Collyres mydriatiques, attention aux effets indésirables graves chez le jeune enfant !

Actualités Santé de l'enfant

Rédigé par Estelle B. et publié le 18 avril 2023

Les rendez-vous chez l’ophtalmologiste nécessitent régulièrement l’administration des collyres mydriatiques au cours de l’heure qui précède. Chez le jeune enfant, ce geste n’est pas à prendre à la légère, car il peut provoquer des effets indésirables, comme le rappelle l’ANSM dans un récent communiqué. Explications.

Enfant recevant des collyres mydriatiques

Les collyres mydriatiques, indispensables avant certains examens ophtalmologiques

Pour préparer l’œil avant un examen ophtalmologique, deux types de collyres mydriatiques peuvent être utilisés à la fois chez l’enfant et l’adulte :

  • Les collyres anticholinergiques et antimuscariniques (atropine, cyclopentolate, tropicamide) ;
  • Les collyres alpha-mimétiques de type 1 (phényléphrine).

Ces collyres permettent de :

  • dilater la pupille (phénomène appelé la mydriase) indispensable avant la réalisation d’un fond d’œil (examen ophtalmologique destiné à observer notamment la rétine pour dépister des maladies oculaires ou suivre leur évolution)  ;
  • d’interrompre l’accommodation de l’œil (phénomène appelé la cycloplégie) pour mesurer la réfraction de l’œil (mesure qui permet d’évaluer des troubles visuels).

Si tous les collyres mydriatiques permettent d’obtenir une mydriase, seulement deux d’entre eux (atropine et cyclopentolate) permettent d’obtenir une mise au repos de l’accommodation de l’œil.

Les collyres mydriatiques peuvent entraîner de graves effets indésirables chez le jeune enfant, s’ils sont mal administrés

Chez l’enfant, et plus particulièrement chez le jeune enfant, une mauvaise administration de collyres mydriatiques est susceptible de provoquer de graves effets indésirables. Si le collyre est mal administré, le collyre et ses principes actifs passent dans la circulation sanguine et atteignent ainsi l’appareil digestif, cardiovasculaire et/ou le cerveau. Généralement, les effets indésirables surviennent dans les 20 à 30 minutes suivant l’administration et sont notamment :

  • une rougeur du visage ;
  • une sécheresse de la bouche ;
  • une fièvre brutale et élevée ;
  • des troubles neurologiques (changement de comportement de l’enfant, maux de tête, vertiges, confusion, troubles de l’équilibre voire convulsions) ;
  • des signes cardiovasculaires (accélération du rythme cardiaque, augmentation de la tension artérielle) ;
  • des problèmes digestifs (gonflement de l’abdomen, occlusion intestinale partielle ou totale, arrêt du mouvement des muscles intestinaux).

Même graves, ces signes s’améliorent le plus souvent spontanément en 4 à 6 heures, même s’ils peuvent persister entre 12 et 24 heures. Dans les cas les plus graves, il existe un risque de décès du jeune enfant. La survenue de ces effets indésirables graves concerne essentiellement des très jeunes enfants (nouveau-nés, nourrissons, prématurés) et est plus fréquente lors de l’administration successive de plusieurs collyres mydriatiques.

Respecter les modalités d’administration et la posologie

Pour éviter la survenue de tels effets indésirables graves et prévenir le risque de surdosage, les prescripteurs et les parents doivent respecter scrupuleusement les contre-indications des collyres, les modalités d’administration et les posologies maximales de chaque collyre. Pour les parents, quelques consignes essentielles sont à retenir pour prévenir les risques :

  • ne pas laisser les collyres à la portée des jeunes enfants ;
  • vérifier les règles de conservation des collyres ;
  • noter la date d’ouverture de chaque flacon de collyre ;
  • respecter les modalités d’administration et la posologie indiquées par le médecin ;
  • respecter les intervalles de temps entre chaque administration de collyre ;
  • après l’administration, appuyer sur l’angle interne de l’œil pendant 1 à 2 minutes puis essuyer la joue de l’enfant ;
  • surveiller l’enfant pendant environ 30 minutes.

Si un symptôme inhabituel apparaît ou en cas de doute, il faut contacter immédiatement le médecin prescripteur ou le pharmacien pour l’avertir et connaître la conduite à tenir. En cas de surdosage ou d’ingestion accidentelle d’un collyre mydriatique, il convient de rincer l’œil ou les deux yeux à l’eau tiède, puis de contacter immédiatement le médecin, le pharmacien ou le centre antipoison.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources
– Comment limiter la survenue des effets indésirables des collyres mydriatiques chez les enfants ? ansm.sante.fr. Consulté le 8 avril 2023.