques étaient reconnues comme maladie professionnelle.

Pour distinguer le burn-out du brown-out, le médecin se rendra rapidement compte que son patient ne souffre pas d’épuisement physique ou intellectuel mais qu’il est davantage dans une phase où il se sent désespéré, comme en errance.

Actuellement, il n’existe pas de traitement standard, bien sûr, et chaque patient souffrant de brown-out possède des symptômes particuliers traduisant leur mal-être psychologique. Le professionnel de santé pourra proposer une thérapie psychologique et/ou un traitement médicamenteux.

Associées aux nouvelles exigences du travail moderne (rapidité, numérisation, dématérialisation, compétitivité accrue), ce brown-out tente cependant d’être contré par les entreprises. Elles développent de nouveaux programmes pour conserver la motivation de leurs équipes. Les autorités sanitaires travaillent, quant à elles, sur le concept du bien-être psychologique au travail ou le BIB (Bonheur Intérieur Brut) et tentent de comprendre l’origine de ces maladies psychologiques émergentes.

Enfin, dans l’espace public, des initiatives se développent, comme des cafés citoyens ou des colloques, pour comprendre et prévenir ces nouvelles souffrances psychologiques qui concernent, finalement, toute la société.

Lire aussiStress au travail : take it easy !

Julie P., Journaliste scientifique

– Le burn-out ne doit pas forcément être reconnu en maladie professionnelle Novetic. Consulté le 20 août 2018.

  • Sawicki says:

    Bonjour,
    si cela peut intéresser lectrices et lecteurs concernés directement ou non par les souffrances au travail, le réseau « Souffrance au Travail » de Marie Pezé et l’association « Cafés Théma » organisent des « Cafés Citoyens Santé et Travail », tant à Paris qu’en régions.
    Les dates et lieux sont mentionnés sur ce site : http://cafes-thema.com/categorie/cafes-sante-travail/

    Cela a permis à bon nombre de gens de s’informer, partager et s’entraider…

    Bien à vous

    Patrice Sawicki

    Reply
  • Sawicki says:

    Bonjour,
    si cela peut intéresser lectrices et lecteurs concernés directement ou non par les souffrances au travail, le réseau « Souffrance au Travail » de Marie Pezé et l’association « Cafés Théma » organisent des « Cafés Citoyens Santé et Travail », tant à Paris qu’en régions.
    Les dates et lieux sont mentionnés sur ce site : http://cafes-thema.com/categorie/cafes-sante-travail/

    Cela a permis à bon nombre de gens de s’informer, partager et s’entraider…

    Bien à vous

    Patrice Sawicki

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