Les infections vaginales sont souvent bénignes mais inconfortables et il peut être difficile de s’en débarrasser définitivement. Les plus fréquentes sont la vaginose bactérienne et la mycose. Le diagnostic est clinique puisqu’il repose sur la présence des symptômes caractéristiques des deux affections. La prise en charge repose sur une prescription d’antibiotiques en cas de vaginose bactérienne, ou d’antifongiques en cas de mycose.
Définition et symptômes des infections vaginales
Qu’est-ce qu’une infection vaginale ?
Les infections vaginales sont des troubles fréquents, que la majorité des femmes auront connu au moins une fois dans leur vie. La cause la plus fréquente est un dérèglement de la flore vaginale. En effet, le vagin possède sa propre flore constituée de diverses bactéries, notamment les fameux lactobacilles. Les bactéries présentes au niveau du vagin jouent un rôle protecteur très important puisqu’elles sont chargées de défendre l’organe contre les micro-organismes en provenance de l’extérieur (flore intestinale, infection sexuellement transmissible, etc.). Lorsque ces derniers ont le dessus et se développent dans le vagin, on parle de déséquilibre de la flore vaginale, favorisant la survenue d’infections vaginales.
Plusieurs paramètres favorisent le dérèglement de la flore vaginale :
- Certains médicaments, par exemple les antibiotiques ;
- Le tabagisme ;
- Une hygiène intime problématique (inadaptée ou excessive) ;
- Un changement hormonal comme une grossesse, un changement de contraception ou une ménopause. A noter que durant les menstruations, le pH vaginal est modifié ce qui peut également déséquilibrer la flore vaginale et augmenter le risque d’infection ;
- Le port de certains vêtements en fibres synthétiques ;
- Une sexualité risquée, par exemple avec un changement fréquent de partenaire ;
- Un stress.
La vaginose bactérienne concerne entre 15 et 20% des Françaises. Elle survient lorsque les lactobacilles protecteurs sont supplantés par une flore bactérienne dite anaérobie (qui n’a pas besoin d’oxygène). Cette dernière est polymorphe et composée, entre autres, de Gardnerella vaginalis, prevotella, etc.
La mycose vaginale concerne jusqu’à 20% des femmes ayant une activité sexuelle. Cette infection est causée par un champignon : Candida albicans dans près de 90% des cas, et Candida glabrata pour les 10% restant. Ce champignon est dit opportuniste puisqu’il profite d’un déséquilibre de la flore vaginale ou d’un déficit du système immunitaire pour se développer. Candica albicans est déjà présent (en petite quantité) dans le vagin, mais également dans le tube digestif. Ainsi, la contamination se fait généralement directement de l’anus vers le vagin.
Vaginose bactérienne | Mycose vaginale | |
---|---|---|
Prévalence | 15-20% | 10-20% |
Germes | Flore bactérienne anaérobie polymorphe | C. Albicans (90%), C. Glabrata (10%) |
Pertes vaginales | Couleur : Gris/verdâtre Aspect : Homogène, fluide Adhérence : Oui Odeur : typique de « poisson avarié » | Couleur : Blanc/jaunâtre Aspect : Crémeuse, grumeleuse en « lait caillé » Adhérence : Oui Odeur : Non |
Autres symptômes | Absent ou discret : Sensation de brûlures, démangeaisons | Démangeaisons, brûlures, rougeurs Gonflement et petites coupures de la vulve, dyspareunie (= douleurs lors des rapports sexuels) |
pH vaginal | pH > 4,5 | pH < 4 |
Diagnostic | Clinique : Méthode « Amsel » Bactériologique : « Score de Nugent » | Examen Clinique Bactériologique : examen direct + mise en cultures des sécrétions vaginales |
Facteurs de risque | – habitudes sexuelles : précocité des relations, multiplicité des partenaires, douches vaginales, homosexualité féminine, utilisation de dispositifs intra-utérins – tabac – stress | – hormono-dépendance : seconde moitié du cycle, 3ème trimestre grossesse – stress – diabète mal équilibré – prise antibiotique à large spectre – déficit immunitaire – dispositifs intra-utérins |
Quels symptômes ?
Une vaginose bactérienne est asymptomatique dans 50% des cas. Sinon, elle se manifeste par :
- Des démangeaisons ou picotements ;
- Des écoulements vaginaux abondants, de couleur gris-verdâtre et très malodorants.
Les symptômes d’une mycose sont les suivants :
- Démangeaisons importantes au niveau de la vulve et de l’entrée du vagin ;
- Picotements ou brûlures vulvaires ;
- La muqueuse vulvaire est rouge et gonflée avec parfois des lésions (coupures, fissures) ;
- Pertes jaune-blanchâtres grumeleuses. Elles stagnent généralement au niveau des plis de muqueuse ;
- Douleurs pendant les rapports sexuels ;
- Brûlures urinaires.
A noter ! La mycose ne concerne pas seulement les femmes. Les hommes aussi peuvent en souffrir : inflammation du gland et du prépuce qui se manifeste par des démangeaisons, picotements et lésions blanchâtres.
Diagnostic et traitement des infections vaginales
Quel diagnostic ?
Toute perte vaginale inhabituelle ou persistante depuis plusieurs jours doit conduire à une consultation médicale.
Le diagnostic d’une infection vaginale est généralement clinique. Il est basé sur plusieurs paramètres comme le pH vaginal, les symptômes (aspect des sécrétions, odeurs, etc.) et l’examen gynécologique.
Un examen bactériologique peut être prescrit en complément, généralement en cas de récidives fréquentes ou de doutes sur le diagnostic. Il repose sur l’analyse en laboratoire spécialisé des sécrétions vaginales.
Quel traitement ?
Les vaginoses bactériennes et les mycoses sont des infections vaginales bénignes, mais parfois très inconfortables, voire douloureuses. Pour soulager les patientes, un traitement peut être mis en place.
La prise en charge d’une vaginose bactérienne repose sur la prescription par le médecin d’un antibiotique. Celle d’une mycose vaginale nécessite un traitement antifongique local dans la plupart des cas. Ces produits sont disponibles en pharmacie avec ou sans ordonnance, cependant, il est préférable de demander, a minima, l’avis d’un pharmacien avant de s’en procurer. Plus rarement, un traitement antifongique par voie orale, disponible uniquement sur ordonnance, est nécessaire. A noter qu’un savon à pH neutre ou basique doit compléter la prise en charge. Après le traitement d’une infection vaginale, il est vivement conseillé de reconstituer la flore vaginale.
Diverses mesures peuvent être mises en place pour prévenir l’apparition ou la récidive des infections vaginales :
- Plutôt utiliser des sous-vêtements en coton plutôt qu’en synthétique. En effet, le coton peut être lavé à 60°C pour éliminer les Candida albicans;
- Utiliser un savon adapté à la toilette intime ;
- Ne pas exagérer sur la toilette intime, tant en termes de fréquence ou de pratique (douche vaginale) ;
- Systématiquement s’essuyer de l’avant vers l’arrière après être allé aux toilettes ;
- Pendant les règles, ne pas garder les protections plus de 3h d’affilées ;
- Avoir recourt au lubrifiant lors des rapports sexuels afin de limiter les risques de lésions de la paroi vaginale.
Charline D., Docteur en pharmacie
– Mycose vaginale. sante-sur-le-net.com. Consulté le 8 mars 2022.
– Vaginose bactérienne. sante-sur-le-net.com. Consulté le 8 mars 2022.