Le 23 mai 2019 s’est déroulée la journée scientifique de la cohorte Constances (enquête scientifique française). A cette occasion, les chercheurs ont présenté leurs derniers résultats de recherche concernant la consommation de benzodiazépines en France. Ces résultats sont préoccupants dans la mesure où ils montrent la fréquence importante de l’usage chronique de ce type de traitement, notamment chez les personnes de plus de 50 ans.
Les benzodiazépines, les substances anxiolytiques les plus utilisées au monde
Les benzodiazépines appartiennent au groupe des psycholeptiques ou sédatifs psychiques (qui diminuent l’activité cérébrale). Elles constituent les médicaments les plus utilisés au monde en raison de leur efficacité symptomatique rapide et de leur faible toxicité. Les benzodiazépines sont absorbées rapidement dans le tube digestif et métabolisées principalement au niveau hépatique.
Les benzodiazépines ont 5 propriétés :
- myorelaxantes (décontraction des muscles) ;
- anticonvulsivantes (antiépileptiques) ;
- action sédative à forte dose (soulagement de la douleur) ;
- anxiolytique (soulagement de l’angoisse) ;
- amnésiante (de façon transitoire) .
Les benzodiazépines les plus utilisées sont l’alprazolam (anxiolytique), suivi du zolpidem (hypnotique c’est-à-dire qui fait dormir) et du bromazépam (anxiolytique).
Consommation de Benzodiazépines en France
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Une étude sur 9000 participants de la cohorte Constances
D’après l’ANSM, près de 13,4% de la population française consomme au moins une fois des benzodiazépines au cours de l’année 2015. L’usage à long terme de benzodiazépines présente des risques de dépendance et des nombreux effets indésirables. Les scientifiques se sont focalisés sur les informations concernant les traitements délivrés en pharmacie aux 9000 participants de la cohorte Constances. D’après l’étude, l’usage chronique de benzodiazépines est élevé pour 2,8% des hommes et 3,8% des femmes en France. Chez les personnes âgées de plus de 50 ans, cet usage au long cours est bien plus fréquent, il s’élève à 9,3% des hommes et 12,2% des femmes.
« L’usage chronique de benzodiazépines est donc particulièrement fréquent dans la population générale française et les sujets les plus vulnérables à leurs effets indésirables sont paradoxalement les plus concernés. », souligne l’Inserm.
À savoir ! La cohorte Constances est un projet qui réunit 200 000 volontaires vivant en France pour suivre leur état de santé sur une longue période, grâce à des bilans médicaux pratiqués tous les 5 ans et un questionnaire tous les ans.
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Une consommation de benzodiazépines proportionnelle à l’intensité du stress au travail ?
Dans une autre étude sur cette cause, les chercheurs se sont focalisés sur le lien consommation chronique de benzodiazépines et stress au travail. Pour cela, les auteurs ont fait l’étude sur plus de 30 000 volontaires faisant partie de la cohorte Constances entre 2012 et 2014, et n’ayant pas d’antécédent récent d’usage chronique de benzodiazépines. Les chercheurs ont calculé le risque d’apparition d’usage chronique au cours d’un suivi de deux ans. Ils ont pu constater que le stress au travail était associé à un risque accru d’usage chronique de benzodiazépines. De plus, il s’avère qu’il existe une relation de proportionnalité entre l’intensité du stress au travail et le risque de consommation chronique de benzodiazépine. En effet, le risque est multiplié par 2 chez les personnes les plus stressées.
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Alexana A., Journaliste Scientifique