Depuis quelques années, le mois d’octobre est marqué par une forte mobilisation communautaire contre le cancer du sein. Les actions menées sont surtout d’ordre culturel mais en début du mois, c’est au tour de la recherche de montrer son engagement… Comment ? En comparant le microbiome (bactéries) de tissus mammaires sains et cancéreux, des chercheurs ont mis le doigt sur une découverte, pour le moins, fulgurante. Une espèce bactérienne prédisposerait les femmes à développer ce type de tumeur…
Les seins ont aussi leur propre microbiome
Quand il s’agit de microbiome, soit l’ensemble des bactéries siégeant à un endroit distinct de l’organisme, il est fréquent de penser à celui des intestins. Ce réflexe est certainement dû aux nombreux travaux qui leur ont été dédiés…
Mais détrompez-vous, d’autres organes contiennent aussi leur propre microbiome. C’est le cas par exemple du sein dont le tissu mammaire a révélé la présence de nombreuses bactéries, qu’elles soient bonnes ou mauvaises…
Malheureusement, jusqu’à présent, peu d’études ont permis de caractériser réellement la composition de ce tissu, si précieux chez les femmes… Et 50% de cancers du sein n’ont encore, jusqu’ici, aucune cause identifiée.
La dernière étude travaillant sur le sujet date de l’année dernière : une analyse par séquençage de l’ADN de tissus sains et cancéreux avait permis de mettre en évidence certains profils bactériens impliqués dans le développement du cancer du sein mais beaucoup d’incertitudes restaient encore sur la table…
Ce mois-ci, une nouvelle étude menée par une équipe de chercheurs de Cleveland a sorti des nouveaux résultats, fondés sur ces petites bactéries.
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Un défaut de bactéries Methylobacterium dans le tissu mammaire cancéreux
Publiée dans la revue Oncotarget le 05 octobre 2017, l’étude a passé en revue les tissus mammaires de 78 patientes ayant subi soit une mastectomie pour un carcinome invasif, soit une chirurgie esthétique. Par ailleurs, ils ont aussi procédé à un prélèvement urinaire pour déterminer la composition bactérienne à un endroit distinct et éloigné du sein.
A savoir ! La mastectomie est une intervention chirurgicale visant à réaliser une ablation totale ou partielle du sein, en vue de retirer une tumeur cancéreuse.
Pour la première fois, l’équipe de recherche a fait la découverte d’un déséquilibre dans la composition bactérienne entre le tissu de seins normaux et celui de seins cancéreux. Pour être exact, le tissu mammaire normal contiendrait plus de bactéries de la souche Methylobacterium comparé à celui affecté par le cancer.
Ainsi, l’identification de cette souche va permettre aux chercheurs de mieux avancer dans la compréhension du lien entre ces déséquilibres bactériens et le développement du cancer du sein.
Ajouté à ces résultats, l’analyse des urines des femmes atteintes par un cancer mammaire a révélé une quantité plus importante de bactéries Gram positifs telles que le Staphylococcus et l’Actinomyces, des germes courants, soulignant une atteinte pathologique chez l’individu.
En identifiant ces souches bactériennes, les chercheurs espèrent pouvoir déceler de nouveaux et importants biomarqueurs pour le diagnostic du cancer du sein. Puis permettre ultérieurement de sélectionner les bons probiotiques stimulant les bactéries dites « protectrices ».
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Lucie B., Biologiste spécialisée en E-santé