Depuis quelques jours, certains enfants français âgés de 5 à 11 ans peuvent être vaccinés contre la Covid-19. Cette première étape de vaccination chez l’enfant annonce-t-elle une ouverture plus large de la vaccination à cette classe d’âge ? En France, la Haute Autorité de Santé, mais aussi le Comité Consultatif National d’Ethique ou encore différentes sociétés savantes se sont récemment interrogés sur la pertinence de cette vaccination. Voici ce qu’il faut retenir de l’avis du CCNE en date du 17 décembre 2021.
Vaccination des enfants de moins de 12 ans contre la Covid-19
Faut-il vacciner les enfants de moins de 12 ans contre la Covid-19 ? Le Comité Consultatif National d’Ethique (CCNE) est habituellement sollicité pour différentes questions de santé publique par le ministère des Solidarités et de la Santé. Parmi les sujets soumis à l’avis du CCNE en 2021, la question de la vaccination contre la Covid-19 est revenue plusieurs fois, et plus récemment fin novembre sur la question de la vaccination des enfants de moins de 12 ans. Si depuis plusieurs mois, les adolescents de 12 à 17 ans sont éligibles à la vaccination contre la Covid-19, de nombreuses interrogations demeurent sur la pertinence de vacciner les enfants plus jeunes.
Afin d’évaluer cette question, le CCNE a pris en compte les connaissances scientifiques actuelles sur l’infection par le coronavirus SARS-CoV-2 chez l’enfant. A ce jour, les facteurs de risque de mortalité chez l’enfant infecté par la Covid-19 sont au nombre de deux seulement :
- Un âge supérieur à 10 ans ;
- L’existence d’au moins une comorbidité.
Une incidence de Covid-19 particulièrement élevée chez les enfants
Actuellement, une large proportion des adultes (environ 90 %) et des adolescents (près de 80 % des 12-17 ans) présente un schéma vaccinal complet. Pourtant, la cinquième vague épidémique n’épargne pas la France, ce qui pose des questions sur le concept de l’immunité collective, qui n’aurait donc pas encore été atteinte. Plusieurs points posent encore question, notamment :
- Les durées respectives de l’immunisation acquise par une infection par le SARS-CoV-2 et de l’immunisation induite par la vaccination ;
- L’arrivée sur le territoire du nouveau variant Omicron ;
- L’insuffisance de connaissances sur les caractéristiques de ce variant ;
- Le rôle des enfants dans la dynamique de transmission du virus.
Depuis le mois d’octobre 2021, l’incidence se révèle nettement plus élevée chez les enfants de 6 à 10 ans, que chez les enfants d’autres classes d’âge. Pour autant, le niveau d’hospitalisation de ces enfants reste identique à celui observé au cours de l’année 2020, alors qu’il a baissé chez les adolescents, largement vaccinés. Des données qui pourraient inciter à vacciner les enfants. Mais le CCNE a également étudié les effets secondaires des vaccins chez les enfants, des effets différents de ceux observés chez l’adulte.
Des effets secondaires du vaccin différents de ceux des adultes
Chez l’enfant, la vaccination contre la Covid-19 a été associée à une augmentation du risque de myocardite (inflammation du muscle cardiaque) ou de péricardite (inflammation de la paroi cardiaque). Même si ces effets secondaires restent très rares (de 3 à 30 cas pour 1 million d’enfants vaccinés) et se sont révélés d’évolution favorable, ces risques sont à rapprocher d’une très forte fréquence des formes asymptomatiques de la maladie chez l’enfant. Depuis le début de l’épidémie, près de 420 000 enfants ont été infectés et testés positifs, dont seulement 28 % ont présenté des symptômes. Les enfants ne représentent que 0,3 % de l’ensemble des hospitalisations pour Covid-19 en France et seuls trois décès ont été recensés depuis l’hiver 2020.
Sur la base des connaissances actuelles, le CCNE s’est donc prononcé en faveur d’une ouverture possible de la vaccination aux enfants de moins de 12 ans, à condition de disposer des données de pharmacovigilance recueillies dans les pays ayant déjà ouvert la vaccination à cette tranche d’âge. Dans tous les cas, le CCNE opte pour un choix libre et éclairé des parents. Il ne souhaite pas que cette vaccination interfère avec celle des adultes, largement prioritaire, et ne devienne obligatoire avec la mise en œuvre d’un possible passe sanitaire. Et pour les enfants vaccinés, un suivi médical à moyen et long terme devra être mis en place pour évaluer les éventuelles conséquences du vaccin sur leur santé.
Estelle B., Docteur en Pharmacie